Nouvelle-Calédonie : le coup d’envoi des négociations sur le troisième référendum d’indépendance

Quand :
26/05/2021 – 02/06/2021 Jour entier
2021-05-26T00:00:00+02:00
2021-06-03T00:00:00+02:00
Où :
Hôtel de Matignon
57 Rue de Varenne
75007 Paris
France

Le Premier ministre, Jean Castex, reçoit aujourd’hui à 17 heures à Matignon dix responsables politiques de Nouvelle-Calédonie pour une semaine de réflexion (jusqu’au 3 juin) sur l’avenir de l’archipel. La rencontre doit se faire dans le format du “groupe Leprédour“, du nom de l’îlot sur lequel le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, qui pilote ce dossier ultra-sensible, avait déjà rassemblé les responsables politiques calédoniens en octobre 2020.

Ce groupe est composé de cinq dirigeants indépendantistes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) et cinq dirigeants loyalistes. Pour les premiers, Roch Wamytan, président UC du Congrès ; Jacques Lalié, président UC de l’assemblée de la province des Iles Loyauté ; Daniel Goa, président de l’UC. Et pour les seconds : Thierry Santa, ex-président du gouvernement (L’Avenir en confiance, AEC) ; Sonia Backès, présidente AEC de la province Sud ; Pierre Frogier, sénateur LR ; et les députés Calédonie ensemble (centre-droit), Philippe Gomès et Philippe Dunoyer.

Le compte à rebours est lancé

Passé en 1998, l’accord de Nouméa prévoit un troisième référendum sur l’indépendance de l’archipel en cas d’échec des deux premiers. Ce dernier doit avoir lieu entre la fin de l’année et l’automne 2022. Le “non“ l’a jusqu’ici emporté, avec 56,67% des voix en novembre 2018 et 53,26% en octobre 2020.

Le gouvernement propose de le tenir soit avant la présidentielle, fin 2021, soit à la date limite, à l’automne 2022. Les loyalistes préfèrent tenir le scrutin le plus tôt possible, au contraire des indépendantistes qui préfèrent attendre. La décision devra être prise d’ici fin juin.

Un enjeu de taille pour la France

Si les deux premiers référendums se sont soldés par la victoire des opposants à l’indépendance, rien ne dit encore que le troisième donnera le même résultat. L’enjeu est de taille pour la France, car au-delà de la beauté du territoire, la Nouvelle-Calédonie est une collectivité économiquement et géographiquement essentielle à la France. Les îles calédoniennes assurent à la France une présence dans le Pacifique Sud et sont l’un des principaux producteurs de nickel au monde. Or, la gestion de ces mines par les indépendantistes a été plutôt très mauvaise ces dernières années. Aux yeux de beaucoup, il n’est donc pas souhaitable que l’archipel vole de ses propres ailes tout de suite.

La peur d’un résultat encore plus serré au troisième référendum, ravivant les tensions, est dans tous les esprits. Quelle serait la prochaine étape, à moins d’une large victoire d’un des camps, alors que ce scrutin est censé être le dernier ? Le député loyaliste Philippe Gomès propose unréférendum de rassemblement sur un projet“, pour offrir un autre choix que la question binaire de l’indépendance. Mais les accords de Nouméa prévoient que la même question soit posée aux trois référendums.

Et “l’après“ ?

Rien n’est vraiment prévu pour “l’après”. Or, comme le relève Le Figaro ce matin, “aucun gouvernement n’a eu à planifier la séparation d’un de ses territoires depuis l’indépendance du Vanuatu en 1980“.

Le Monde et Le Figaro se sont procuré le document du gouvernement qui doit servir de “base à la discussion“, selon le ministère des Outre-Mer, et que les délégations ont déjà en leur possession. Il prévoit les conséquences du “oui“ et du “non“ au référendum. Les questions y sont nombreuses, surtout sur les conséquences d’une éventuelle indépendance. Parmi les sujets qui feront l’objet d’une attention particulière : la citoyenneté, la monnaie (aujourd’hui le Franc pacifique), les transferts financiers de l’Etat (1,5 milliard d’euros par an) qui constituent actuellement la moitié des recettes du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, l’avenir de la filière du nickel, et les questions régaliennes.

Dans l’hypothèse où les Calédoniens rejetteraient à nouveau l’indépendance, il faudra malgré tout réfléchir au statut futur de l’archipel, l’accord de Nouméa arrivant à son terme. La tâche sera rendue plus ardue par le fait que :

  • la Nouvelle-Calédonie n’a actuellement pas de président du gouvernement. Depuis les élections du mois de février, le gouvernement est composé de cinq loyalistes et six indépendantistes. Aucun accord n’a été trouvé pour la désignation du président et du vice-président ;
  •  Le groupe Leprédour rassemble neuf hommes et une femme aux rôles éminents en politique calédonienne. Mais deux d’entre eux n’ont pas fait le déplacement à Paris. Ce sont les membres de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI), l’une des deux composantes du FLNKS, avec l’Union calédonienne (UC).
Posted in .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *