Sommet international sur le financement des économies africaines

Au lendemain de la conférence internationale de soutien au Soudan, se tient ce mardi 18 mai à Paris, un sommet sur la relance de l’économie en Afrique, très ralentie par la pandémie de Covid-19. Ce sommet en format hybride (à la fois en présentiel et en visio-conférence) accueillera une trentaine de chefs d’Etat et de Gouvernement et dirigeants d’organisations internationales, ainsi que plusieurs hauts responsables européens indique la présidence française dans un communiqué.

Ce Sommet qui sera précédé lundi par un dîner de travail au palais de l’Elysée, se déclinera en une Séance plénière, suivie de deux sessions sur “le financement et le traitement de la dette“ et “le secteur privé africain“. Au terme des travaux de cette rencontre, Emmanuel Macron donnera une conférence de presse conjointe avec Felix Tshisekedi Tshilombo, Président de la République démocratique du Congo et président en exercice de l’Union africaine.

Ce sommet sur le financement des économies africaines fait suite à la diffusion d’une tribune de 18 dirigeants africains et européens, publiée le 15 avril 2020, en faveur d’une mobilisation de la communauté internationale pour affronter les conséquences de la crise sanitaire et économique causée en Afrique par la pandémie, rappelle-t-on de même source. L’idée a germé à l’automne, quand le Fonds monétaire international a prévenu que l’Afrique pourrait se heurter à un déficit de financement de quelque 290 milliards de dollars d’ici 2023.

Sur le plan économique, le continent africain subit de plein fouet le ralentissement commercial et financier mondial. D’autant plus qu’à la différence de l’Europe ou des Etats-Unis, l’Afrique n’a pas bénéficié  de plans de relance chiffrés à plusieurs centaines voire milliers de milliards de dollars de la part de banques centrales.

L’économie du continent devrait cependant rebondir cette année (+3,4%) après avoir connu sa première récession l’an dernier depuis près de 50 ans. Un moratoire sur la dette publique, sous la houlette du Club de Paris, a également permis de donner un peu d’air avec la suspension de paiement de 5,7 milliards de dollars d’intérêt. Et le G20 a réussi à convaincre la Chine, devenue de loi le plus important créancier du continent à participer au négociations sur la dette.

Les cinq zones de l’Afrique représentées

les cinq zones de l’Afrique seront représentées ce mardi en présentiel par leurs chefs d’Etat : le nord avec la Tunisie et l’Egypte, l’ouest avec le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Ghana, le Mali, le Nigeria, la Mauritanie et le Sénégal, l’est avec le Soudan et l’Ethiopie, l’Afrique centrale avec la République démocratique du Congo et le Rwanda, et l’Afrique australe avec l’Angola et le Mozambique. La Chine, pourtant premier créancier bilatéral de l’Afrique selon le Trésor Public, ne sera présente que par visioconférence, sans Xi Jinping.

Un New Deal de l’Afrique

“Nous sommes collectivement en train d’abandonner l’Afrique à des solutions qui datent des années 60“ a estimé Emmanuel Macron, fin avril, appelant à un “New Deal du financement de l’Afrique“ .  Et de mettre en garde sur le coût de l’inaction : terrorisme, immigration, pauvreté. Les demandes des dirigeants africains sont connues : moratoire sur la dette le temps de sortir de la pandémie, sanctuarisation de l’aide au développement et attribution de nouveaux DTS (droits de tirage spéciaux) par le FMI. Sur ce dernier point, le principe d’une émission de 650 milliards de dollars de DTS, dont 34 milliards alloués à l’Afrique, semble acquis.

Mais les conditions de l’aide posées par les institutions multilatérales (FMI, Banque Mondiale) continuent de susciter des controverses, notamment sur les contreparties budgétaires ou fiscales.Et la présidence française reconnaît que les montants de DTS ne sont sans doute pas suffisants. Des réflexions sur leur utilisation en faveur des pays les plus pauvres, mais aussi de vente de stocks d’or par le FMI pour financer des prêts à taux zéro, sont engagées. D’autres pistes sont sur la table, comme des allégements de dettes, en réussissant créanciers privés et publics.

L’investissement privé

L’investissement privé peut être une partie de la réponse. Face à l’afflux de liquidités dans le monde, l’Afrique a des “actifs longs à proposer, comme les infrastructures ou les centrales électriques“, avance, dans un entretien à l’AFP, Serge Ekué, le président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). “Le développement moderne passe par là, par un dialogue exigeant avec les investisseurs privé“, ajoute t-il.

Le principal obstacle, selon lui, est en effet de trouver des financements longs alors que les maturités proposées ne dépassent que rarement les 7 ans. Et la prime de risque est particulièrement élevée. Pourtant, le continent africain de manque pas d’atouts : des richesses naturelles, d’immenses terres arables, une forte démographique et une population jeune, une urbanisation accélérée et des taux de croissance de 5 % à 7 % ces dernières années. Mais l’instabilité politique, la corruption et le désintérêt croissant des puissances occidentales sur la question africaine font fuir les capitaux.

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