1 Place de la Porte de Versailles
75015 Paris
France
Pour la troisième fois depuis le début de son quinquennat, et la quatrième année consécutive, Emmanuel Macron se rendra au salon international de l’agriculture (SIA), dont c’est la 57ème édition sur le thème « L’Agriculture vous tend les bras ! » Selon l’Élysée, qui a confirmé sa venue, le président y est attendu le samedi 22 février prochain, jour de l’ouverture de cette traditionnelle grand-messe. « Je ne sais ni à quelle heure il arrivera, ni à quelle heure il repartira. Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous avons bloqué la journée entière », plaisante l’un de ses conseillers. Le président de la république avait établi il y a un an un record en déambulant 14 heures et 40 minutes dans les allées du Parc des Expositions.
Bien que le salon s’ouvre cette année en dehors de toute crise majeure pour les filières françaises, les points de friction ne manquent pas. Le salon qui débute ce samedi devrait mettre en évidence les grandes lignes de fractures qui traversent le monde agricole français.
? INFO – #Paris : A peine arrivé au 57e Salon de l'agriculture Emmanuel #Macron a été interpellé par des représentants de la #FNSEA syndicat agricole majoritaire et des Jeunes Agriculteurs. Ils lui ont dit attendre "des messages forts". (?@FNSEA) #SIA2020 #SIAPRO2020 pic.twitter.com/pzpOhDJ9Vt
— FranceNews24 (@FranceNews24) February 22, 2020
La Pac Agricole Commune
Depuis Bruxelles où se négociait le budget de l’Union européenne pour la période 2021-2027, Emmanuel Macron est monté au front jeudi à Bruxelles sur la Politique agricole commune (PAC), affirmant sa détermination à « se battre » pour la défendre face aux attaques de certains pays au sommet extraordinaire sur le budget européen. Le président de la République est toutefois revenu sans accord sur le maintien de l’enveloppe de la Politique agricole commune (PAC) dont il a fait sa priorité, mais sur lequel les 27 pays de l’union n’ont pas pu s’entendre.
"Durant ces 2 j nous avons défendu ce que nous considérons comme des priorités : la politique agricole commune. Nous avons obtenu des 1ères améliorations pr nos paysans, et je m'en félicite, mais elles sont non conclusives compte tenu du fait que nous n'avons pas trouvé d'accord" pic.twitter.com/2iEm8eywBd
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) February 21, 2020
Les zones de non traitement en question
Emmanuel Macron et son ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, devraient être interpellés sur la mise en place, au 1er janvier, des zones de non-traitement aux pesticides (ZNT) qui imposent de ne pas traiter les cultures avec des pesticides à moins de 3,5 ou 10 mètres (selon les cultures) des zones habitées. Voire parfois 20 mètres pour les produits les plus dangereux. Une mesure qui qui provoque un véritable tollé au sein du monde agricole. Les agriculteurs mettent tous leurs espoirs dans la possibilité de négocier des dérogations, via l’adoption de chartes d’engagement départementales entre agriculteurs et riverains sous l’égide des préfets. Fraîchement élu, le nouveau président des chambres d’agriculture, Sébastien Windsor, a appelé de ses vœux la mise en place d’un moratoire d’application, « pour avoir une vision plus claire avec les organismes de recherche Anses et Inra, de tous les moyens modernes existants pour limiter les risques d’exposition » et pour pouvoir continuer le débat avec les collectivités.
Les accord de libre échange toujours très contestés
Depuis l’été, les syndicats agricoles majoritaires sont vent debout contre les différents accords de libre échange, entre l’Union Européenne et le Canada (CETA) ou avec les pays du Mercosur (Uruguay, Argentine, Paraguay et Brésil). Même si ce dernier a été suspendu par l’exécutif, les agriculteurs brandissent le risque que ces traités font peser sur la compétitivité de leurs exploitations. Le président se rendra aussi à la rencontre des viticulteurs, touchés par des sanctions douanières punitives américaines et qui réclament un fonds de compensation de 300 millions d’euros pour couvrir le manque à gagner sur leurs exportations aux États-Unis, leur premier client.
La loi egalim sur la brèche
La loi Egalim ou loi Alimentation était censée protéger les revenus des agriculteurs qui vendaient à perte, en visant une meilleure répartition de la valeur entre les maillons de la chaîne alimentaire, des producteurs aux distributeurs en passant par les transformateurs de l’industrie agroalimentaire. Après un an d’application, le bilan reste très mitigé, de nombreuses filières estiment que le compte n’y est pas et font état de négociations toujours aussi compliquées avec la grande distribution.
#SIA2020 Avant le Salon de l’Agriculture, Macron met la pression sur la grande distribution. « La grande difficulté que nous rencontrons, ce sont ceux qui essayent de contourner la loi avec leurs centrales d'achats en Belgique ou ailleurs » > https://t.co/gtw98wEpgJ pic.twitter.com/IDH3cKDdV2
— Le Parisien (@le_Parisien) February 21, 2020
Les retraites au centre de la table
La question des retraites des agriculteurs sera à n’en pas douter au coeur des débats de ce 57ème salon de l’Agriculture. « Les agriculteurs sont parmi les premiers bénéficiaires de la réforme, et ils l’ont bien compris », veut-on croire à l’Élysée. Pour autant, fatigué d’être présenté comme le grand gagnant de la réforme, le monde agricole entend obtenir davantage. Encouragés par les concessions faites par l’exécutif à d’autres professions, les agriculteurs demandent l’extension de la mesure aux producteurs déjà partis à la retraite. Un sujet sur lequel leurs revendications n’ont pas abouti lors de la discussion en commission spéciale du projet de loi.