Emmanuel Macron a présenté ce mardi une série d’initiatives en faveur des quartiers prioritaires. Non pas un énième « plan banlieues », mais une nouvelle méthode pour combler les inégalités dans les banlieues. Le chef de l’État a demandé aux entreprises de « prendre leur part » dans la lutte contre le chômage qui sévit dans ces quartiers. Ce qu’il faut retenir de ses annonces.
Exit donc l’idée d’un nouveau « plan banlieues ». Devant quelques 600 personnes, habitants et acteurs des banlieues réunis à l’Elysée, Emmanuel Macron a appelé à « changer de méthode » pour sortir de l’« assignation à résidence » les habitants des quartiers défavorisés. « Je ne vais pas annoncer un plan ville, un plan banlieues« , a déclaré en préambule le chef de l’Etat. Cette méthode de plans dédiés est « aussi âgée que moi », a-t-il précisé. Elle « a apporté des choses » mais « on est au bout » de ce que cela a pu produire, et « aujourd’hui poursuivre dans cette logique est poursuivre la politique spécialisée » et « je n’y crois pas », a-t-il martelé. Très attendues, les annonces du chef de l’état ne reprennent que partiellement les mesures du plan de Borloo, remis fin avril au Premier ministre.
Je ne vais pas vous annoncer un plan ville ou un plan banlieue, cette stratégie est aussi âgée que moi.
Le premier plan de la sorte a été présenté par Raymond Barre. Cela a apporté des choses, mais on est au bout de ce que cela a pu produire avec cette méthode. #LaFranceUneChance pic.twitter.com/hGLLTZ9uL9— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 22, 2018
Les principales annonces
Des « testing » généralisés dans les grandes entreprises
La mobilisation générale pour les banlieues passe aussi par les grands groupes. Emmanuel Macron a demandé aux 120 plus grandes entreprises françaises de « prendre leur part » dans la lutte contre le chômage qui sévit dans les quartiers et annoncé qu’elles seraient toutes soumises à des tests anti-discrimination dans les trois ans.« Vous allez m’aider et montrer à tous les esprits chagrin que quand on aide les entrepreneurs à réussir, ça peut être efficace et juste », a-t-il lancé à l’adresse des entreprises du SBF120, qui composent l’indice boursier regroupant les 120 principales valeurs françaises, indiquant par ailleurs qu’il les réunirait « en juillet ».
#LaFranceUneChance : "Faire République". Pour lutter contre les discriminations à l'embauche, #Macron propose de "généraliser le testing" d'entreprises. Le chef de l'Etat annonce que les 120 plus grandes entreprises françaises seront ainsi testées "à l'aveugle". pic.twitter.com/H0SMzqA8tW
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) May 22, 2018
La mise en place de 30.000 stages de troisième
C’est peut-être l’une des annonces les plus concrètes parmi les annonces présidentielles. Pour faciliter l’accès des jeunes au monde de l’entreprise, Emmanuel Macron a annoncé que 15.000 stages de 3e allaient être proposés par les entreprises et 15.000 autres par l’État. « Il faut que tous les jeunes puissent trouver un stage« , a déclaré le président en présentant ses mesures pour les banlieues, en annonçant qu’une « bourse des stages » serait mise en place d’ici septembre.
#LaFranceUneChance : Etat et entreprises vont proposer 30 000 offres de stage pour les élèves de 3e des quartiers en difficulté. pic.twitter.com/5CdJMYDL7m
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) May 22, 2018
Un plan de lutte contre le trafic de drogue
Rappelant les évènements sanglants qui se sont déroulés ce lundi dans une cité sensible de Marseille, le chef de l’Etat a annoncé un plan de lutte contre le trafic de drogue « d’ici juillet ». Dénonçant un « embrasement des trafics », il s’est prononcé pour « un plan de mobilisation générale » contre ces « trafics internationaux » qui « conduisent aux pires des crimes », réaffirmant au passage son opposition à la légalisation du cannabis.
Afin de lutter à la racine contre les problèmes qui enkystent nos quartiers, un plan de mobilisation de lutte contre les trafics de drogues et de stupéfiants sera élaboré pour le mois de juillet. @EmmanuelMacron #lafranceunechance pic.twitter.com/zD7kJThCL6
— Stella DUPONT (@stelladupont) May 22, 2018
La création d’une agence nationale de cohésion des territoires
Le président a également évoqué la création d’une « Agence nationale de cohésions des territoires« , assurant vouloir conserver l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine. Emmanuel Macron s’est également dit favorable à la création en juillet d’une « instance de recours pour les habitants comme les élus » et à un « débat d’évaluation sur l’équité territoriale au Parlement ». « Il y a des territoires en grande difficulté, et ils peuvent être très urbains, très ruraux, les raisons sont profondément différentes et (…) il faut une politique de droit réel, d’effectivité des droits dans ces endroits de la République », a jugé le chef de l’Etat. La création d’une « instance de recours » sur l’équité territoriale a aussi été abordée . Le plan Borloo préconisait la création d’une nouvelle juridiction administrative dans cet esprit, la « Cour d’équité territoriale ».
D’ici le mois de juillet une vaste opération « Cœur de quartiers » sera enfin lancée dans certaines zones. Elle doit permettre d’avancer sur d’importants chantiers de rénovation urbaine. L’objectif serait de faire sortir, en six mois, différentes cibles de leur situation dégradée. « Le temps, c’est aussi de l’argent » a souligné Emmanuel Macron. « On va bousculer les habitudes prises dont nous avons été parfois complices« , a t-il ajouté.
On va lancer une initiative en juillet : cœur de quartier.
Le temps, c'est de l'argent ! D’où l'objectif de bousculer les habitudes prises, et vite. #LaFranceUneChance pic.twitter.com/mHPc7cR9e7— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 22, 2018
Une meilleure concertation entre maires et préfets sur les personnes fichées
Emmanuel Macron a souhaité aussi développer les échanges entre les préfets et les maires sur la présence dans leurs communes des personnes fichées pour radicalisation islamiste, recensées dans le fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). »Cela vaut pour tous les territoires et ce n’est pas réservé aux quartiers, même si c’est un problème spécifique dans les quartiers les plus difficiles, a-t-il déclaré.
#LaFranceUneChance #Macron souhaite que les préfets "échangent" avec les maires sur la présence dans leurs communes des personnes fichées pour radicalisation islamiste, identifiées comme les plus à risque, recensées dans le fichier FSPRT. pic.twitter.com/vM9O1qoTuc
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) May 22, 2018
Emmanuel Macron a enfin donné rendez-vous tous les deux mois aux acteurs de la politique de la ville pour faire le bilan des actions menées. » Tous les deux mois nous feront un point d’étape des avancées concrètes, y compris ce qui ne marche pas », a indiqué le président.
Les réactions des politiques
Jean-Louis Borloo s’est dit très satisfait des annonces d’Emmanuel Macron pour les banlieues, estimant que « tous les sujets du rapport ont été cochés« . »Les 19 points du rapport y sont tous. J’ai retrouvé la cour d’équité territoriale, la fondation, le campus numérique, la cité éducative, la mobilisation de tout le monde. Je n’en vois pas un qui manque » a-t-il dit. »Après c’est un art de l’exécution« , a conclu l’ex ministre. Marine Le Pen de son côté a dénoncé sur Twitter un « argument racial digne des ‘Indigènes de la République‘ ». « C’est la consécration du communautarisme au sommet de l’État« , a-t-elle déploré.
Je trouve extrêmement choquant que #Macron évoque un argument racial digne des "Indigènes de la République", en délégitimant toute solution pour les banlieues qui émanerait de "mâles blancs". C’est la consécration du communautarisme au sommet de l’Etat. #LaFranceUneChance MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) May 22, 2018
Prompte à s’élever contre chacune des politiques gouvernementales, l’opposition n’a en revanche pas attendu longtemps avant de « battre en brèche » les annonces du chef de l’état. Le président du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, a ainsi qualifié les annonces d’Emmanuel Macron sur les banlieues, de « politique spectacle » . C’est de la « politique spectacle clic clac Kodak « « parler pour ne rien faire » a insisté M. Wauquiez. Les réactions sont tout aussi critiques à gauche. Pour l’ancien ministre de Hollande, Stéphane Le Foll, « On assiste à la liquidation en direct du plan Borloo ».
La France Insoumise est plus sévère encore. « Borloo a proposé un plan pour les banlieues mais Macron a décidé de laisser les banlieues en plan« , a tweeté le député Alexis Corbière. Pour son collègue Eric Coquerel, le président a « enterré le rapport Borloo » de manière « humiliante pour celles et ceux qui ont travaillé dessus« , ne conservant qu’une « série de mesures sans financement, ni investissement, ni nouveauté« .
#Borloo a proposé un plan pour les banlieues mais #Macron a décidé de laisser les banlieues en plan. L'opération de com' du jour n'y changera rien. #LaFranceUneChance
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) May 22, 2018
La France, une chance pour chacun.
LIVE | Loin des idées reçues sur les banlieues et des annonces sans effets, on change de méthode. #LaFranceUneChance
Publiée par Emmanuel Macron sur mardi 22 mai 2018