Brexit : face à un Macron plus conciliant, Johnson clame : « Je veux un accord ! »

A près de deux mois de l’échéance fixée pour la sortie de son pays de l’Union européenne (UE), le premier ministre britannique a été reçu ce jeudi à l’Elysée par Emmanuel Macron. Bien qu’inflexible sur une possible renégociation de l’accord de sortie, le président français a estimé qu’une solution pourrait être trouvée “d’ici 30 jours” sur la question de la frontière irlandaise. « Je pense que nous pouvons avoir un accord et un bon accord » a fait savoir de son côté le premier ministre britannique, tout en rappelant que son pays quittera l’UE le 31 octobre, quelle que soit la situation, avec ou sans accord.

A deux jours du Sommet du G7 de Biarritz, Emmanuel Macron et Boris Johnson ont donné une brève conférence de presse, ce jeudi 22 août, avant un déjeuner de travail organisé à l’Élysée. Les deux hommes se rencontraient pour la première fois depuis que l’ancien maire de Londres a été nommé Premier ministre. Au menu de leur discussion, la question épineuse du Brexit.

Macron inflexible sur la renégociation de l’accord de sortie

A la différence de la chancelière allemande qui lors de leur rencontre, a fait mercredi un geste en direction de Boris Johnson, Emmanuel Macron est resté ce jeudi « droit dans ses bottes ». Pas question de renégocier l’accord de sortie négocié par Theresa May. Partisan de la ligne dure en Europe sur le Brexit, le président français n’a pas varié de sa position ferme sur le sujet.  Une possibilité à laquelle il s’est montré fermement opposé mercredi 21 août devant la presse présidentielle : « Il y a une option proposée par les Britanniques et que nous ne saurions accepter, qui est de renégocier l’accord de séparation (…) Cette renégociation dans les termes proposés par les Britanniques n’est pas une option qui existe« , a-t-il affirmé. « On m’a toujours dépeint comme le plus dur de la bande. Mais un choix a été fait, ça ne sert à rien d’essayer de ne pas appliquer ce choix« , a-t-il ironisé lors de la  conférence de presse commune avec Boris Johnson, ce jeudi.

Une position inflexible, quitte à risquer un « no deal ». «  Nous nous préparons activement à tous les scénarios, notamment à une sortie sans accord, même si ce n’est pas ce que nous voulons, a t-il souligné. « Ma position a toujours été de respecter le choix souverain des citoyens britanniques. C’est à eux seuls de choisir leur destin. Mais l’avenir du Royaume-Uni ne peut se trouver qu’en Europe. Et je dis avec confiance, que l’avenir nous le confirmera, au-delà des vicissitudes. »

« Je veux un accord » martèle Johnson

« Bien sur, je veux arriver à un accord, et je pense que nous y arriverons. » « Faisons ce que nous avons à faire pour mettre en place le Brexit. Trouvons une solution pragmatique », a affirmé de son côté le Premier ministre britannique sur le perron de l’Elysée. Tout en rappelant à Emmanuel Macron : « Il est très important de suivre les consignes données par les électeurs : nous devons quitter l’Union européenne le 31 octobre, de la manière la plus harmonieuse possible, avec ou sans accord ».

L’épineuse question du « backstop » irlandais

Le principal point de conflit entre les deux hommes concerne le « backstop » négocié entre Londres et Bruxelles, mais refusé par le Parlement britannique. Emmanuel Macron a balayé ce jeudi l’éventualité d’une renégociation de ce filet de sécurité garanti par l’accord négocié par Theresa May : « Les éléments clés de cet accord sont des garanties indispensables« , a t-il affirmé.

Il s’est toutefois dit confiant, « comme la chancelière Merkel », sur le fait qu’une solution pourrait être trouvée « d’ici 30 jours » sur la question de la frontière irlandaise, afin d’aboutir à une sortie ordonnée du Royaume-uni de l’UE. « L’intelligence collective, notre volonté de construire, doit nous permettre de trouver quelque chose d’intelligent dans les 30 jours, s’il y a une bonne volonté de part et d’autre, et c’est ce que je veux croire », a déclaré M. Macron appelant le négociateur en chef de l’Union Européenne, Michel Barnier, et son équipe, à se mobiliser.

Boris Johnson a quant à lui clairement fait savoir par courrier en début de semaine qu’il s’opposait à ce dispositif qui aurait pour conséquence de maintenir l’ensemble du Royaume-Uni dans l’Union douanière avec les pays de l’Union Européenne jusqu’à ce que les deux partenaires trouvent une solution pour définir leur relation post-Brexit. Un mécanisme qui pour le chef du gouvernement britannique, porte atteinte à la « souveraineté de l’Etat britannique » et l’empêcherait de mener une politique commerciale indépendante des règles de l’UE. Ce jeudi, M. Johnson a assuré qu’il y avait des « solutions techniques aisément disponibles » pour résoudre le problème de la frontière entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande une fois le Royaume-Uni sorti de l’UE, ajoutant que son pays ne veut « à aucun prix établir des contrôles à la frontière.« 

La livre bondit

Un début d’ouverture qui semble t-il a convaincu les investisseurs. Peu avant 16 heures, la livre sterling bondissait face à l’euro et au dollar, gagnant même temporairement plus de 1% face aux deux devises, signe d’un regain d’optimisme du marché quant à la possibilité d’un accord sur le Brexit.

 

 

 

 

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