Ce qu’il faut retenir du discours fleuve de Macron à Versailles

Pour la deuxième fois depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron s’est exprimé ce lundi après-midi devant les députés et sénateurs réunis en congrès. Sous les « ors de Versailles », le président de la République a prononcé un long discours au cours duquel il a dressé le bilan de sa première année de mandat et « dessiné le cap » de sa politique pour les douze prochains mois. Les principales déclarations du chef de l’état.

Alors qu’il traverse une passe difficile dans l’opinion, le chef de l’état a fait face ce lundi dans le grand hémicycle de l’aile du Midi du Château de Versailles, aux 925 parlementaires français, convoqués à assister à son deuxième discours du Congrès. Pendant un peu plus d’une heure trente, il  s’est employé à un exercice de pédagogie, tentant de désamorcer les critiques et répondant point par point aux attaques. « Je n’ai rien oublié, et vous non plus, du choix de la France, il y a une année », a annonce en préambule le président de la République.

Sur son bilan

Evoquant les « peurs » et la « colère » de certains. Emmanuel Macron dit se présenter de façon « humble et résolu ». Il y a une chose que chaque président sait, c’est qu’il ne sait pas tout et qu’il ne pourra pas tout » avoue t-il. « Mais pour la France, le président à la mission de viser haut et je n’ai pas l’intention de manquer à ce devoir.« 

Sur la Constitution

Après avoir admis le retard pris sur la réforme constitutionnelle, Emmanuel Macron chaudement applaudi par une partie des élus, a annoncé le dépôt d’un amendement permettant aux parlementaires de poser des questions et de recevoir une réponse du Président lors des prochains Congrès. « J’ai demandé de déposer un amendement pour vous écouter mais pour pouvoir vous répondre« , a t-il déclaré estimant qu’il avait entendu les critiques sur son choix de se présenter chaque année devant la représentation nationale. « C’est la Constitution qui le permet depuis 2008, c’est mon engagement de campagne« , a t-il ajouté en rappelant la réforme constitutionnelle de 2008, de Nicolas Sarkozy.

Sur les riches

« Une politique pour les entreprises, ce n’est pas une politique pour les riches« . C’est une politique pour toute la nation, une politique pour l’emploi, une politique pour les services publics  et « pour ceux qui restent en marge », a insisté le chef de l’Etat. « Je n’aime ni les castes, ni les rentes, ni les privilèges. ». Le président a ensuite défendu une « politique de l’émancipation, qui libère du déterminisme social, qui s’affranchit des statuts. « C’est pourquoi depuis un an nous avons tant fait pour l’éducation« , a t-il déclaré, annonçant que l’obligation de scolarisation des enfants de 3 ans entrera en vigueur en septembre.

Sur un projet français pour le XXIe siècle«

« Je suis conscient du décalage entre l’ampleur des réformes engagées et le ressenti. Il faut du temps pour que les réformes portent leurs fruits. C’est un effort jamais achevé, pour un président de la République, que de reformuler sans cesse« , a indiqué Emmanuel Macron. Le président a ensuite décrit ce qu’il appelle le « projet français pour le XXIe siècle ». « Le projet de la France, ce projet, nous impose d’être fort. Il nous faut redresser notre économie, la meilleure école, la meilleure recherche, la meilleure armée. Ce projet nous impose d’être solidaire (…). « Nous devons répondre par un projet fort, économique, social, national et européen. Ce projet ne peut être porté que si nous avons une économie solide. »

Sur les dépenses publiques

Le Premier ministre Edouard Philippe « présentera dans les prochaines semaines les nouvelles décisions permettant de tenir les engagements de baisse de nos dépenses publiques« , a déclaré Emmanuel Macron, promettant « des choix forts et courageux« . « Il ne saurait y avoir de baisse de la fiscalité ou de développement de l’investissement sans un ralentissement de la hausse continue de nos dépenses », a t-il affirmé.

Sur l’emploi

Le président a annoncé qu’il recevrait courant juillet les 100 premières entreprises françaises « pour solliciter leur engagement » en matière d’apprentissage et d’embauches, notamment dans les quartiers en difficulté. « J’attends d’elles qu’elles s’engagent en termes d’apprentissage, d’emplois dans les quartiers difficiles. Je ne leur demanderai pas de s’engager par la loi mais par des engagements actifs, immédiats, visibles, de créations d’emplois, d’embauche d’apprentis » avec « une mobilisation pour nos territoires des principales entreprises et des investisseurs ».

Sur un nouveau contrat social

Tout en défendant la politique qu’il mène depuis un an, le président a souhaité renouer  les fils du dialogue avec les partenaires sociaux. Il a dit vouloir « jeter les bases d’un nouveau contrat social, celui du siècle qui s’ouvre »« »C’est à son élaboration comme au détail de sa mise en oeuvre que je veux les inviter dès le 17 juillet prochain », a-t-il indiqué, précisant vouloir aborder  « la réforme de l’assurance-chômage ou la santé au travail  » dans « un esprit constructif « . Le Premier ministre prendra le relais de cette concertation à la rentrée.

Sur une économie forte

Le chef de l’Etat a évoqué l’importance de mettre en place une économie forte qui se fait selon lui par « l’investissement ». « Non pas pour favoriser les riches mais pour favoriser les entreprises« . »Une politique pour les entreprises, ce n’est pas une politique pour les riches, c’est une politique pour toute la nation, pour les services publics, pour les personnes en marge« , s’est-il justifié.

Sur les retraites

À quelques mois de la réforme des retraites, le président a fustigé la « rumeur malsaine » qui fait « croire que nous voudrions supprimer les pensions de réversion« . « Rien ne changera pour les retraités d’aujourd’hui« , a affirmé le président qui a dû faire face à une bronca de la part d’une partie de son auditoire. « Pour la première fois ce qui a été choisi n’a pas été de faire une économie sur les retraités d’aujourd’hui ou ceux qui s’apprêtent à partir à la retraite, mais de refonder un système de retraite juste, unique, transparent, qui viendra progressivement remplacer la quarantaine de systèmes existants« , a poursuivi Emmanuel Macron.

Sur les inégalités « de destin »

« Il y a une voie française vers l’inégalité. Elle progresse depuis plus de 30 ans. Ce qui s’est installé avant tout en France, ce sont les inégalités de destin ». (…) « Ces inégalités ont progressé dans notre pays, qu’on veuille le voir ou non, « a déclaré Emmanuel Macron qui propose de s’attaquer aux racines du mal, avant la naissance.

Sur l’égalité Femmes-Hommes
« La mobilisation en matière de droits et d’égalité salariale se poursuivra dans les mois et les années qui viennent. Nous avons précédé un mouvement mondial. La France était prête et confiante. »

Sur les aides sociales
« Nous devons aussi regarder nos échecs, nos insuffisances« , a reconnu le Président. »Nous devons construire l’Etat providence du XXIe siècle. » « Dès 2019 nous refonderons notre régime de retraites« , « pour mieux protéger ceux qui ont des carrières atypiques ».

Sur le plan pauvreté
Sans évoquer de mesures concrètes, Emmanuel Macron a fait part de sa philosophie quant au plan pauvreté. Cette stratégie « ne se contentera pas de proposer une politique de redistribution classique, mais une politique d’investissement et d’accompagnement social. Non pas de nouvelles aides, en solde de tout compte, mais un accompagnement réel vers l’activité« , a assuré le président. « La stratégie de lutte contre la pauvreté sera présentée en septembre, pour une mise en oeuvre en 2019« , a t-il précisé.

Sur l’Europe

Très applaudi, Emmanuel Macron, après avoir rappelé « les avancées réelles » portées par la France, a défendu  la protection des frontières, mais en réaffirmant son refus des nationalistes et des visions à court terme. « La frontière véritable qui traverse l’Europe est celle aujourd’hui qui sépare les progressistes des nationalistes (..) Ce sera difficile mais le combat est clairement posé » et sera « au cœur des enjeux de l’élection européenne de 2019« , a poursuivi le chef de l’état.

Sur la question migratoire

« Nous devons nous montrer fidèles à notre Constitution » a affirmé le président Macron, pour qui « l‘ordre républicain exige que chacun respecte les règles« , tout en ayant un devoir d’aide envers ceux qui ont le droit à l’asile. « Jamais la France n’acceptera les solutions de facilité que d’aucuns aujourd’hui proposent qui consisteraient à organiser des déportations, à travers l’Europe, pour aller mettre dans je ne sais quel camp, à ses frontières ou en son sein ou ailleurs, les étrangers » non admis en France, a souligné le chef de l’Etat.

Sur l’Islam

« La République n’a aucune raison d’être en difficulté avec l’islam. La laïcité commande qu’elle n’a pas à en connaître« , a expliqué en préambule Emmanuel Macron. « Je sais que l’immense majorité de nos concitoyens musulmans l’approuve. Dès l’automne, nous donnerons à l’islam un cadre conforme à l’esprit de la République. Nous le ferons avec les Français dont c’est la confession et avec leurs représentants », a annoncé le président de la république, vantant « un cadre renouvelé pour une concorde retrouvée« . « 

 

 

 

Le discours intégral du président de la république devant le Congrès

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