A un peu plus de deux semaines de la date de sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne (UE), Londres joue son va-tout. Le sort du Brexit va se jouer cette semaine, avec d’ultimes et laborieuses tractations entre le Royaume-Uni et l’UE pour tenter de parvenir à un accord de divorce. Discours de la reine, Elisabeth II, rencontre Macron-Merkel, sommet européen.. Ce qui va se jouer dans les prochains jours.
A 17 jours de la date officielle du divorce, fixée au 31 octobre, les discussions qui vont s’enchaîner toute la semaine pourraient déterminer si le départ des Britanniques se fera de manière ordonné. Ce week-end, les discussions se sont intensifiées entre Londres et Bruxelles à la suite d’une nouvelle proposition dévoilée jeudi par le Premier ministre britannique et son alter ego irlandais Leo Varadkar. » Il n’y a aucune garantie de succès et le temps est pratiquement écoulé, mais la moindre chance doit être utilisée« , a déclaré vendredi le président du conseil européen, Donald Tusk, avant de demander au négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, d’intensifier les discussions dans les prochains jours.
#Brexit Le Premier ministre britannique, #BorisJohnson et son homologue irlandais, @LeoVaradkar, entrevoient "un chemin vers un possible accord" sur la question de la frontière irlandaise, annoncent-ils dans une déclaration commune https://t.co/rriw0VZYQA pic.twitter.com/4YCfSsMRbc
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) October 10, 2019
Mais, hier encore, les services de Michel Barnier invitaient à la prudence, indiquant qu’il « restait encore beaucoup de travail à accomplir avant de parvenir à un accord ». Les négociations intensives durant le week-end n’ayant pas permis d’enregistrer de percée sur la question clé de la frontière irlandaise.
#Brexit Londres et l'UE se sont montrés prudents hier sur leurs chances d'éviter un #NoDeal douloureux pour l'économie. Les négociations intensives à Bruxelles durant le week-end n'ayant pas permis d'enregistrer de percée sur la question clé de la frontière irlandaise #AFP pic.twitter.com/4sAxuYVUe7
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) October 14, 2019
Le vent d’optimisme qui soufflait sur Bruxelles est soudainement retombé mardi 15 octobre, dans la matinée. Michel Barnier a en effet jugé les dernières propositions britannique, insuffisantes, pour parvenir à un accord sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le négociateur du Brexit pour l’UE a fixé à ce mardi soir la limite pour trouver un « accord sur un texte légal » qui puisse être recommandé lors du Conseil européen des 17 et 18 octobre.
??#Brexit Le vent d'optimisme qui soufflait vient de retomber sur #Bruxelles. @MichelBarnier, le négociateur pour l'UE juge ce matin insuffisantes les dernières propositions ??. Il fixe à ce soir la limite pour qu'1 accord sur un texte légal soit trouvé https://t.co/PA0sGBVdwY pic.twitter.com/BB5CVwLEA7
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) October 15, 2019
A défaut d’accord finalisé ce mardi soir, un sommet extraordinaire sera sans doute nécessaire après le Conseil européen, comme l’a reconnu le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, après la tenue la veille d’un Conseil Affaires étrangères de l’UE.
#Brexit "En l'absence d'accord ce soir 1 sommet extraordinaire sera sans doute nécessaire après le Conseil européen" a estimé le ministre des Affaires étrangères et européennes Jean Asselborn. Il y a un peu d'optimisme a t-il dit après la tenue hier du Conseil Affaires étrangères https://t.co/GWBvILTziw pic.twitter.com/IACKlTC1Xx
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) October 15, 2019
Un accord sur le Brexit serait imminent. Mercredi 16 octobre en soirée, les acteurs du dossier, dont Emmanuel Macron, peuvent espérer une finalisation sous quelques heures.0
#Brexit "Théoriquement, dans sept à huit heures, tout devrait être clair", a ajouté @eucopresident parlant de la date à laquelle pourrait avoir lieu le Brexit. https://t.co/G0E2o88299 pic.twitter.com/sJAWCIPdNr
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) October 16, 2019
Coup de théâtre de dernière minute, jeudi 17 octobre. Les dirigeants du Parti unioniste démocrate (DUP), modeste formation nord-irlandaise dont l’appui permet au gouvernement britannique de disposer d’une majorité à la Chambre des communes, déclarent ne pouvoir accepter les dernières propositions de Boris Johnson sur le Brexit.
#Brexit "Nous ne pouvons soutenir ce qui est proposé sur les questions des douanes et du consentement (de l'exécutif nord-irlandais au projet de Brexit)", écrit le DUP en référence à deux points jugés problématiques par l’UE. "Il y a aussi un problème sur la TVA" ajoute le parti https://t.co/hBJUsrJAIH pic.twitter.com/d7LDx1CfmJ
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) October 17, 2019
Le discours de la Reine, très attendu
Les paroles de la reine Elizabeth II, surtout sur le Brexit, sont très rares. Son devoir de neutralité l’empêchant de donner son avis comme un chef d’Etat plus traditionnel le ferait. Il ne fallait donc pas forcément s’attendre à un coup de théâtre lors de son traditionnel discours du 14 octobre, qui marque l’ouverture de la nouvelle session parlementaire. Force est de constater que ce fût le cas. « La priorité de mon gouvernement a toujours été d’assurer la sortie de l’Union européenne le 31 octobre », a indiqué la Reine, se faisant la voix de Boris Johnson. « Le gouvernement veut un nouveau partenariat avec l’Union européenne, basé sur le libre-échange et d’une coopération amicale », a t-elle poursuivi, s’exprimant pour le Premier ministre comme il est de tradition.
#Brexit "Le gouvernement veut un nouveau partenariat avec l'Union européenne, basé sur le libre-échange", poursuit la reine Elisabeth II lors de son discours. Quant à la libre circulation des personnes, elle annonce qu'une loi sur l'immigration sera discutée. pic.twitter.com/806gVhcMHN
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) October 14, 2019
Discours du Trône : toutes ces fois où l’on a cru qu‘Élisabeth II envoyait des messages politiques codés https://t.co/iJZeD2XToS
— Le Figaro Inter (@Figaro_Inter) October 14, 2019
Le couple franco-allemand en négociateurs
Après un dîner de travail ce dimanche à l’Elysée, le président français, Emmanuel Macron et la chancelière allemande, Angela Merkel se rencontrent mercredi 16 octobre, pour un conseil des ministres franco-allemand. Outre les relations franco-allemande, le Brexit sera au coeur des discussions des deux dirigeants. D’autant, qu’un entretien téléphonique avec Boris Johnson et Jean-Claude Juncker est prévu. L’objectif premier est de négocier avec le Premier ministre britannique britannique, pour obtenir un accord avant la fin de la semaine, ou du moins quelques promesses pour amortir les dégâts d’un « no-deal » . Confiants, Boris Johnson et Leo Varadkar ont assuré qu’un compromis était envisageable.
Here in Cheshire in the UK with PM @BorisJohnson to talk #Brexit. Looking forward to a detailed discussion to see if we can make any progress pic.twitter.com/zZeC4MQuZY
— Leo Varadkar (@LeoVaradkar) October 10, 2019
Un sommet européen de la dernière chance
Les dirigeants européens se réuniront jeudi et vendredi pour un sommet à Bruxelles, présenté comme celui de la dernière chance pour éviter une sortie des britanniques de l’UE sans accord. Si pour la première fois depuis de nombreuses semaines de blocage, un accord semble de nouveau envisageable, il faudra toutefois convaincre l’Europe et les députés britanniques de son bien fondé. S’il parvient à conclure un accord, le chef du gouvernement britannique aura encore en effet la lourde tâche de convaincre le Parlement, très divisé sur le Brexit, entre partisans du maintien de liens étroits avec l’UE et zélateurs d’une coupure nette. Donald Tusk, président du Conseil européen, a rappelé pour sa part que le « no-deal » ne sera jamais le choix de l’Union européenne« .
The UK has still not come forward with a workable, realistic proposal. But I have received promising signals from Taoiseach @LeoVaradkar that a deal is possible. Even the slightest chance must be used. A no deal #Brexit will never be the choice of the EU.
— Donald Tusk (@eucopresident) October 11, 2019
Si les négociations piétinent, les échanges pourraient se concentrer sur les conditions d’un nouveau report du Brexit. Une loi promulguée au mois de septembre contraint en effet Boris Johnson à demander une troisième extension à Bruxelles, si aucun accord n’est trouvé entre les deux parties d’ici samedi 19 octobre. Reste que le Premier ministre britannique a une nouvelle fois exclu cette possibilité dimanche 6 octobre, lors d’un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron. Sans préciser par ailleurs, comment il comptait se soustraire à cette obligation. Dans tous les cas, une nouvelle demande de report devrait être approuvée à l’unanimité par les 27.
Une séance extraordinaire à la Chambre des communes
Le Parlement britannique ne siégeant pas vendredi 18 octobre. La journée de jeudi sera donc la dernière occasion pour le gouvernement Johnson, de présenter une motion prévoyant une session samedi 19 octobre à la Chambre des communes. Une journée qualifiée de « super samedi », par le Guardian, tant les enjeux sont importants.
Depuis 1939, les députés ne se sont rassemblés dans la Chambre des communes un samedi qu’à quatre reprises, dans des circonstances extraordinaires. Le samedi 2 septembre 1939, les députés avaient siégé la veille de la déclaration de guerre du Royaume-Uni à l’Allemagne, le 3 novembre 1956, c’était pour la crise de Suez et le samedi 3 avril 1982 pour décider de l’invasion des Falklands. Seul le 30 juillet 1949 qui concernait des détails techniques à expédier avant la trêve estivale annuelle, faisait exception.
Selon l’issue du sommet européen, Boris Johnson présentera un projet d’accord validé par Bruxelles ou dévoilera son plan pour les prochaines semaines. Le 19 octobre à minuit, le Benn Act, le dispositif législatif voté en septembre, contraindra le Premier ministre britannique à envoyer une lettre à l’Union européenne pour demander une extension de l’article 50 (et donc un délai pour le Brexit) si aucun accord n’a entre-temps été signé.