A quatre jours du deuxième tour de la primaire, Benoît Hamon et Manuel Valls se sont retrouvés pour un ultime face à face. Un dernier round plutôt serein eu égard aux attaques de ces derniers jours, mais qui a exposé au grand jour deux visions très différentes du travail.
Le rendez-vous s’annonçait musclé, mais au final les coups ont été retenus lors ce ce débat télévisé de l’entre deux tours. Pas de pugilat donc, mais des divergences de fond très marqués autour du travail, à nouveau confirmées par les deux challengers.
Deux conceptions très différentes de la place du travail
Ce dernier face à face a sans nul doute permis de mettre en lumière sans ambiguïté l’opposition entre deux gauches sur la place du travail dans la société française. Une société dans laquelle le revenu universel constitue pour Benoît Hamon, une réponse à la révolution numérique et la disparition progressive de l’emploi en France.
Dans ces conditions, l’octroi d’une allocation à tous les Français permettrait pour l’ancien ministre de l’éducation d’affronter plus sereinement ces bouleversements. Une mesure qu’il envisage de mettre en œuvre par étapes. Benoît Hamon chiffre sa proposition entre 300 et 400 milliards d’euros, assurant que » cela ne coûtera « pas un euro aux caisses de l’État » du fait d’un financement de la mesure, par un transfert de richesses et des prélèvements nouveaux.
Un diagnostic immédiatement réfuté par Manuel Valls, qui dénonce une capitulation face au chômage. « Je ne crois pas à la raréfaction du travail » a t-il lancé. La proposition d’un revenu universel est « un message de découragement, d’abdication par rapport au changement ». « Ce que les Français demandent, c’est de travailler davantage, c’est d’être mieux formés, mieux armés » a t-il poursuivi ».
Des divergences marquées sur la baisse du travail
Partant du constat que » la société du travail actuelle n’est pas viable« , Benoît Hamon se prononce en faveur d’une incitation à la baisse du temps de travail, et donc, pour les 32 heures hebdomadaires. « Ce que je propose, c’est qu’il y ait en contrepartie de baisse de cotisations sociales patronales, des accords de réduction du temps de travail. » Après avoir été incité à préciser certains points de cette mesure, il reconnaît « Il n’est pas question de changer la durée légale du temps de travail et de faire perdre du pouvoir d’achat aux salariés. Les 32 heures seront donc payées 35«

De son côté, Manuel Valls ne souhaite pas promettre un futur d’illusions et souhaite que l’on travaille davantage, tout en étant mieux formé et mieux armé. Il a également réaffirmé sa volonté de réinstaurer la défiscalisation des heures supplémentaires, mesure phare de Nicolas Sarkozy, réfutée sans appel par Benoit Hamon.
Dernier point de discorde majeur : la loi travail. Manuel Valls veut maintenir un texte qui est selon lui « une avancée à travers la négociation dans l’entreprise, le compte personnel d’activité, le compte pénibilité et la garantie jeune« . Pour Benoit Hamon, son abrogation serait l’une des premières mesures qu’il prendrait en tant que président, notamment « à cause de ses dispositions qui facilitent le licenciement et le recours à des heures supplémentaires moins bien payées par simple accord d’entreprise« , a-t-il indiqué.
Hamon : sur le financement du revenu universel