Au lendemain du discours solennel d’Emmanuel Macron au Congrès de Versailles, Édouard Philippe a prononcé devant l’Assemblée nationale sa déclaration de politique générale. Au menu, l’exposition de la feuille de route donnée au gouvernement, pour mener à bien les réformes promises. Cotisations, allègement de charges, Santé, aides sociales, retraite… Retour sur les annonces économiques et dates clés distillées par le Premier ministre.
Après Emmanuel Macron qui a fixé le cap devant le congrès lundi 3 juillet, le Premier ministre se devait de tracer le chemin. Très attendu, Édouard Philippe, a décliné ce mardi 4 juillet « le discours de la méthode » de l’exécutif au travers d’une série d’annonces. À l’issue de cette allocution, les parlementaires ont accordé leur confiance au gouvernement.
Rénovation sociale
« Dès le 6 juin dernier, j’ai défini avec la ministre du Travail, et nous avons partagé avec les partenaires sociaux, la feuille de route de cette rénovation sociale » a indiqué Édouard Philippe. Une feuille de route qui selon le Premier ministre tient en quatre points: « renforcer le dialogue social dans l’entreprise et dans les branches, redonner du pouvoir d’achat aux actifs, sécuriser les parcours professionnels et rendre notre système de retraite plus juste et plus lisible. » Pas ou peu de précisions en revanche sur les ordonnances de réforme du Code du travail. « L’urgence sociale est forte, mais nous avançons sans précipitation » a affirmé Édouard Philippe. « Nous sommes encore dans le temps de la concertation avec les partenaires sociaux. A la fin de l’été viendra le temps de la décision avec l’adoption des ordonnances« .
Le premier ministre a toutefois confirmé l’ouverture dès le mois d’octobre de trois chantiers majeurs : le renforcement de la formation professionnelle, l’ouverture de l’assurance-chômage aux démissionnaires et aux indépendants et la refonte de l’apprentissage. Un projet de loi sera présenté au printemps 2018.
Priorité donnée à la santé
Ce sera à n’en pas douter l’un des gros chantiers du quinquennat, à entendre le Premier ministre. « Les Français sont attachés à leur système de santé, mais constatent qu’il est mal coordonné « , a affirmé Édouard Philippe, avant d’annoncer que « la prévention sera le pivot de la stratégie nationale de santé « . Parmi les principaux points annoncés :
- un plan de lutte contre les déserts médicaux pour le mois de septembre ;
- des offres sans reste à charge pour les lunettes, les soins dentaires et les aides auditives pour la totalité des Français d’ici à la fin du quinquennat ;
- la lutte contre le tabac. Pour cela, le gouvernement mettra en œuvre une promesse de campagne d’Emmanuel Macron et « portera progressivement le prix du paquet de cigarettes à 10 euros », contre environ 7 euros actuellement.
Revalorisation de l’allocation aux adultes handicapés et du minimum vieillesse
« Nous simplifierons les procédures pour les titulaires de droits sociaux qui souvent, par désespoir ou ignorance, ne les réclament plus », a indiqué le Premier ministre . Dans le « droit fil de la feuille de route » publiée lundi par la ministre des solidarités et de la santé, Édouard Philippe a annoncé « une augmentation ciblée du montant de la prime d’activité dès 2018, puis la revalorisation des montants du minimum vieillesse et de l’allocation adulte handicapé à 900 euros », contre un peu plus de 800 euros actuellement. Il a par ailleurs rappelé que des mesures « améliorant le congé maternité et les solutions de garde d’enfant » seront annoncées par la ministre, Agnès Buzyn.
Entreprises et compétitivité
« Les entreprises doivent retrouver l’envie de s’installer en France », a souhaité le premier ministre, avant de développer plusieurs points :
- la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en allégement de charges reportée en 2019, soit un an plus tard que prévu ;
- la réduction du taux de l’impôt sur les sociétés de 33 % à 25 %, par étapes, jusqu’en 2022 ;
- et du côté des travailleurs, la confirmation de la suppression du Régime Social des Indépendants (RSI), qui sera adossé des 2018, au régime général.
Dette et fiscalité
C’était sans doute le passage le plus attendu, et c’est celui sur lequel les députés ont le plus réagi. Face au risque de dérapage budgétaire, Édouard Philippe a précisé des mesures devant permettre de trouver les quatre milliards d’euros nécessaires pour contenir le déficit public dans la limite de la barre de 3 % du produit intérieur brut (PIB). La dette française atteint un « niveau insupportable » de 2.147 milliards d’euros ». « Nous dansons sur un volcan qui gronde de plus en plus fort », a affirmé le Premier ministre, promettant de ramener le déficit public sous la barre des 3% dès 2017. Parmi les mesures confirmées :
- la suppression dès 2018 des cotisations salariales, compensée par une hausse de 1,7 point de la Contribution sociale généralisée. « La suppression des cotisations salariales sur l’assurance maladie et l’assurance-chômage, financée par un transfert sur la CSG, redonnera dès 2018 du pouvoir d’achat à plus de 20 millions d’actifs. Cela représente 250 € par an au niveau du Smic », a-t-il déclaré ;
-
la baisse de la taxe d’habitation « d’ici à la fin du quinquennat « , sans donner toutefois de calendrier plus précis. Soit deux années supplémentaires par rapport aux annonces faites antérieurement.
Le vote de confiance
Après son discours de politique générale, le premier ministre Édouard Philippe a obtenu à une large majorité la confiance des députés : 370 votes pour et 67 contre. 129 députés ont choisi de s’abstenir.
Le détail des votes
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