Au lendemain de son investiture, le président de la République a dévoilé ce lundi l’identité du nouveau locataire de Matignon. Édouard Philippe, député-maire du Havre, un proche d’Alain Juppé, devient ainsi le 23e premier ministre de la Ve République. Une nomination entre cohabitation et ouverture à droite qui fracture les rangs des Républicains.
Une nomination saluée par le président du Modem, François Bayrou, qui s’est dit lundi « très heureux » du choix d’Édouard Philippe à Matignon, « en raison de ses qualités humaines et de la recomposition qui est ainsi promise à la France« . Un choix également approuvé par la vice-présidente du parti, Marielle de Sarnez, qui a salué plus tôt dans la journée cette nomination, y voyant « un signal de large rassemblement et de recomposition politique« .
Une nomination qui fragmente les rangs de LR
Les réactions à la nomination du maire du Havre n’ont pas tardé dans les rangs des Républicains, illustrant à l’extrême l’écartèlement du parti. D’un côté, les figures de la droite juppéiste et modérée se sont félicitées de ce choix, se déclarant prêtes à jouer le jeu de la recomposition. « Je ne crois pas qu’Emmanuel Macron veuille casser la droite. » Sa mission c’est de faire réussir le pays », a ainsi expliqué, ce mardi Nathalie Kosciusko-Morizet, sur France inter, à propos du nouveau président de la République : « S’il y a de bonnes réformes alors nous devons être constructifs. ».
Une position qu’ont fait leur une vingtaine d’élus LR, parmi lesquels Bruno Le Maire et plusieurs de ses proches, des juppéistes (Dominique Bussereau, Benoist Apparu…), Christian Estrosi, ou encore des proches de Xavier Bertrand ou de Jean-Louis Borloo. Le nouveau premier ministre à peine entré en fonctions, ils ont appelé à « être au rendez-vous de l’intérêt général« , invitant leur famille politique à « répondre à la main tendue » par le nouveau président.
Interrogé sur cette nomination, François Baroin a de son côté regretté un « choix individuel« . « C’est une tactique, un débauchage à l’ancienne, qui fleure bon les chrysanthèmes de la IVe République« , a souligné l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy qui dit cependant ne pas craindre d' »appel d’air« . « La meilleure garantie d’avoir une politique de droite, c’est de voter pour les candidats de la droite et du centre aux législatives. » Une position que fait également sienne le député LR Eric Ciotti qui a déploré qu’Edouard Philippe « troque ses convictions et participe à l’opération de déstabilisation de la droite et du centre menée par Macron« .
