
Samedi 7 décembre, dans toute la France, et en particulier à Paris, va se jouer le quatrième « opus » d’un mouvement social inédit. Forces de sécurité, position de l’exécutif sur les points de crispation, vote d’une motion de censure contre le gouvernement, instauration de l’état d’urgence… Le point sur la situation à 48 heures de l’acte IV de la mobilisation des « Gilets Jaunes ».
Sur les réseaux sociaux, des dizaines d’appels ont été lancés pour un acte 4 de la contestation samedi 8 décembre à Paris, et ce malgré le discours du Premier ministre, Edouard Philippe, qui a renouvelé l’appel aux « gilets jaunes » à ne pas se rendre à Paris pour manifester. Parmi eux, un appel au blocage général samedi ou encore un événement intitulé « Acte 4 Paris Insurrection! » qui appelle à bloquer les raffineries et les ports dès mardi, et à manifester samedi dans la capitale.
À la veille d’une nouvelle mobilisation des #Giletsjaunes et alors que les lycéens continuent à se mobiliser ce vendredi, on suit ensemble dans ce direct cette journée. Voici la carte des points de rassemblements à Paris demain https://t.co/MhMF03CGiT pic.twitter.com/e4zsW15Kry
— Le Parisien (@le_Parisien) 7 décembre 2018
Eric Drouet un des meneurs du mouvement vient de publier un message sur Facebook pour appeler les « gilets jaunes » à « aller sur le périphérique demain matin ». « Laissons Paris aux casseurs », écrit-il. #GiletsJaunes pic.twitter.com/QxmjeUsJ5n
— L’Echiquier social (@EchiquierSocial) 7 décembre 2018
Le déploiement de moyens exceptionnels
« Le gouvernement va déployer des « moyens exceptionnels » en plus des 65.000 policiers et membres des forces de l’ordre mobilisés pour la quatrième grande journée de manifestation des « gilets jaunes« , a annoncé le Premier ministre devant le Sénat ce jeudi. « Les événements de samedi dernier doivent nous conduire à faire preuve de la plus grande prudence et de la plus grande détermination. « Dans la situation à laquelle nous faisons face, le devoir de lucidité s’impose à tous, le devoir de responsabilité s’impose également aux élus, membres du gouvernement, élus locaux, éditorialistes, citoyens » a poursuivi Edouard Philippe. Le chef du gouvernement a renouvelé l’appel aux « gilets jaunes » à ne pas se rendre à Paris pour manifester, non pas pour « leur interdire de s’exprimer », mais pour « éviter qu’ils soient pris au piège que leur tendent les casseurs ».
Avant la quatrième journée de mobilisation des « gilets jaunes » samedi, le Premier ministre français Edouard Philippe a annoncé le déploiement de « moyens exceptionnels ». #GiletsJaunes pic.twitter.com/Tvrg1s2Br2
— RTSinfo (@RTSinfo) 6 décembre 2018
Mise à jour 07.12.18
Le ministre de l’Intérieur a détaillé ce vendredi le « dispositif de grande envergure » qui sera installé « partout en France » ce samedi : 89000 forces de l’ordre mobilisées, dont 8 000 à Paris, où des véhicules blindés de la gendarmerie seront aussi mobilisés. « Je ne dévoilerai pas d’avantage le dispositif qui va être mis en place » pour des raisons de sécurité » a précisé Christophe Castaner.
Le ministre de l’Intérieur @CCastaner détaille le « dispositif de grande envergure »qui sera installé « partout en France » demain : 89 000 forces de l’ordre mobilisées, dont 8 000 à Paris, où des véhicules blindés de la gendarmerie (qui ne sont pas des chars) seront aussi mobilisés pic.twitter.com/U3cbpJM0mD
— L’Echiquier social (@EchiquierSocial) 7 décembre 2018
Les véhicules blindés de la gendarmerie, appelés VBRG, pour « véhicules blindés à roues de la gendarmerie seront déployés dans la capitale devant les bâtiments officiels selon Le Parisien, afin de dégager des effectifs des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) ou des Gendarmes mobiles, et ainsi avoir davantage d’hommes sur le terrain.
Les revendications portées par le mouvement
Zéro SDF, abandon du prélèvement à la source, augmentation du smic… Les revendications des « gilets jaunes » dépassent largement le seul prix du carburant. Dans un (très) long communiqué envoyé à quelques médias et aux députés, les « gilets jaunes » ont couché noir sur blanc leurs « directives du peuple ». Ils demandent aux élus de les « transposer » en lois. Elles sont issues d’un sondage mené sur plusieurs groupes de soutien au mouvement. 30.000 personnes y auraient pris part.
« Gilets jaunes » : on a décortiqué chacune des 42 revendications du mouvement https://t.co/deD43uzyBE pic.twitter.com/Ch2sJgeTB9
— L’Obs (@lobs) 30 novembre 2018
Les gilets jaunes libres » demandent à être reçus à l’Elysée
Mise à jour 07.12.18
L’Elysée a opposé vers 15 h ce vendredi une fin de non-recevoir à la demande des Gilets jaunes libres qui souhaitaient rencontrer Emmanuel Macron, mais a indiqué que Matignon restait « disposé » à les recevoir. »
Le Premier ministre Edouard Philippe recevra cette délégation de six « gilets jaunes libres », à 20h30, a annoncé Benjamin Griveaux à la presse. « Nous sommes dans une attitude d’écoute », a assuré le porte-parole du gouvernement. La délégation du collectif, qui a appelé les « gilets jaunes » à renoncer à manifester samedi à Paris, sera notamment composée de Benjamin Cauchy, de Jacline Mouraud et de Cédric Guémy.
Alors que l’Elysée avait vers 15h opposé ce vendredi une fin de non-recevoir à leur demande de rencontrer #EmmanuelMacron, une délégation de #GiletsJaunesLibres sera reçue dans la soirée (20h30) à #Matignon par le Premier ministre @EPhilippePM https://t.co/gbOgv3R6r2 pic.twitter.com/D9AR6xnHWb
— L’Echiquier social (@EchiquierSocial) 7 décembre 2018
Le collectif des « gilets jaunes libres » a demandé à être reçu vendredi après-midi par Emmanuel Macron. »Nous en appelons au sens des responsabilités et au sens de l’Etat d’Emmanuel Macron. Le pays est au bord de l’insurrection et de la guerre civile et nous ne voulons pas qu’il y ait des morts ce week-end. Nous demandons à être reçus pour négocier avec lui sur le pouvoir d’achat, qui est ce qui relie toutes les colères », a indiqué ce jeudi un de ses représentants, Benjamin Cauchy.
Les syndicats s’expriment
Mise à jour 07.12.2018
Bien que les « gilets jaunes » refusent de s’afficher aux côtés des partis traditionnels et syndicats, des responsables de la CGT et de FO ont proposé de mettre à disposition leur service d’ordre et leurs moyens d’organisation, selon Le Parisien.
Près d’un mois après le début de la mobilisation des « gilets jaunes », les leaders des cinq grandes confédérations syndicales, CGT, CFDT, FO, CFE-CGC et CFTC, ainsi que ceux de l’UNSA, la FSU et Solidaires, se sont retrouvés dans la matinée à Paris. A l’issue de cette réunion, ils ont dénoncé « toute forme de violences dans l’expression de revendications », tout en jugeant la « colère légitime. « Aujourd’hui, dans un climat très dégradé, la mobilisation des gilets jaunes a permis l’expression d’une colère légitime. Le gouvernement, avec beaucoup de retard, a enfin ouvert les portes du dialogue », reconnaît ainsi la déclaration commune signée par les sept syndicats. Seul Solidaires a refusé de parapher le texte, plutôt apaisant. Mais moins de deux heures plus tard, la CGT a publié, seule, un autre communiqué remettant de l’huile sur le feu. La centrale « s’indigne et condamne fermement l’attitude du gouvernement qui répond par la seule violence aux légitimes exigences qui s’expriment diversement dans tout le pays », peut-on notamment lire. Elle refuse ensuite l’invitation du gouvernement à la réunion qui doit se tenir ce vendredi au ministère du Travail « pour discuter de la méthode et du calendrier des mises en œuvre et décisions » annoncées par le Premier ministre et « exige maintenant l’ouverture immédiate de négociations sur l’urgence sociale ».
Le recours à l’état d’urgence
De son côté, Laurent Wauquiez a réclamé une instauration provisoire de l’état d’urgence pour éviter un nouveau « samedi noir« . Le président des Républicains a estimé sur France 2 que « la première priorité cette semaine, c’est d’assurer que samedi on ne revive pas le même samedi noir. Je pense que l’état d’urgence temporairement permet de donner à nos policiers et à nos gendarmes les moyens d’agir correctement, c’est pour ça que je plaide pour ça. » Le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau souhaite que le gouvernement reprenne sa proposition de loi anti-casseurs, votée au Sénat le 23 octobre dernier. Selon ce texte, se masquer le visage lors d’une manifestation devient un délit puni d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. À la sortie d’un week-end d’émeutes sans précédent, le patron de la droite sénatoriale a rappelé à Édouard Philippe l’existence de ce texte avant de lancer « Il faut casser les casseurs« .
Le vote lundi d’une motion de censure
Le PS, La France insoumise et le Parti communiste français sont tombés d’accord sur une motion de censure contre le gouvernement, ont annoncé les responsables des partis politiques, ce jeudi. « Nous avons décidé de lancer une motion de censure lundi prochain », a indiqué le chef du groupe socialiste, Olivier Faure. Cette mesure, prévue par la Constitution pour forcer un gouvernement à la démission, peut être présentée par par au moins un dixième des députés et doit être votée à la majorité absolue.
L’Elysée recule
Mise à jour : 07.12.18
Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a annoncé ce vendredi matin que le chef de l’Etat ne s’exprimera qu' »en début de semaine prochaine » sur la crise des Gilets jaunes.
Gilets jaunes : Emmanuel Macron s’exprimera la semaine prochaine après « l’acte IV » https://t.co/p0NipCxoNu pic.twitter.com/DUg277FPR6
— Le JDD (@leJDD) 7 décembre 2018
L’exécutif fait marche arrière et assure qu’il a entendu la « colère » grave et « insaisissable » des « gilets jaunes ». Alors qu’il assurait maintenir le cap, affirmant sa volonté d’augmenter la taxe sur les carburants au 1er janvier 2019, le gouvernement a finalement fait un premier pas symbolique mercredi soir face aux manifestants, répondant à leur première revendication : l’annulation de cette hausse prévue au 1er janvier 2019.
Dans sa déclaration au Sénat, le premier ministre l’a confirmé ce jeudi. Les « tensions nous ont conduit à la conclusion qu’aucune taxe ne méritait de mettre en danger la paix civile. Comme je l’ai dit hier à l’Assemblée nationale, nous avons décidé avec le président de la République de renoncer aux mesures fiscales concernant le prix des carburants et le prix de l’énergie qui devaient entré en vigueur le 1er janvier 2019. Le Sénat ayant voté la suppression de la hausse des taxes [sur le carburant] dans le budget 2019, elles ne seront pas réintroduites », a indiqué Edouard Philippe.
Une décision saluée par le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau et le président des Républicains (LR), Laurent Wauquiez, qui se félicite du « geste d’apaisement » de l’exécutif, en demandant à nouveau à Emmanuel Macron de s’exprimer face aux Français.
Le syndicat de police « Vigi » rejoint le mouvement
Le syndicat de police Vigi a déposé un préavis de grève illimitée à partir de ce samedi. « Il est temps de s’organiser légalement et d’être solidaire avec eux, pour l’avantage de tous », écrivent les responsables de l’organisation syndicale dans un communiqué, expliquant rejoindre le mouvement de contestation sociale. Ce préavis de grève ne concerne pas l’ensemble des fonctionnaires de police mais les personnels administratifs, techniques, scientifiques et ouvriers d’Etat du ministère de l’Intérieur. « Sans les adjoints techniques et ouvriers cuisiniers, les compagnies de CRS peuvent être immobilisées. Sans les adjoints administratifs, des services peuvent fermés. Sans les ouvriers d’état l’entretien de bâtiments et de véhicules ne pourront plus être fait« , prévient Vigi.
Les routiers lèvent leur appel à la grève
Mise à jour 07.12.18
Le syndicat des routiers FO appelle à la levée de son appel à une grève illimitée, annonce, après avoir consulté ses troupes et reçu des engagements écrits du patronat et du gouvernement sur un maintien de la rémunération des heures supplémentaires. La CGT, qui avait également appelé les routiers à faire grève à partir de dimanche soir, a également levé cet appel. La grève est donc annulée.
Les syndicats CGT et FO du transport routier, qui ont été reçus ce jeudi au ministère des Transports, ont maintenu leur appel à la grève à partir de dimanche soir. Mais ils pourront le lever s’ils obtiennent un « engagement écrit » du patronat sur le maintien de l’indemnisation des heures supplémentaires, a déclaré Patrice Clos, secrétaire général de FO-Transports.