Immigration : Edouard Philippe lance le débat

Devant les bancs clairsemés de l’hémicycle, Edouard Philippe, a lancé ce lundi à l’Assemblée, le débat sur l’immigration. Après un discours d’une quinzaine de minutes, suivi d’une prise de parole de ses ministres, le chef du gouvernement a laissé la place au débat parlementaire. Ce qu’il faut retenir de l’intervention du Premier ministre et des élus.

« Quel cap pour la politique migratoire de la France » ? L’Assemblée nationale abordait ce lundi 7 octobre ce thème hautement sensible, jusque dans les rangs de la majorité. Après avoir donné le coup d’envoi du débat vers 16 heures, le premier ministre a débuté son allocution en citant un discours de Michel Rocard datant d’un précédent débat sur l’immigration en 1990. « Nous devons aujourd’hui assurer le triomphe de la conception républicaine ouverte de la Nation, celle qui assure des droits pour chacun et qui fait accepter des devoirs pour tous« , a t-il affirmé.

Conscients de manier une matière explosive, le chef du gouvernement et les ministres lui succédant – Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères), Christophe Castaner (Intérieur), Agnès Buzyn (Solidarités et Santé) – ont multiplié les précautions oratoires, s’essayant à un difficile exercice du « En même temps ».

La déclaration du Gouvernement

Nous n’avons pas atteint tous nos objectifs

Le premier ministre a dressé un bilan critique de la politique migratoire française, convaincu que le gouvernement n’a « pas atteint tous (ses) objectifs. » « Nous devons poursuivre nos efforts et faire mieux » a t-il indiqué, reconnaissant que »le système français d’asile est aujourd’hui saturé (…) En 2018, la France a enregistré le record de 123.000 demandes d’asile, soit une augmentation de 22% par rapport à l’année précédente, alors que dans le même temps le nombre de demandes baissait de 10% dans le reste de l’Europe.« 

Proposant d’écarter les « fausses solutions« , comme « l’immigration zéro » et et la suppression du droit du sol qualifiées de « fausses solutions« , Edouard Philippe a également rejeté « l’immigration de remplacement » qui selon lui fait « appel aux ressorts les plus détestables du racisme et du complotisme. » « Je ne vois pas bien en quoi, à l’échelle du pays, la fin du droit du sol serait une réponse » a lancé le locataire de Matignon.

« Prêt à un débat sur les quotas et les dérives communautaires »

« Je n’ai pas peur de réfléchir à l’idée de quotas » a, déclaré Édouard Philippe, qui a défendu une « approche pragmatique en relation avec nos besoins de main d’oeuvre« . Le chef du gouvernement a évoqué différentes pistes « à discuter », tels que des « quotas par nationalité ou par secteurs professionnels ».

« Oui il y a des dérives communautaires dans notre pays, qui entraînent une sécession insidieuse dont nous ne voulons pas », a ajouté le premier ministre, qui s’est aussi dit « prêt à avoir un débat », avant de donner la parole au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

La singularité des demandes d’asile françaises

Le ministre des Affaires étrangères, Jean Yves le Drian a évoqué pour sa part la «  »singularité française » des demandes d’asiles en France, plus élevées que dans le reste de l’Union européenne. Sans que toutefois, la France soit et de loin, « la première destination des demandeurs d’asile. » 

En 2050 la population africaine atteindra 2 milliards, a t-il poursuivi. « L’enjeu démographique de l’Afrique nous concerne tous. Il faut une politique de développement à la hauteur« . « C’est pourquoi l’aide publique au développement de la France sera portée à «0,55% de la richesse nationale d’ici la fin du quinquennat« a ajouté le M. le Drian.

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner a quant à lui dressé un bilan chiffré de l’immigration légale avec 256.000 entrées régulières en 2018. « Cela témoigne de l’attractivité de notre pays » a t-il déclaré, se félicitant  des efforts entrepris en matière d’intégration.

« En France, on ne laisse pas de personnes périr car elles n’ont pas le bon tampon sur le bon document »

C’est la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, qui a réveillé la majorité et ses applaudissements, avec un plaidoyer sur l’Aide Médicale d’Etat (AME). « Notre couverture maladie ne dépend pas de notre emploi. Cette protection est accessible quelle que soit la nationalité de l’assuré. Elle inclut les titulaires de titres de séjour, les réfugiés, les demandeurs d’asile. On ne laisse pas des personnes périr si elles n’ont pas le bon tampon. C’est une question d’humanité, d’un serment prêté » a martelé Agnès Buzyn.

La ministre s’est déclarée prête à ajuster le système pour le protéger des « abus ». Agnès Buzyn s’est toutefois prononcée contre toute « participation financière » des bénéficiaires de l’AME et a montré une grande prudence sur toute piste d’évolution.

Les temps forts du débat

« Vous avez décidé d’injecter délibérément une dose de poison dans les veines du pays« ,

A déclaré en préambule de son discours, le chef de file des Insoumis, accusant Emmanuel Macron et Édouard Philippe d’avoir « attisé » la « braise » de l’immigration et, implanté « une dose de poison, de méfiance et de discorde dans les veines du pays« . « Nous sommes convoqués pour fournir le décor d’une nouvelle opération de propagande« , a t-il ajouté, en précisant que ce débat ne sera conclu par « aucun vote.

« Nous sommes aujourd’hui dans une impasse qui ne fait que des perdants »

A regretté pour sa part le président du groupe LaREM à l’Assemblée, Gilles Legendre: « Les défis que nous devons relever sont en perpétuelle évolution. Notre manière d’y répondre est aujourd’hui déphasée. D’où la nécessité de faire preuve d’audace ». « Accueillir dignement, c’est peut-être accueillir moins mais plus dignement », a-t-il lancé, poursuivant: « un chiffre ne fait pas une politique« .

« Soumettre une charte de l’immigration à un référendum »

C’est la proposition du Républicain, Guillaume Larrive. Elle permettrait pour le député LR d’étendre les pouvoirs de l’Assemblée nationale, comme le fait de « plafonner l’immigration par décret, suspendre le regroupement familial, donner le pouvoir d »expulser« . L’élu de droite propose que les demandes d’asiles soient « refusées par principe, lorsqu’elles viennent des pays démocratiques. « Il faut définir et assumer un nouveau code de la nationalité. La naissance d’un étranger sur le sol français ne doit pas nécessairement conduire à l’acquisition de la nationalité » a t-il asséné,, évoquant une potentielle « suppression du droit du sol au profit du droit du sang, ou d’un décret de naturalisation« .

« Repenser notre politique de l’asile »

C’est la proposition de la députée Modem, Marielle de Sarnez, qui a appelé à créer une « véritable politique d’asile au niveau européen« . Elle a également appelé à créer une voie légale pour l’immigration liée au travail.

« Un référendum dès la fin de l’année »

C’est la demande du député Les Républicains, Eric Ciotti. « La demande d’asile est « hors de contrôle » a clamé l’élu LR qui  réclame un référendum dès la fin de l’année « pour adopter des « mesures fortes » : durcir le droit de la nationalité, expulser les étrangers délinquants, rétablir les contrôles aux frontières, empêcher que les étrangers représentent une charge pour les finances publiques.. « Nous demandons que ce débat ouvre la voie vers une réforme concrète de notre politique migratoire« , a-t-il conclu.

« Je n’ai aucune confiance en vous, M. le premier ministre »
Marine Le Pen a évoqué lors de son discours, une « véritable submersion » migratoire, avec un « flux ininterrompu dans nos villes« .

« Je n’ai aucune confiance en vous, M. le premier ministre et encore moins en votre ministre de l’Intérieur. M. le premier ministre, sur ce sujet, ayez le courage d’organiser un grand référendum », a réclamé l’ancienne candidate à la Présidentielle.

 

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