Ce jeudi, 46 millions de Britanniques sont appelés aux urnes pour élire les 650 députés de la Chambre des communes. Une élection cruciale pour la sortie du Royaume-Uni de l’UE et l’avenir du pays. Donné grand favori, Boris Johnson a vu son avance se réduire ces dernières semaines. Pour autant le chef du Labour, Jeremy Corbyn, aura du mal à ravir au Premier ministre conservateur, les clés du 10 « Downing street ». Les scénarios sur la table.
Les citoyens britanniques sont de nouveau appelés aux urnes, ce jeudi 12 décembre à l’occasion d’élections législatives anticipées. Arrivé au pouvoir en juillet, Boris Johnson a fait le pari de convoquer ces législatives pour mettre en œuvre le Brexit, pour laquelle les Britanniques ont voté à 52 % il y a trois ans et demi mais qui depuis a plongé le pays dans une profonde crise politique. Le Premier ministre britannique avait convoqué ce scrutin, près avoir perdu sa majorité au Parlement, à la suite de désaccords avec son petit allié nord-irlandais du DUP et au sein de son propre camp Parti conservateur.
Un scrutin serré dans de nombreuses circonscriptions
Si le parti du Premier ministre est donné en tête des sondages, le contexte politique très agité rend l’issue incertaine et le scrutin s’annonce serré dans de nombreuses circonscriptions. Le Parti conservateur a certes conservé une avance constante dans les sondages d’opinion nationaux, mais dans les derniers jours de la campagne, cet avantage sur le Labour de Jeremy Corbyn a commencé à se réduire. Loin de la confortable avance qu’ils prédisaient le mois dernier, les ultimes sondages avant les élections législatives britanniques de jeudi affirment que les conservateurs emmenés par le Premier ministre Boris Johnson obtiendront une courte majorité à la Chambre des communes.
Un deuxième sondage de YouGov sur la prédiction des sièges indique en effet que les conservateurs seraient sur la voie d’une majorité de 28 sièges. Les Tories de l’actuel Premier ministre sont crédités de 339 sièges (en hausse de 22 sur leur total lors des dernières élections en 2017). Mais, ce même sondage suggère aussi que la course s’est considérablement resserrée au cours des deux dernières semaines. Son estimation de l’avance des conservateurs a plus que diminué de moitié depuis le 27 novembre, lorsque le premier sondage YouGov MRP prévoyait que Johnson gagnerait une majorité de 68 sièges.
The results of the final YouGov MRP model for #GE2019 are now here:
Con – 339 seats / 43% vote share
Lab – 231 / 34%
SNP – 41 / 3%
LD – 15 / 12%
Plaid – 4 / 1%
Green – 1 / 3%
Brexit Party – 0 / 3%Conservative majority of 28https://t.co/IAyXTc89vH pic.twitter.com/yk3dNAhN0p
— YouGov (@YouGov) December 10, 2019
Ce sondage porte dans tous les cas un coup dur au Labour. Avec 231 sièges, le parti travailliste devrait perdre 29 sièges aux Tories – contre 44 estimés dans le premier modèle de YouGov. Les libéraux-démocrates gagneraient quant à eux 15 sièges (en hausse de trois), le SNP 41 (en hausse de six), Plaid Cymru en gagnerait quatre (pas de changement) et le Parti vert en gagnerait un (pas de changement). Quant au Brexit Party (parti pro Brexit), il ne devrait remporter aucun siège.
Les scénarios sur la table
Une nette victoire : une majorité de 50 sièges ou plus signifierait que le pari électoral de Johnson a été largement payant. Cela devrait permettre au Premier ministre britannique de passer son accord sur le Brexit confortablement d’ici le 31 janvier, permettant ainsi à son gouvernement d’entamer des négociations avec l’Union Européenne sur un accord commercial après le départ du Royaume-Uni de l’UE. Le Parlement lancerait alors avant Noël le processus de ratification de l’accord de Brexit qu’il a négocié avec Bruxelles pour un feu vert final en janvier, permettant une sortie le 31 janvier, après trois reports.
Les tories en tête, sans majorité absolue : une majorité de 15 sièges ou moins mettrait Boris Johnson à la tête d’un gouvernement minoritaire. Il aurait alors besoin pour cela de trouver des alliés, ce qui s’annonce difficile. Un tel scénario le rendrait vulnérable aux rébellions des députés d’arrière-ban. Tous les députés conservateurs sont signataires de l’accord que Johnson a conclu avec l’UE en octobre, mais un effort coordonné des Brexiters à droite du parti pourrait l’obliger à adopter une position plus difficile lors de la prochaine phase des négociations. Comme l’ont montré les derniers mois, gouverner avec des alliés peut conduire à des blocages et réduit les chances d’adopter l’accord de Brexit, faisant resurgir le scénario redouté d’un divorce sans accord.
Le Labour en tête : Si une majorité absolue semble hors de portée pour les travaillistes de Jeremy Corbyn, le chef de l’opposition pourrait parvenir à ravir à Boris Johnson les clés du 10 Downing Street en s’alliant avec les indépendantistes écossais du SNP, opposés au Brexit. Il serait alors en position de force pour mettre en œuvre sa politique de négociation d’un nouvel accord sur le Brexit qui serait soumis à un nouveau référendum dans les six mois, ainsi que son programme économique radical. Un tel revers écrasant pour les conservateurs forcerait également Johnson à démissionner de son poste de chef conservateur.
Selon le sondeur John Curtice, les chances d’une majorité travailliste sont toutefois aussi « proches de zéro qu’on peut le dire sans risque« , en partie parce qu’il semble extrêmement improbable que le parti puisse reconquérir les 59 circonscriptions écossaises qu’il détenait. avant 2015.
Les bureaux de vote ouvriront de 07H00 à 22H00 (GMT). Les résultats sont attendus tôt vendredi 13 décembre.