Macron assied sa stature présidentielle

 

On attendait un débat tendu, il fut virulent, brutal et souvent « brouillon », les deux finalistes de l’élection présidentielle se rendant coup pour coup dès les premières minutes. Une joute confuse dont Emmanuel Macron semble être sorti vainqueur. Retour sur les temps forts

A quatre jours du second tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouvaient ce mercredi soir sur France 2 et TF1, pour un face-à-face décisif. Point d’orgue de l’élection présidentielle, ce débat restera à n’en pas douter dans les annales politiques par son caractère inédit. Rarement un duel d’entre-deux-tours n’avait en effet jusqu’ici montré un tel antagonisme. Pendant plus de 2h30, les deux candidats ont en effet combattu pied à pied, au détriment des questions de fond.

Le ton a été donné sitôt le coup d’envoi. Dès les premières minutes, la candidate du Front National a donné le « la », en ouvrant le débat par une attaque en règle du candidat d’En Marche !  » M. Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de l’ubérisation, de la précarisation, du communautarisme, de la guerre de tous contre tous », « tout cela piloté par M. Hollande à la manœuvre« , a lancé Mme Le Pen à son adversaire. » Vous n’êtes pas la candidate de l’esprit de finesse » ni « de la volonté d’un débat démocratique équilibré et ouvert » a d’emblée répliqué Emmanuel Macron.

 21h15 : Économie et Travail

Les candidats ont opposé leurs deux visions diamétralement opposées du monde économique : une plus grande flexibilité sur le marché du travail et des économies pour baisser les impôts pour les ménages et l’entreprise, pour Emmanuel Macron. Un départ à la retraite à 60 ans, la baisse du prix du gaz et de l’électricité et une revalorisation des petites retraites, pour Marine Le Pen.

Après une nouvelle passe d’armes au cours de laquelle la patronne du Front national accuse le candidat d’en Marche d’avoir vendu les joyaux de la France, SFR, Alstom en tant que ministre (NDLR : il ne l’était pas alors ), M. Le Pen s’emmêle dans ses fiches. « Ne dites pas de bêtises« , lui répond Emmanuel Macron.

S’en est suivi un débat sur la durée du travail, thème sur lequel les candidats sont là encore, en total désaccord. « Je veux que les négociations aient lieu par branche », rappelle Marine Le Pen, « alors que dans votre projet, ce sont le gros qui mangent les petits ». Emmanuel Macron veut lui, accorder la «primauté aux accords d’entreprise sur les accords de branche» afin de permettre aux petites et moyennes entreprises de négocier.

Marqueur de la campagne, l’affaire Whirlpool refait surface vers 21h25 « J’ai passé des heures avec eux. Pendant que vous faisiez votre numéro avec les caméras, moi j’étais avec leurs représentants.(..) Vous ne leur proposez rien! », argumente Emmanuel Macron. « Vous profitez de la détresse des gens » rétorque t-il. Lui reprochant de s’être « planquée » au fond de l’usine, il lance à Marine Le Pen : « Jamais je n’ai fait ce que vous avez fait l’autre jour, profiter de la détresse des gens. » Ne jouez pas à l’élève et au professeur avec moi » rétorque la candidate du FN.

 21h45 : Santé et Retraite

Là encore en total désaccord, les deux candidats s’écharpent sur la santé, en particulier sur la question des médicaments. « 80% des médicaments sont faits à l’étranger » relève Emmanuel Macron, en faisant allusion à la taxe sur les importations que Marine le Pen veut imposer. Puis le débat glisse sur les retraites. Le Front National proposant de revenir de manière rapide à un départ 60 ans, au lieu de 62 ans. Une mesure dont le coût de 17 milliards, serait financée selon la patronne du FN en faisant baisser le chômage de 3 points: « c’est 24 milliards de recettes » et il suffirait de se réarmer contre la mondialisation » avance t-elle. « Cela coûte 30 milliards » rétorque Emmanuel Macron.

21h30 : Impôt et pouvoir d’achat

Les candidats abordent la question du pouvoir d’achat, la présidente du FN qui s’en tient à sa ligne de départ renvoie Emmanuel Macron à son passé de Ministre de l’économie « Là pareil, vous n’avez aucune responsabilité… ». Marine Le Pen détaille ses propositions fiscales et économiques : “J’ai des mesures pour rendre l’argent aux Français : avec 10% de baisse sur les trois premières tranches d’impôts sur le revenu (…), par la défiscalisation des heures supplémentaires, une baisse du prix du gaz et de l’électricité de 5% car il y a eu des hausses successives (…), et une hausse des petites retraites car vous tapez dessus monsieur Macron ». Et d’enchaîner : « Je suis la candidate du pouvoir d’achat, vous M. Macron vous êtes le candidat du pouvoir d’acheter, d’acheter la France, de la dépecer ». « Tout est à vendre, tout est à acheter, les hommes, les ventres. Vous ne voyez les rapports humains que par rapport à ce que ça rapporte. »

« Moi je prends les Français pour des adultes, je ne leur mens pas« , rétorque M. Macron. « Vous faites une liste à la Prévert que vous ne financez pas. Vous faites des cadeaux de baisse d’impôts que vous ne financez pas. Soit vous augmentez les impôts soit la dette et là, c’est nos enfants qui paieront.

22 h : Terrorisme

Après l’Économie, les deux candidats confrontent leurs idées sur l’islam radical et la lutte contre le terrorisme. Sur un sujet qu’elle est habituée à aborder, la candidate frontiste marque des points, égrainant des mesures fortes : fermeture des frontières, expulsion du territoire pour les « fichés S étrangers » mais aussi, déchéance de nationalité pour les binationaux. Emmanuel Macron affirme alors que le FN a fait « participer» l’union des organisations islamiques de France (UOIF) à un colloque. Marine Le Pen réplique en affirmant que le dernier a « accepté le soutien de l’UOIF.

22h40 : euro et Europe

Au chapitre sur la politique européenne, Marine Le Pen reprend sa proposition d’un retour au franc et d’une monnaie commune à l’échelle européenne, en parallèle pour les entreprises.

« Une entreprise ne pourra pas payer d’un côté en euros et ses salariés en francs, c’est du grand n’importe quoi« , lui rétorque Emmanuel Macron. “Vous proposez d’en sortir, je dis que c’est un projet mortifère et c’est un projet dangereux, votre bidouillage dans le week-end avec Nicolas Dupont-Aignan n’a aucun sens. Ma vision c’est de construire un euro fort et une politique européenne forte et dans laquelle nous défendrons les intérêts de la France”, conclut-il.

Après un échange tendu sur leurs « cartes blanches », les deux candidats ont conclu le débat chacun avec une déclaration de deux minutes.

Après plus de deux heures trente d’échanges souvent très tendus, la présidente du FN pourrait avoir payé son agressivité et ses nombreuses piques à l’encontre de son adversaire. Selon un sondage Elabe réalisé dans la soirée pour BFMTV, c’est Emmanuel Macron (64%) qui a été jugé le plus convaincant face à la candidate du Front National  (33%).

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