Le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a annoncé ce mardi sur France Inter sa décision de quitter le gouvernement. Après ce départ « surprise », le Premier ministre Edouard Philippe, a annoncé dans la matinée, qu’il fera des propositions à Emmanuel Macron dans « les jours qui viennent », pour la composition de son gouvernement.
Coup de tonnerre en cette fin d’été. Le numéro 3 du gouvernement a annoncé sur France Inter ce mardi qu’il démissionnait de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire. Je vais prendre, pour la première fois, la décision la plus difficile de ma vie », a indiqué l’ancien animateur. « Je ne veux plus me mentir. Je ne veux pas donner l’illusion que ma présence au gouvernement signifie qu’on est à la hauteur sur ces enjeux-là. Et donc je prends la décision de quitter le gouvernement. » Ce moment douloureux, de tristesse n’est sous le coup d’aucune colère, c’est un acte de sincérité », a-t-il déclaré.
– Et donc je prends la décision de quitter le gouvernement.
– Vous êtes sérieux là !?En plein direct sur France Inter, Nicolas Hulot annonce sa démission. pic.twitter.com/YIghNtTrOq
— Brut FR (@brutofficiel) August 28, 2018
Nicolas Hulot affirme qu’il n’a prévenu ni Emmanuel Macron ni Édouard Philippe, ni même son épouse, de sa décision. « Ce n’est pas forcément très protocolaire », a-t-il admis. Il précise avoir pris sa décision, » mûrie cet été », lundi 27 août au soir . Le ministre de l’Ecologie avait participé ce même jour à une réunion à l’Élysée avec des représentants des chasseurs, à l’issue de laquelle Emmanuel Macron a accepté de diviser par deux le prix du permis national de chasse, et a dessiné les contours d’une vaste réforme de la chasse, suscitant l’inquiétude des défenseurs de l’environnement.
j’estime n’avoir « pas réussi à convaincre »
« On ne se donne pas les moyens de nos objectifs, a déclaré l’ex numéro 3 du gouvernement, dénonçant la politique environnementale menée par l’exécutif. Le nucléaire, cette folie inutile dans laquelle on s’entête. Là aussi, je n’ai pas réussi à convaincre. » Selon l’écologiste, « la remise en cause d’un modèle agricole dominant n’est pas là, c’est toujours la recherche de la croissance à tout crin. » Il a expliqué ne pas s’être senti soutenu : « Je ne pars pas par manque d’énergie. » « J’espère que mon départ provoquera une profonde introspection sur la situation du monde« , a jouté Nicolas Hulot.
Un remaniement, mais pas dans l’immédiat
Après l’annonce de la démission du ministre de la Transition écologique, le Premier ministre, Edouard Philippe, a réagit devant les journalistes pour « remercier Nicolas Hulot » pour « son travail« . « J’ai appris ce matin la décision de Nicolas Hulot, de démissionner et j’en prends bien entendu acte« , a déclaré le chef du gouvernement. « Je voudrais d’abord remercier Nicolas Hulot parce que pendant 16 mois nous avons travaillé ensemble et j’ai aimé travailler avec lui« , a-t-il expliqué. » « La détermination du gouvernement est totale à poursuivre sur ce chemin à prendre en compte cette transition écologique, cette transformation climatique qui pose à (…) l’ensemble de l’humanité des questions qui sont centrales« , a ajouté le Premier ministre.
Edouard Philippe a annoncé mardi qu’il ferait « des propositions » dans les « jours qui viennent » à Emmanuel Macron « s’agissant de la composition du gouvernement ». « J’aurai l’occasion, au cours des jours qui viennent, de faire des propositions au Président de la République (…) s’agissant de la composition du gouvernement« , a-t-il déclaré.
Vis-à-vis de la transition écologique, la détermination du gouvernement est totale. Je ferai des propositions au Président dans les jours qui viennent pour prendre en compte cette démission. 2/2
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) August 28, 2018
Les réactions des politiques
L’Elysée
« Nicolas Hulot peut être fier de bilan« , juge l’Elysée, qui indique qu’un remaniement aura bien lieu, mais pas dans « l’immédiat. » Depuis Copenhague où il effectue une visite d’état de 2 jours, le président de la république Emmanuel Macron a réagi à la démission du numéro 3 du gouvernement. « Si j’ai choisi Nicolas Hulot, c’est entre autres parce que c’est un homme libre, et je respecte sa liberté, a déclaré le chef de l’Etat. Je souhaite pouvoir toujours compter sur son engagement, sous une autre forme, et je respecte sa décision. » « En quinze mois, ce gouvernement a fait plus qu’aucun autre dans la même période »sur les questions écologiques, s’est défendu le chef de l’état.
Démission de Nicolas Hulot: Emmanuel Macron "respecte sa liberté" pic.twitter.com/lCvwJ5pcMD
— BFMTV (@BFMTV) August 28, 2018
Benjamin Griveaux
Première personnalité du gouvernement à réagir ce matin, Benjamin griveaux, a déclaré « regretter le départ de Hulot’ et rend “hommage” à son travail ». Le porte-parole du gouvernement a toutefois dénoncé un manque de “courtoisie” du ministre de la Transition écologique à l’égard d’Emmanuel Macron.
Benjamin Griveaux dénonce un manque de "courtoisie" de Nicolas Hulot, qui n'a pas prévenu de sa démission #BourdinDirect pic.twitter.com/Yau7zU2rEi
— BFMTV (@BFMTV) August 28, 2018
Yannick Jadot (EELV)
« Nicolas Hulot a eu du courage d’essayer de faire changer les choses à l’intérieur de ce gouvernent anti-écolo, c’est la fin d’une illusion et du bal des Tartuffes » a indiqué le tête de liste d’Europe Ecologie les Verts, aux européennes.
Jean-Luc Mélenchon (LFI)
La démission de Nicolas Hulot fonctionne comme un vote de censure contre Macron, a indiqué le chef de file des Insoumis, Jean Luc Mélenchon
Démission de Nicolas #Hulot du #gouvernement : réaction du groupe «France insoumise» à l'Assemblée nationale. https://t.co/eHUdnrzhOA
— La France insoumise (@FranceInsoumise) August 28, 2018
Benoît Hamon (Génération. s) :
« Je salue la décision courageuse de Nicolas Hulot qui dévoile la réalité du pouvoir sans précédent de l’argent et des lobbys à l’intérieur même du gouvernement qui bloque la transition écologique indispensable« , a déclaré l’ancien candidat du PS à l’élection présidentielle.
Laurent Wauquiez (LR)
« Nicolas Hulot, je ne partage pas nécessairement ses opinions, mais je peux comprendre qu’il se sente trahi comme aujourd’hui comme pas mal de Français par des promesses fortes qui avaient été faites, et le sentiment à l’arrivée que ce n’est pas très tenu », a déclaré ce matin sur RTL, le patron des Républicains.