Plan pauvreté : le défi d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a détaillé ce jeudi sa stratégie de lutte contre la pauvreté. Vingt et une mesures déclinées dans un plan doté de 8 milliards d’euros sur quatre ans, pour endiguer la « grande pauvreté » en France. Revenu universel d’activité, crèches, cantine à un euro, obligation de formation jusqu’à 18 ans … Les annonces phares du discours du président de la république.

C’est depuis le musée de l’Homme consacré à « l’évolution des sociétés » qu’Emmanuel Macron a présenté son plan destiné à enrayer la spirale de la pauvreté en France. Un lieu hautement symbolique, pour une lutte annoncée comme une priorité. Attendu depuis un an, ce dispositif va en outre tenter de redonner sa place au social dans le quinquennat. Une finalité toutefois démenti par le chef de l’état qui lors d’un discours de plus d’une heure a réfuté tout “tournant social”, déclarant vouloir mener “un combat vital pour notre pays” contre “le scandale de la pauvreté auquel nous nous sommes trop souvent habitués”.

Nous nous sommes trop souvent habitués » au « scandale de la pauvreté« , a déclaré le président qui a appelé à « lancer un combat neuf, indispensable, vital pour notre pays, celui de décider résolument de ne plus oublier personne« . »Personne n’est ‘premier de cordée’ si le reste de la société ne suit pas« , a t-il ajouté, rappelant une formule utilisée à l’automne 2017, qui à l’époque lui avait valu une « volée de bois vert ».

L’Elysée a décidé de consacrer 8 milliards d’euros sur quatre ans, dans un programme ambitieux de lutte contre la pauvreté qui s’articule autour de trois axes : la prévention de la précarité, en particulier chez les plus jeunes, l’aide à la réinsertion vers l’emploi et la simplification du système de protection sociale. Ce programme est composée en partie d’annonces nouvelles, mais aussi d’autres déjà actées.

Un « revenu universel d’activité » en 2020

Pour Emmanuel Macron « le maquis des aides existantes ne permet pas de sortir de la pauvreté« . « Je souhaite créer par une loi en 2020 un revenu universel d’activité qui fusionne le plus grand nombre possible de prestations et dont l’État sera entièrement responsable » a t-il déclaré. Ce revenu universel serait une fusion de plusieurs prestations sociales afin de « garantir un seuil minimal de dignité » à tous.

Selon les précisions apportées par la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, il sera attribué « sous condition de ressources », et « contiendra au minimum le RSA, les APL et la prime d’activité ». Les personnes en bénéficiant auront droit à un accompagnement, assorti de “devoirs”. “Un contrat d’engagements et de responsabilités réciproques sera généralisé et signé”, avec pour ses bénéficiaires, l’”obligation d’inscription dans un parcours d’insertion qui empêche de refuser plus de deux offres raisonnables d’emploi ou d’activité”, a précisé Emmanuel Macron.  Sans attendre l’échéance de 2020, le président invite les collectivités intéressées à expérimenter le dispositif.

La création d’un « service public de l’insertion »

Emmanuel Macron a également souhaité que l’État aide les départements à mieux accompagner les personnes les plus éloignées de l’emploi, notamment bénéficiaires du RSA, en créant un « service public de l’insertion« . « C’est le seul moyen de garantir l’universalité des droits » alors que le système est « aujourd’hui trop éclaté« , « inégal territorialement« , a détaillé le chef de l’État, souhaitant qu’à partir du 1er janvier « chaque personne qui s’inscrit au revenu de solidarité active (RSA) puisse avoir un rendez-vous dans le mois », dans « un lieu unique« , pour bénéficier d’un accompagnement.

Une hausse du nombre de contrats d’insertion par l’activité économique

Le chef de l’Etat entend également donner un coup de pouce à l’insertion par le travail des personnes très éloignées de l’emploi. Sur le quinquennat, le nombre des contrats  d’insertion par l’activité économique (IAE), sera porté de 100.000 à 240.000. Quelque 500 millions d’euros seront par ailleurs débloqués pour l’accompagnement individualisé.

Des mesures de prévention de la précarité chez les plus jeunes

Le plan prévoit d’ouvrir davantage les crèches aux enfants de quartiers prioritaires ou défavorisés, via des bonus financiers aux collectivités. Un Fonds d’innovation sociale sera consacré à l’amélioration des modes de garde, notamment les crèches qui « n’accueillent que 5% des enfants des quartiers défavorisés » a déploré Emmanuel Macron, qui a précisé qu’un “bonus” pour les crèches en accueillant davantage sera mis en place. L’Etat limitera en outre à 10% le reste à charge des communes défavorisées pour la construction de crèches. Pour soutenir financièrement les parents, les aides à la garde d’enfant seront versées immédiatement.

Des repas dans les cantines à un euro

Emmanuel Macron a souhaité un « accès  universel » à la cantine pour les enfants les plus défavorisés « en développant  les repas à un euro« . Des petits-déjeuners seront par ailleurs proposés aux élèves d’écoles primaires situées en zone d’éducation prioritaire, « afin de s’assurer que tous les enfants commencent la  journée dans les mêmes conditions« . « Ça parait des détails, ancillaires à certains ou ridicules, c’est tout sauf ça« , a indiqué le président. « La vie c’est des détails, et progressivement le glissement s’installe à travers ces détails« , a-t-il estimé.

L’obligation de formation portée à 18 ans

Pour les jeunes, l’obligation de formation passera de 16 à 18 ans, à partir de la rentrée 2020, pour lutter contre le décrochage. Des moyens supplémentaires seront par ailleurs attribués aux missions locales pour qu’elles repèrent les « décrocheurs » du système scolaire et leur proposent des formations.

En outre, le dispositif « garantie jeune », pour les 16-25 ans les plus éloignés de l’emploi, sera étendu à  500 000 jeunes avant la fin du quinquennat, contre 100 000 actuellement. L’État nouera enfin une « contractualisation » avec les départements pour que les mineurs suivis par l’aide sociale à l’enfance continuent à l’être jusqu’à leurs 21 ans, et non leurs 18 ans comme c’est le cas aujourd’hui.

 

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