Emmanuel Macron en visite en Algérie

Quand :
25/08/2022 – 27/08/2022 Jour entier
2022-08-25T00:00:00+01:00
2022-08-28T00:00:00+01:00
Où :
Alger
Alger
Algérie

Emmanuel Macron, se rend de ce jeudi 25 août au samedi 27 en Algérie. Il s’agira de son deuxième voyage dans le pays, après une visite d’une douzaine d’heures, sous la présidence Bouteflika, en décembre 2017, au début de son premier quinquennat. Le chef de l’État sera accompagné d’une délégation de presque cent personnes dont une demi-douzaine de ministres et un grand nombre de personnalités du monde économique et social. Parmi ces dernières, on notera la présence de Jean-Pierre Chevènement, de Jack Lang, qui préside l’Institut du monde arabe, et d’Arnaud Montebourg, dont la mère est native d’Oran.

Relancer la relation franco-algérienne

Une visite à l’invitation du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, destinée à relancer le partenariat entre les deux pays après plusieurs mois de crise. “Ce déplacement contribuera à approfondir la relation bilatérale tournée vers l’avenir au bénéfice des populations des deux pays, à renforcer la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux et à poursuivre le travail d’apaisement des mémoires“, a déclaré la présidence française.

Une visite tournée vers “la jeunesse et l’avenir“ selon l’Élysée. Le président français entend faire de cette deuxième visite en Algérie,  celle du “renouvellement“ de la relation afin de la  “tourner vers l’avenir“, indique la Présidence. Emmanuel Macron aura des entretiens à trois reprises avec le président Tebboune, dont un qui réunira également le ministre des Armées, Sébastien Lecornu et le chef d’état-major des armées, le général Burkhard. Il sera notamment question de la situation au Sahel et des conséquences dans la région de la guerre en Ukraine.

Paris et Alger espèrent ainsi tourner la page d’une série de malentendus et tensions qui ont culminé avec le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en octobre 2021 après des propos du président français sur le système “politico-militaire“ algérien et la nation algérienne. 

Quels enjeux ?

Ce déplacement intervient au terme d’une séquence chargée de symboles avec notamment le 60e anniversaire des Accords d’Evian (18 mars 1962), qui ont mis fin à plus de sept ans de guerre entre insurgés algériens et armée française, et de l’indépendance de l’Algérie (5 juillet 1962) après 132 ans de colonisation française. Le président français a depuis multiplié depuis les gestes mémoriels, reconnaissant la responsabilité de l’armée française dans la mort du mathématicien Maurice Audin ou de l’avocat nationaliste Ali Boumendjel, sans aller toutefois jusqu’à présenter des excuses pour la colonisation française.

Les relations se sont progressivement réchauffées depuis. Fin avril, le président algérien a félicité son homologue pour sa réélection et l’a invité à se rendre en Algérie. En juin, les deux dirigeants ont exprimé leur volonté d’“approfondir“ les liens entre les deux pays. Et dans une lettre au président Tebboune pour le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, Emmanuel Macron a souligné sa volonté de “poursuivre sa démarche de reconnaissance de la vérité et de réconciliation des mémoires des peuples algérien et français“.

“En choisissant Alger comme destination pour le début de son mandat, le président Macron montre que l’Algérie est en train de revenir sur la scène régionale et internationale“, relève Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. “L’Algérie ne peut pas non plus faire l’impasse sur une bonne entente avec Paris“, estime-t-il, pointant notamment l’importance du dossier du Sahara occidental aux yeux des Algériens face à leur voisin marocain.

“Ce déplacement contribuera à approfondir la relation bilatérale tournée vers l’avenir au bénéfice des populations des deux pays, à renforcer la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux et à poursuivre le travail d’apaisement des mémoires“, a indiqué de son côté, le même jour, la présidence française.

Sécurité au Sahel, coopération économique, immigration et exportations de gaz seront au menu des discussions entre le président français et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Le président est aussi, bien sûr, attendu de part et d’autre de la Méditerranée sur les sujets dits “mémoriels“. Mais les questions d’actualité sont pressantes : avec la guerre en Ukraine, l’Algérie, un des plus importants producteurs de gaz au monde, est de plus en plus courtisée, alors que l’Europe cherche à diversifier ses approvisionnements et à se sevrer du gaz russe.

Les droits humains en filigrane

Une douzaine d’organisations de la diaspora algérienne, parmi lesquelles Debout l’Algérie, Action citoyenne pour l’Algérie, Groupe Algérie Droit Devant, le Collectif des Familles de disparus en Algérie ou la Coordination des Algériens du monde – ont adressé, samedi, au président français une lettre ouverte, l’exhortant à “ne pas occulter“  lors de sa visite en Algérie,  la question de la “dégradation“ des droits humains dans ce pays, et “à ne pas cautionner cette dérive despotique du régime algérien“. « Un sujet grave qui ne doit pas être oublié“, exhortent les signataires de cette tribune.

Le programme

La première journée du voyage doit être dédiée à des rencontres avec le régime algérien. Puis Emmanuel Macron s’est fait concocter, pour la suite, un programme résolument tourné “vers l’avenir, vers la jeunesse“, selon les mots de l’Elysée. Des rencontres avec de jeunes Algériens, dont des entrepreneurs et des sportifs, sont notamment prévues et devraient laisser un peu plus de place aux imprévus. Une légère prise de risque qui illustre la volonté présidentielle d’ouvrir une nouvelle page dans les relations bilatérales et surtout de purger ce qu’un conseiller de l’Elysée qualifiait d“”incompréhensions“, mercredi.

Le chef de l’État se rendra vendredi matin, au cimetière Saint-Eugène d’Alger où reposent de très nombreux Français, chrétiens et juifs, morts avant l’indépendance du pays en 1962. Emmanuel Macron rendra hommage aux Français d’Algérie morts pour la France au côté de l’archevêque d’Alger, Mgr Jean-Paul Vesco. Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui devait l’accompagner dans cette visite, ne sera finalement pas du voyage après avoir été testé positif au Covid-19. L’entretien des cimetières européens en Algérie est une question récurrente dans les relations franco-algériennes avec près de 60 000 tombes juives, selon les chiffres du Consistoire israélite, laissées à l’abandon depuis des décennies. Un plan d’action et de coopération avait été conclu avec les autorités algériennes en 2003 avec un budget de réhabilitation de plus de 4 millions d’euros mais sa mise en œuvre dépend en grande partie des collectivités locales algériennes.

Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tabboune se retrouveront ensuite pour un déjeuner élargi avec des membres de leurs gouvernements et les chefs d’Etat-major des armées des deux pays. Les sujets de sécurité régionaux, notamment au Sahel et en Libye, seront mis sur la table. Paris espère convaincre Alger de développer son partenariat militaire avec la France, mais là encore, rien n’est simple. L’Algérie est un allié de longue date de la Russie, avec laquelle sont prévus des exercices militaires conjoints en novembre. Dans l’espoir d’encourager un changement de partenaire stratégique de l’Algérie, Macron a évoqué l’Ukraine et “l’attachement” de son pays hôte à “la souveraineté et à l’intégrité territoriale” des nations.

Le président de la République participera à une réception en l’honneur de la communauté française résidant en Algérie à la villa des Oliviers, puis il se rendra ensuite dans l’après-midi à la Grande Mosquée d’Alger, la plus importante d’Afrique, pour un moment de recueillement, où il sera accompagné du recteur de la Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz. Le chef de l’état se rendra dans la soirée à Oran.

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