Entrée au Panthéon de Joséphine Baker

Quand :
30/11/2021 Jour entier
2021-11-30T00:00:00+01:00
2021-12-01T00:00:00+01:00
Où :
Panthéon
Pl. du Panthéon
75005 Paris
France

Mardi 30 novembre, l’artiste franco-américaine, Joséphine Baker, fera son entrée au Panthéon, devenant ainsi la sixième femme, mais aussi la première femme noire, à entrer dans le temple des “Grands hommes“. Elle rejoint ainsi “l’inconnue du Panthéon“, Sophie Berthelot,  la physicienne Marie Curie, la résistante Geneviève de Gaulle-Anthonioz, l’ethnologue Germaine Tillion et la femme d’État Simone Veil.

La famille Baker demandait depuis plusieurs années cette panthéonisation. Une première campagne lancée en 2013  par l’écrivain Régis Debray qui n’avait pas abouti, avait été réactivée par l’essayiste Laurent Kupferman en 2019. Une pétition “Osez Joséphine Baker au Panthéon“ avait alors recueillie près de 38.000 signatures. “Artiste, première star internationale noire, muse des cubistes, Résistante pendant la Seconde Guerre mondiale dans l’armée française, active aux côtés de Martin Luther King pour les droits civiques aux Etats-Unis d’Amérique et en France aux côtés de la Lira (…) nous pensons que Joséphine Baker, 1906-1975, a sa place au Panthéon“, indiquait cette pétition.

Car en retenant Joséphine Baker après Simone Veil, le président Emmanuel Macron honore une nouvelle fois une femme de courage, de caractère et de combats. La France “distingue une artiste de music-hall de renommée mondiale, engagée dans la Résistance, inlassable militante antiraciste. Elle fut de tous les combats qui rassemblent les citoyens de bonne volonté, en France et de par le monde“, indiquait en août l’Élysée lors de l’annonce officielle de l’entrée au Panthéon de l’artiste franco-américaine. “Pour toutes ces raisons, parce qu’elle est l’incarnation de l’esprit français, Joséphine Baker, disparue en 1975, mérite aujourd’hui la reconnaissance de la patrie“.

Cette sacralisation “est devenue une évidence ces dernières semaines“, explique un conseiller du chef de l’Etat. “Il n’est pas un choix que Joséphine Baker ait fait qui ne fasse écho à ce que nous vivons en ce moment. Elle est un miroir devant lequel chacun peut se projeter“, ajoute-t-il. “Résistante, amoureuse de la France, volonté de transmission, combat pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King, le parcours de Joséphine Baker suffit à toute lecture uchronique“, souligne un proche du chef de l’Etat.

Femme de courage et de combats

On a fait découvrir les engagements de Joséphine Baker qui n’était connue pour certains que comme une star internationale, une grande artiste“. Mais “elle rentre au Panthéon parce qu’elle était résistante“, relève Jennifer Guesdon, une des personnalités défendant la panthéonisation. Derrière la meneuse de revue et l’icône des années 30, se cache en effet une femme “de courage et de combats“.

Dès 1939, Joséphine Baker est recruté par le capitaine Jacques Abtey, responsable du contre-espionnage de la région de Paris, comme agent de renseignement. Elle est ensuite envoyée en mission au Maroc et part en tournée au profit de la Résistance. Elle est nommée sous-lieutenant des troupes féminines auxiliaires de l’armée de l’air française. “Je n’avais qu’une seule chose en tête (…) aider la France“, déclare t-elle dans des archives de l’INA. L’artiste est à la fin de la guerre décorée de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre et de la Médaille de la Résistance.

L’ex-honorable correspondante du contre-espionnage militaire français, au service de la France libre, s’engagera par la suite activement aux Etats-Unis, à la lutte contre le racisme. En 1963, elle participera notamment aux côtés de Martin Luther King,  à la Marche pour les droits civiques.

La cérémonie

Un cénotaphe dans le caveau 13 de la crypte

La cérémonie a été préparée “dans les moindres détails“ avec la famille très nombreuse de Joséphine Baker, qui avait adopté 12 enfants, dont 11 sont toujours vivants. Selon la volonté de ses héritiers, le corps de Joséphine Baker restera à Monaco, au cimetière marin, où l’artiste est enterrée avec son dernier mari et l’un de ses enfants. Même si un cercueil sera porté pour la célébration, “Ce sera un cénotaphe, avec une plaque, comme pour Aimée Césaire et d’autres personnalités“, qui sera installé dans le caveau 13 de la crypte. “L’important, c’est de marquer sa présence au Panthéon“, indique l’un de ses enfants. Ce cénotaphe, contient de la terre provenant de quatre lieux emblématiques de la vie de l’artiste : Saint-Louis aux États-Unis où elle est née, Paris, Monaco et les jardins du château des Milandes, où elle a résidé pendant 15 ans. Il sera déposé dans le même caveau, le XIII, que l’écrivain Maurice Genevoix, entré au Panthéon en novembre 2020.

Le cercueil qui comme tous les autres, portera la seule mention du nom et des dates de naissance (1906) et de décès (1975) de l’artiste sera porté par des militaires de l’armée de l’Air, en hommage au passé de résistante de Joséphine, ainsi que son engagement en 1944 et 1945. Il sera descendu vers la crypte au son de la musique de Pascal Dusapin, composée au moment de la panthéonisation de Maurice Genevoix et de “Ceux de 14“.

Le déroulé

La cérémonie débutera aux alentours de 17h30. Un hommage que la famille de l’artiste a souhaité “populaire et festif“. Comme le prévoit le rituel de la panthéonisation, le cercueil, porté par des militaires, remontera la rue Soufflot, la Marseillaise sera jouée par la Garde Républicaine et les choeurs de l’armée et des enfants chanteront un air de la diva. Une projection vidéo sur la façade du Panthéon retracera les grandes étapes de la vie de l’artiste. Des extraits de chansons ou de discours seront lus par chacun de ses enfants, avant le discours d’Emmanuel Macron, puis l’ouverture des portes au son de la composition spécialement créée par le musicien Pascal Dusapin.

La cérémonie sera retransmise sur France télévision ainsi que sur TF1/LCI qui donnent rendez-vous à 17h15, pour une édition spéciale présentée par Anne-Claire Coudray et Gilles Bouleau.

Les participants

Quelque 2000 invités sont attendus. Côté officiels, outre les membres du gouvernement, ont été notamment conviés par l’Elysée, les deux derniers présidents de la République, Nicolas Sarkozy, et François Hollande, les anciens premiers ministres, les chefs de parti politique, des personnalités de la culture, parmi lesquels les patrons de salles dans lesquelles l’artiste s’est produite (Théâtre des Champs-Élysées, Bobino…). Plusieurs membres de la famille Grimaldi devrait être également présents. Les descendants de Joséphine Baker ont proposé au prince Albert de faire partie du “carré familial“, en mémoire de l’amitié qui liait sa mère et Joséphine Baker.

Côté famille, 70 personnes sont attendus, auxquelles il faut ajouter des amis, des proches et des personnes qui se sont mobilisées au fil du temps pour cette reconnaissance nationale de Joséphine Baker.

Côté public, mille personnes devraient être autorisées à entrer dans la vaste nef du Panthéon, en dépit des restrictions sanitaires. Mille autres seront assises dans des tribunes couvertes, à l’extérieur. Le grand public, lui, pourra assister à la remontée du convoi, depuis le bas de rue Soufflot jusqu’au monument. Le Panthéon sera par ailleurs ouvert gratuitement, les 4 et 5 décembre, pour permettre à ceux qui le souhaitent de descendre dans la crypte.

 

Posted in .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *