Hommage à Gisèle Halimi

Quand :
08/03/2023 Jour entier
2023-03-08T00:00:00+01:00
2023-03-09T00:00:00+01:00
Où :
Palais de justice de Paris
10 Bd du Palais
75001 Paris
France

Un hommage national à l’avocate Gisèle Halimi est rendu par Emmanuel Macron ce mercredi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, a indiqué l’Élysée. Le chef de l’État prononcera un discours à 16 heures lors d’une cérémonie au Palais de justice de Paris.

Un hommage déjà repoussé à trois reprises. À la mort de celle que l’on qualifiait “d’irrévérencieuse“, son entrée au Panthéon souhaitée par des associations féministes sera vite enterrée par le président. Malgré l’appel en ce sens de soixante-seize parlementaires de la majorité au mois de novembre 2022., Emmanuel Macron avait alors annoncé le 4 septembre 2020 qu’un hommage national serait rendu “prochainement“ à Mme Halimi dans la cour des Invalides.

Un an après, le président tweete le jour de l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker que Gisèle Halimi ne sera pas oubliée, puisque la Nation lui rendra hommage “début 2022“. Mais toujours rien, alors que les hommages rendus aux “grands hommes“ dans la cour des Invalides se succèdent : de Jean Daniel, Jean d’Ormesson, en passant par Jean-Paul Belmondo, tous y ont droit, dans la foulée de leur disparition. Finalement, le 2 mars dernier, Emmanuel Macron annonçait qu’à l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, un hommage national sera rendu à l’avocate dans la salle de la première chambre de la cour d’appel de justice de Paris.

Un hommage qui fait polémique

Serge Halimi, l’un des fils de Mme Halimi a annoncé qu’il refusait de se rendre à l’hommage organisé ce mercredi pour sa mère, mettant en avant le calendrier politique et social. “Je n’y participerai pas“, a t-il réagi ce week-end. “La décision de l’Élysée intervient alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste dont les femmes qui occupent les métiers les plus difficiles seront les premières victimes“, détaille-t-il dans une déclaration à l’AFP. “Ma mère aurait défendu leur cause et manifesté à leurs côtés. Le 8 mars, ce sera la meilleure façon d’honorer sa mémoire et ses combats », a ajouté l’ancien directeur de la rédaction du journal Le Monde diplomatique, qui a précisé n’avoir “jamais eu de contact avec l’Elysée, ni avec aucun officiel, depuis le décès de (sa) mère“.

Même réaction du côté de l’association “Choisir la cause des femmes, fondée par Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir. “Le choix que vous opérez en organisant en dernière minute cet hommage national à la féministe Gisèle Halimi, ce 8 mars 2023, nous semble relever d’une instrumentalisation politique. Elle ne trompera personne“, estime l’association dans un communiqué. “Le 8 mars, une grève des femmes prendra le relais pour dénoncer à son tour une réforme particulièrement injuste pour elles“, assure Violaine Lucas sa présidente, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron. Contactée par France Inter, elle dénonce le fait d’avoir été prévenue tardivement de l’organisation de cet hommage, demandé de longue date par les militantes féministes. “On a été mis devant le fait accompli devant cette invitation en dernière minute“ indique t-elle.

Un procès récusé par l’Elysée

L’Élysée a rejeté lundi 6 mars le “procès“ fait par Serge Halimi contre l’hommage national que rendra le président à sa mère, en cette Journée internationale des droits des femmes. Le 8 mars “fait écho à tous les combats qu’a menés Gisèle Halimi“, rétorque un conseiller de l’Élysée pour justifier cette date. “Ce procès qui est fait n’engage que ses auteurs et je les renvoie à leur conscience“, a-t-il ajouté. “Le président de la République, lui, ne lie pas l’actualité à la figure de Gisèle Halimi“, ce serait “hors sujet“.

La constitutionnalisation de l’IVG

Selon ce même conseiller, Emmanuel Macron évoquera “une figure qui a su faire vivre les idéaux hérités des Lumières“ et notamment ses combats “contre la colonisation et la guerre d’Algérie“, “contre la peine de mort“, ou encore pour “la légalisation de l’IVG“.

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Alors qu’un processus législatif est en cours pour inscrire dans la Constitution le “droit“ ou la “liberté“ des femmes à recourir à l’interruption volontaire de grossesse, ce même conseiller élyséen suggère d’être “très attentif “  à ce que dira Emmanuel Macron à ce sujet. Après le vote favorable du Sénat le 1er février sur la proposition de loi constitutionnelle visant à l’inscription de ce droit dans la Constitution, le président pourrait en dire plus sur ses intentions. Depuis ce vote, les cadres de la majorité attendent que le chef de l’État s’empare personnellement du sujet. Au moins deux options s’offrent à lui en cas de vote conforme des deux Chambres : choisir de réunir le Congrès pour faire adopter un projet de loi constitutionnel, ou soumettre un texte au référendum.

Une panthéonisation toujours d’actualité

“Le chemin vers (la) panthéonisation“ de Gisèle Halimi reste d’actualité, confirme à France Inter l’entourage du chef de l’Etat. “C’est un chemin de temps long“, précise-t-on. Son entrée au Panthéon est réclamée par des associations féministes et des responsables politiques depuis plusieurs années. Une pétition a rassemblé plus de 35.000 signatures. La procédure est en cours d’examen par la commission “Mémoire et vérité“ mise en place par l’Élysée dans la foulée du rapport Stora. Reste que cette entrée dans la “Maison des grands hommes“  fait toujours polémique. Car pour Emmanuel Macron, panthéoniser Gisèle Halimi, pourrait revenir à se fâcher avec au moins une partie des descendants de harkis.

Avocate à l’époque de certains membres du Front de libération nationale (FLN), le mouvement pour l’indépendance de l’Algérie, Gisèle Halimi est en effet accusée de mépris envers les harkis, ces Algériens engagés dans l’armée française pour combattre le FNL. En janvier 2021, un collectif de filles et femmes de harkis a appelé à ne pas faire entrer la célèbre avocate au Panthéon. “Gisèle Halimi, qui a affiché en plusieurs autres occasions son mépris pour les harkis, n’est pas une femme de réconciliation“, jugeaient-elles dans Le Figaro.

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