Rishi Sunak à Paris pour un sommet franco-britannique

Quand :
10/03/2023 Jour entier
2023-03-10T00:00:00+01:00
2023-03-11T00:00:00+01:00
Où :
Palais de l'Elysée
155 Rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
France

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, effectuera sa première visite en France le 10 mars à l’occasion d’un sommet franco-britannique qui portera notamment sur la sécurité, l’énergie et l’immigration, a annoncé l’Elysée. L’idée de ce sommet a été évoquée par les deux dirigeants lors de leur premier appel téléphonique en octobre 2022. “Il s’agira de la première rencontre de ce type depuis 2018“, ont précisé la présidence française et Downing Street. Outre les ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur, les détenteurs des portefeuilles de l’Économie, de l’Énergie, de l’Environnement et des Transports verront chacun leur homologue dans la matinée avant de retrouver le chef de l’État et le Premier ministre britannique en début d’après-midi.

Relancer l’Entente

Après des années de querelles et de discorde – lorsque Boris Johnson, puis brièvement Liz Truss étaient Premiers ministres, Paris espère restaurer les relations avec Londres, sous l’égide de Rishi Sunak, locataire du 10 Downing street depuis le mois d’octobre. Le sommet franco-britannique qui se tient ce vendredi à l’Élysée vise à tourner la page d’une relation bilatérale abîmée par le Brexit. ​“Le monde a changé depuis 2018. Ce sommet vise vraiment à ouvrir un nouveau chapitre dans notre relation et doit permettre d’acter ce réchauffement autour de quelques grands principes“, indique la présidence française.

Il sera l’occasion pour les deux dirigeants d’approfondir la coopération entre le Royaume-Uni et la France dans de nombreux domaines, parmi lesquels l’immigration, la Défense, le climat et l’énergie, l’économie, la jeunesse et la politique étrangère.

Un renforcement de la lutte contre l’immigration

C’est un dossier hautement sensible au Royaume-Uni, où les conservateurs au pouvoir promettent depuis le Brexit de “reprendre le contrôle“ des frontières. Lors de leur première rencontre en marge de la COP27 à Charm-el-Cheikh en Égypte, le 7 novembre 2022, Rishi Sunak avait affirmé vouloir “coopérer étroitement“ avec la France sur l’immigration. Depuis cette date, Paris et Londres ont signé un accord prévoyant notamment une enveloppe britannique de 72 millions d’euros à la France en 2022-2023 pour augmenter de 800 à 900 le nombre des policiers et gendarmes sur les plages françaises. Plus de 45 000 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises en 2022 en traversant la Manche sur des embarcations de fortune, un chiffre record malgré les projets successifs des gouvernements britanniques pour lutter contre ce phénomène.

Vers une coopération en matière de défense ?

Lors de cette rencontre, il sera également question de coopération dans le domaine de la défense. “Si nos armées travaillent main dans la main depuis très longtemps, le Brexit a endommagé notre partenariat militaro-industriel“ indique Peter Ricketts, l’ancien directeur national du renseignement britannique. La relation bilatérale entre les deux pays a il est vrai traversé une vive crise après l’alliance Aukus conclue en septembre 2021 entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie qui s’est traduite pour la France par la perte d’un mégacontrat de sous-marins avec Canberra. Malgré la “trahison“ américano-­britannique, il s’agira donc lors de ce sommet de relancer la coopération entre Paris et Londres, en en rehaussant les ambitions.

Emmanuel Macron a souligné  sa volonté de renforcer le partenariat de défense avec le Royaume-Uni, gravé dans le marbre par le Traité de Lancaster House en 2010, mais mis en sourdine depuis le Brexit.“Je souhaite que nous reprenions activement le fil de notre dialogue sur les opérations, les capacités, le nucléaire et le domaine hybride“, a déclaré le président français le 9 novembre dernier, en présentant la nouvelle stratégie française en matière de défense. De son côté, “Rishi Sunak a compris qu’il fallait changer le mode de relation avec l’Europe et il a choisi la France pour être le premier pays de cette reconnexion“, confie au JDD une source au cœur du dossier.

Les accords de Lancaster House promettaient un renforcement significatif de la coopération entre la France et le Royaume-Uni en matière en défense, tant sur le plan industriel que sur celui des opérations. Ils ont instauré une coopération sur les missiles, le partage des capacités de simulation dans le domaine des armes nucléaires (programme Teutates) ou encore la création d’une Force expéditionnaire interarmées combinée (CJEF), prévoyant le déploiement de 10 000 militaires. Cependant, douze ans plus tard, leur bilan est contrasté.

L’Ukraine au coeur de la rencontre

L’Ukraine, et la défense de son territoire et de sa démocratie face à la Russie, sera également au coeur des échanges de ce sommet. Depuis que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky s’est rendu à Londres puis à Paris et à Bruxelles il y a un mois, la France et le Royaume-Uni, dans l’Otan et en format bilatéral, se concertent au quotidien sur les meilleurs moyens d’aider l’Ukraine à résister à l’imperium russe. “Il est absolument clair que la place de l’Ukraine sera primordiale dans le communiqué final “ souligne à ce titre une source diplomatique en amont du sommet.

Ce sommet sera également l’occasion d’évoquer la lutte en commun contre le dérèglement climatique, le secteur  des transports, des entreprises, avec des annonces attendues d’investissements de part et d’autre – dont la confirmation de la création d’un incubateur de CMA CGM à Manchester –, de l’énergie, avec la perspective de nouvelles interconnexions entre les deux pays.

Le communiqué conjoint, toujours en cours de négociation, devrait insister sur la solidarité franco-britannique vis-à-vis de l’Ukraine, souligner de nouveaux champs de coopération dans le domaine militaro-stratégique et dans l’industrie de défense, inaugurer de nouvelles bases de partenariat dans le nucléaire civil et les énergies décarbonées et recréer de nouveaux liens pour que les deux sociétés puissent continuer à s’enrichir l’une l’autre sans tracasseries administratives liées au Brexit.

 

 

 

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