
Entrée au Panthéon de Robert Badinter
Ce jeudi 9 octobre, l’ancien garde des sceaux, Robert Badinter fera son entrée au Panthéon. Un hommage de la République à celui qui restera associé au combat pour l’abolition de la peine de mort. Veillée funèbre, musiques, discours, invités… Le programme de la cérémonie.
Quarante-quatre ans jour pour jour après l’abolition de la peine de mort, Robert Badinter sera inhumé au Panthéon, ce jeudi 9 octobre. Après le couple Manouchian, Joséphine Baker, Maurice Genevoix et le couple Veil, l’ancien garde des sceaux sera la septième personnalité à rejoindre la nécropole laïque des “Grands Hommes“ français, depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. “Alors s’ouvre le temps de la reconnaissance de la nation, aussi votre nom devra s’inscrire avec ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France et vous attendent au Panthéon“, avait déclaré le chef de l’État lors de l’hommage national rendu à l’avocat après sa disparition, le 9 février 2024 à l’âge de 95 ans.
🇫🇷 « Votre nom devra s’inscrire aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France et vous attendent au Panthéon. »
➖ Emmanuel Macron, hommage national à Robert Badinter, 14 février 2024. pic.twitter.com/hhyEwjzx1I
— Prisca THEVENOT (@priscathevenot) February 14, 2024
Cette cérémonie doit rassembler de nombreuses personnalités : le Premier ministre Sébastien Lecornu, des membres du gouvernement, des anciens ministres et Premiers ministres, les présidents des assemblées parlementaires, Gérard Larcher, et Yaël Braun-Pivet, des députés et sénateurs… Sont également conviés, les invités personnels d’Élisabeth Badinter et de sa famille, ceux d’Emmanuel Macron, ainsi que de nombreux scolaires, venant pour la plupart d’établissements qui portent le nom de Robert Badinter. Les élus du Rassemblement national et de La France insoumise seront en revanche persona non grata, comme l’avait souhaité l’an dernier Élisabeth Badinter, à l’occasion de l’hommage national rendu à l’ancien ministre de la Justice.
Une vie d’engagements
Celui que l’Assemblée Nationale qualifie de “conscience de la République“ dans la biographie qu’elle consacre à l’ancien ministre de la justice, a conjugué toute sa vie un haut sens de la justice, combattant avec acharnement toutes les formes de discrimination, au premier chef desquelles, l’antisémitisme. Son nom restera associé à de grands combats. Au premier titre, l’abolition de la peine de mort en 1981, dont il fut l’ardent défenseur, mais aussi la dépénalisation de l’homosexualité votée par l’Assemblée Nationale le 26 juillet 1982, ou encore la suppression des tribunaux d’exception. “Robert Badinter incarne ce qu’est l’Etat de droit, associé à l’idée profonde de justice, elle-même associée aux idéaux portés par la déclaration des Droits de l’Homme“, explique l’Elysée. “Avec cette panthéonisation“ c’est aussi l’avocat, le président du Conseil constitutionnel et le sénateur qui est honoré“, ajoute la présidence de la République.
Robert Badinter, une vie d’engagements. L’entrée au Panthéon de l’ancien ministre de la Justice, le 9 octobre 2025, célèbre sa détermination à abolir la peine de mort. Au-delà de ce combat, sa vie témoigne des tragédies et des espoirs de notre XXe siècle https://t.co/mkejazuHTe pic.twitter.com/rMvTjuVtFL
— Florence Labbé (@flolabbe) October 5, 2025
8 octobre : une veillée funèbre au Palais Royal
A l’initiative du Conseil constitutionnel, dont il fut un des membres, une veillée funèbre autour de la dépouille de Robert Badinter se tiendra la veille de la cérémonie d’entrée au Panthéon, au Palais Royal. Ouverte au public, cette veillée débutera vers 17 heures jusqu’à minuit, puis reprendra le jeudi matin jusqu’en milieu d’après-midi.
9 octobre : la cérémonie de panthéonisation
C’est à la nuit tombée, jeudi 9 octobre, que Robert Badinter rejoindra le temple de ceux auxquels la patrie doit reconnaissance. La cérémonie doit débuter vers 19 heures et est prévue pour durer une heure. Elle suivra “le scénario traditionnel“, a indiqué l’Élysée. Le cercueil de l’ancien garde des Sceaux remontera ainsi la rue Soufflot jusqu’au Panthéon, un parcours rythmé par “trois temps forts“, faisant écho au cheminement personnel et politique de Robert Badinter. D’abord la “mémoire“ de celui dont le père fut “victime de l’antisémitisme et du nazisme“, puis, “la justice“ pour cet homme “qui incarne ce qu’est l’État de droit“, et enfin l’abolition de la peine de mort, “un saut civilisationnel majeur dans l’histoire de la justice de notre pays“, a indiqué l’Élysée.
“L’assassin assassiné“ interprété par Julien Clerc
Ces différentes étapes seront rythmées par des intermèdes musicaux, puisant chez les compositeurs favoris de Robert Badinter “Il y aura notamment du Schubert“, indique l’Elysée. Mais le temps fort de la cérémonie sera l’interprétation par Julien Clerc d’une nouvelle version de sa chanson L’assassin assassiné. Composée par Jean-Loup Dabadie après que le chanteur a assisté au procès du meurtrier récidiviste Norbert Garceau, auquel l’avocat Badinter, réussit à éviter la guillotine, cette chanson sortie en 1980 est un plaidoyer contre la peine de mort.
Des lectures de plaidoyers et de discours prononcés par Robert Badinter
Des textes seront également lus lors de la cérémonie, dont des plaidoiries de l’avocat, inlassable défenseur de l’État de droit, qui sauva plusieurs condamnés de la guillotine. Mais aussi des discours de l’homme politique qui, nommé ministre de la Justice par François Mitterrand, demanda à la tribune de l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981, et obtint l’abolition de la peine de mort en France. Parmi les artistes qui retraceront la vie de Robert Badinter, Marina Hands et Guillaume Gallienne. L’ancien sociétaire de la Comédie française aura pour mission de lire un passage du deuxième tome des Choses vues de Victor Hugo finissant par cette phrase somptueuse que l’on croirait écrite spécialement pour Robert Badinter : “Heureux si l’on peut un jour dire de lui : En s’en allant il emporta la peine de mort“. Ce texte, comme d’autres, a été choisi par la veuve de l’ancien garde des sceaux, la philosophe Élisabeth Badinter qui a été associée de très près aux préparatifs de cette panthéonisation.
Un discours d’Emmanuel Macron
Le cercueil de Robert Badinter sera ensuite accueilli par le président de la République sous la nef du Panthéon. Le chef de l’Etat prononcera un discours de 15 à 20 minutes. Un “mapping“, c’est-à-dire une projection vidéo sur la façade du Panthéon, qualifiée par l’Élysée d’“‘œuvre exceptionnelle“ , viendra clôturer cette journée.
10 octobre : installation dans le caveau des révolutionnaires de 1789
C’est le lendemain, vendredi 10 octobre, que le cercueil vide de Robert Badinter sera installé dans l’une des cryptes du Panthéon. D’après Public Sénat, le cénotaphe sera installé dans le caveau n°VII, celui des révolutionnaires de 1789, rejoignant ainsi ceux de Condorcet, l’abbé Grégoire et du mathématicien Gaspard Monge. Une manière de parfaire la filiation avec François Mitterrand, qui avait panthéonisé ces trois figures en 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution.