Ce qu’il faut retenir de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu

Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a déroulé cet après-midi sa feuille de route, sur fond de menaces de censure des oppositions. Ce qu’il faut retenir de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu.

C’était le discours de la dernière chance. Quatre jours après avoir été reconduit dans ses fonctions, le premier ministre a prononcé, ce mardi après-midi, une déclaration de politique générale (DPG) devant l’Assemblée nationale, livrant pendant une quarantaine de minutes le détail de sa feuille de route aux députés, dans un contexte politique inédit.

“La crise de régime n’aura pas lieu“

Cherchant à rassurer les Français, le chef  du gouvernement a assuré en préambule de sa déclaration de politique générale que la “crise de régime“ n’aura “pas lieu“, grâce “aux institutions de la Ve République et à ses soutiens“ tout en jugeant qu’il “faut savoir tirer les bienfaits“ de la “crise parlementaire.“

Le Parlement aura le dernier mot

Face à une Assemblée dépourvue de majorité, mais qui “est le fruit du choix des Français“ et “n’a jamais été aussi représentative des Français“, le premier ministre a détaillé sa méthode. “Le gouvernement proposera, nous débattrons, vous voterez. Partager le pouvoir avec le Parlement est incontestablement une rupture“, a-t-il affirmé. Y compris sur le budget : “Le gouvernement présente le budget, le Parlement l’examine, le modifie“, a-t-il ajouté.

Le chef du gouvernement s’est par ailleurs de nouveau engagé à ne pas recourir à la méthode forte. “C’est la garantie pour l’Assemblée nationale que le débat vivra, ira jusqu’au bout, jusqu’au vote“, a-t-il affirmé, répétant tout au long du discours cette formule : “Sans 49.3, sans majorité absolue, le Parlement aura le dernier mot. À vous de saisir ce pouvoir qui est une chance. L’Assemblée nationale et le Sénat restent l’endroit du pouvoir de décision“, a-t-il insisté.

La réforme des retraites suspendue jusqu’à la présidentielle

Point central de cette DPG, l’annonce par Sébastien Lecornu de la suspension de la réforme des retraites “jusqu’à l’élection présidentielle“ de 2027, qui portera à la fois sur la mesure d’âge et la durée de cotisation, répondant ainsi à une exigence exprimée par les socialistes afin d’éviter la censure. “Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. “En complément, la durée d’assurance sera, elle aussi, suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028“, a assuré le locataire de Matignon.

Pour autant, le premier ministre estime que “suspendre pour suspendre n’a aucun sens“ et serait même “irresponsable“ si cela ne préfigure aucun changement. La mesure coûtera “400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027“ a prévenu M. Lecornu, ajoutant : “Elle devra donc être compensée par des économies“.

Une conférence sur les retraites

Afin de préparer préparer l’après, le Premier ministre a proposé d’organiser “dans les prochaines semaines‘, une “conférence sur les retraites et le travail en accord avec les partenaires sociaux“. “Elle se posera la question de l’ensemble de la gestion de notre système avant l’élection présidentielle“, a t-il précisé. “Suspendre la réforme n’a de sens que si c’est pour aller plus loin“. Si la conférence conclut, le gouvernement transposera l’accord dans la loi et le Parlement décidera. “Sinon, il appartiendra aux candidats à l’élection présidentielle de faire leurs propositions et aux Français de les trancher“, a t-il expliqué.

Le RN et LFI maintiennent la censure

Pour autant,  à droite et à l’extrême droite les vives oppositions ne se sont pas fait attendre. Accusant le Premier ministre de se “soumettre“ aux socialistes, le Rassemblement National a déclaré : “Il y a urgence à redonner un cap au pays.Cette censure, elle est méritée. Et elle arrive, quoi qu’il en soit, a assuré le député Sébastien Chenu. Même son de cloche du côté des Insoumis, dont la présidente du groupe, Mathilde Panot, a déclaré : “La logique des insoumis a toujours été la même. Nous ne participerons pas à votre sauvetage“

Le PS prêt à faire le pari du débat parlementaire, ouvre la voie à la non-censure

Le président du groupe PS à l’Assemblée, Boris Vallaud, a pour sa part assuré que les socialistes sont prêts à faire “le pari“ du débat parlementaire,  ouvrant la voie à la non-censure du gouvernement. “Nous prenons cette situation pour une victoire autant que pour un premier pas qui permet d’envisager les suivants : le blocage et l’abrogation“, a déclaré M. Vallaud. “Nous n’en demeurons pas moins maître d’une sanction du gouvernement, tout au long du débat budgétaire“, a t-il ajouté.

“Moins de 5% de déficit“ en 2026

Concernant le budget général, le chef du gouvernement s’est fixé un objectif : le déficit “devra être à moins de 5 %“ du PIB en 2026. “Je ne serai pas le premier ministre d’un dérapage des comptes publics“, a-t-il dit, réaffirmant que l’objectif de 5,4 % de déficit budgétaire sera respecté cette année. Un “impératif de souveraineté“ selon lui. Et d’affirmer : “Nous ne pouvons pas placer notre pays en dépendance durable de prêteurs étrangers.“ Dès 2025, nous aurons respecté les 5,4% de déficit“.

Une contribution exceptionnelle des grandes fortunes

Reconnaissant qu’il y a “des anomalies“ dans la fiscalité des très grandes fortunes, Sébastien Lecornu entend “encadrer l’optimisation fiscale“. Il a indiqué souhaiter la création d’une “contribution exceptionnelle des grandes fortunes“, des Français les plus riches dans le prochain budget, sans que le “patrimoine professionnel soit touché.“ Une réponse au Parti Socialiste qui réclame une mesure de justice fiscale.

Les autres annonces

Décentraliser les responsabilités

Appelant à “décentraliser des responsabilités avec des moyens budgétaires et fiscaux et des libertés, y compris normatives“, Sébastien Lecornu a promis un nouvel “acte de décentralisation“. Le Premier ministre déposera en décembre, un projet de loi “pour renforcer le pouvoir local “.

Nouvelle-Calédonie 

Sébastien Lecornu a enfin évoqué l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, affirmant qu’il demanderait au Parlement de se positionner “avant la fin de l’année“, pour retranscrire l’accord de Bougival sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, dans la Constitution.  “L’accord de Bougival permet un chemin de réconciliation. Il doit être transcrit dans la Constitution. Le gouvernement proposera la discussion de ce texte avant la fin de l’année, afin que les Calédoniens puissent être consultés au printemps 2026 “ a annoncé le chef du gouvernement.

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