“10 septembre : la France à l’arrêt, l’appel au blocage général“

Né sur les réseaux sociaux au printemps, le mouvement “Bloquons tout“ appelle le 10 septembre à une journée de blocages généralisés contre la politique du gouvernement Bayrou. Soutenue par près de deux Français sur trois, la cause interroge : qui sont les partisans de ce mouvement nébuleux ? Quels sont leurs soutiens chez les politiques ? Les syndicats ? Quelles formes d’actions ce mercredi ?

Venus d’horizons divers, des appels à “tout bloquer“ en France le 10 septembre se sont multipliés ces dernières semaines sur les réseaux sociaux et les messageries cryptés, en se cristallisant autour des coupes budgétaires annoncées le 15 juillet par François Bayrou. Sur le site internet centralisant les revendications du mouvement, on peut ainsi lire : “Nous appelons toutes les personnes résidant en France métropolitaine et dans les DOM-TOM à se mobiliser contre ce budget ! Nous ne voulons pas subir leur crise. Nous voulons changer de cap, pour de bon, avec et pour le peuple. Pas contre lui“.

Selon un sondage Ipsos bva pour “La Tribune Dimanche “, publié samedi, près d’un français sur deux soutient le mouvement. Ce dernier est rejeté par 73% des sympathisants du bloc central et 57% des sympathisants du parti Les Républicains. A l’inverse, ceux de gauche lui apportent un soutien massif.

Qui sont les militants du mouvement du 10 septembre ?

Qui sont les bloqueurs ? Une étude de la Fondation Jean-Jaurès sur le mouvement du 10 septembre, tente d’en dresser le portrait-robot. Présenté à ses débuts, en juillet, comme un mouvement épars et hétérogène, mêlant influences souverainistes et messages de gauche, “Bloquons tout“, est structuré presque exclusivement autour de sympathisants de la gauche radicale, précise l’auteur de la note, Antoine Bristielle, chercheur en science politique.

Le mouvement du 10 septembre « est structuré presque exclusivement autour de sympathisants de la gauche radicale » www.lemonde.fr/politique/ar…

Citoyen du Monde 🌍☮️☯️🌎 (@levigilant.bsky.social) 2025-09-01T10:23:20.550Z

Bien que né, comme celui des “gilets jaunes“, sur les réseaux sociaux, le mouvement n’en est pas la réplique, tant s’en faut, comme le montre l’étude de la fondation Jaurès. Leur profil apparaît en effet assez éloigné des manifestants de 2019. “Bloquons tout“ rassemble, lui, des “individus fortement politisés, engagés intellectuellement et idéologiquement, avec une prédominance de préoccupations marquées à gauche ). La distance avec le mouvement des“gilets jaunes“ se retrouve par ailleurs dans la sociologie des soutiens au 10 septembre. Selon l’enquête menée par Antoine Bristielle, masculin à 56 %, le mouvement du 10 septembre s’ancre particulièrement dans les petites et moyennes communes. Les cadres et étudiants, les lycéens ou les inactifs y sont surreprésentés, là où les ouvriers et les retraités, groupes centraux parmi les “gilets jaunes“, y sont sous-représentés.

Dans le mouvement Bloquons tout le 10 septembre, des réminiscences des « gilets jaunes » mais de vraies différences

Le Monde (@lemonde.fr) 2025-09-06T18:33:11.500340+00:00

 

Quels soutiens ?

Le quitus des partis de gauche

Insoumis, Écologistes, communistes et, dans une moindre mesure, socialistes, voient tous d’un bon œil les appels de collectifs citoyens à “tout bloquer“ en France le 10 septembre. Première à se mobiliser, la France Insoumise (LFI), dont le leader, Jean-Luc Mélenchon a donné le ton dès le 30 juillet, dans son blog. Les insoumis ont planté le décor en appelant dans un texte publié le 17 août dans La Tribune Dimanche tous ceux qui partagent nos principes et notre volonté d’action pour en finir avec le gouvernement Bayrou [à] se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et à tout faire pour sa réussite. Un soutien réitéré lors des universités d’été de LFI le 22 août, au cours desquelles Jean Luc Mélenchon a formellement appelé à la grève générale, déclarant : “Il faut que le 10 septembre soit un jour de blocage général, c’est-à-dire, pour ce qui concerne le salariat, que le 10 septembre, ce soit la grève générale“. “Le mouvement du 10 septembre est un mouvement indépendant“, a estimé le 26 août le chef historique des Insoumis qui souhaite “qu’il soit appuyé par une grève générale à l’appel des syndicats“. 

Un mot d’ordre qui n’a pas manqué à faire réagir les différentes formations politiques. Dès le 20 août, la patronne des Écologistes, Marine Tondelier, a emboîté le pas des Insoumis, tout en mettant en garde contre “la récupération“ qui pourrait en être faite. Suivie par les communistes. Le Parti Socialiste (PS) a lui aussi indiqué être en soutien de la mobilisation. Lors d’un discours prononcé aux Journées d’été des Écologistes à Strasbourg, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a estimé que le mouvement qui se prépare pouvait “être massif“. “Nous devons l’accompagner“ pour “lui offrir un débouché politique“ de gauche, a-t-il déclaré.

Les syndicats en ordre dispersé

Divisés face à ce mouvement, les différentes centrales syndicales ne seront pas toutes à la manœuvre. La CFDT a pris soin de garder ses distances, déclarant le 28 août qu’elle ne manifesterait pas, au motif que ce n’est pas la méthode du syndicat réformiste de tout bloquer. Du côté de Force ouvrière (FO), pas d’appel officiel non plus à y prendre part. Ces centrales misent plutôt sur la journée de l’intersyndicale plus traditionnelle, prévue le 18 septembre. Longue à rejoindre le mouvement, la CGT, poussée par sa base, a finalement choisi le 29 août, de participer à la mobilisation. Sophie Binet, sa secrétaire générale, ayant appelé au préalable, à une “première étape réussie“ avec cette journée de mobilisation, et lancé un appel à la grève“ partout où c’est possible“, contre les mesures budgétaires de François Bayrou. L’Union syndicale Solidaires a elle aussi appelé à se mettre en grève dès le 10 septembre et à soutenir le mouvement “bloquons tout“.

Quelles formes d’actions ?

La journée de mobilisation présente une volonté de paralyser le pays via des actions de blocages de sites ou d’emprises stratégiques dans le domaine des transports, de l’énergie ou encore de l’industrie de Défense, indique une note des renseignements territoriaux cité par Le Parisien. Selon cette note, des mobilisations “dont la nature précise reste à définir“ auront bien lieu. Elles “pourraient prendre la forme de cortèges, blocages, voire d’actions de ‘sabotage“ contre des secteurs stratégiques de l’économie. L’objectif principal est “de porter la contestation sur tout le territoire avec des micros actions“.

Face à cette situation explosive, le ministre de l’Intérieur a demandé aux préfets dans une note adressée le 1er septembre, de se préparer à entraver le blocage des infrastructures essentielles. “Toute tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la Nation devra être entravée en amont et le cas échéant faire systématiquement l’objet d’un déblocage dans les délais les plus brefs“, écrit Bruno Retailleau. La dynamique du mouvement inquiète particulièrement avec la multiplication des actions préparatoires “en tous points du territoire, dans les villages comme dans les grandes agglomérations“.

La note choc de Bruno Retailleau aux préfets pour éviter la paralysie de la France le 10 septembre🗞️ Le Figaro – 🕐 04/09 17:32#actu #news #presse #lefigaro

Actus FR (@actusfr.bsky.social) 2025-09-04T19:45:47+00:00

Des blocages multiformes

Sont évoqués pêle-mêle, le blocage d’universités, de gares, d’aéroports, de sites ferroviaires mais aussi d’axes de circulation, de raffineries, de dépôts de la grande distribution comme Amazon, des opérations péages gratuits ou de chariots gratuits dans les supermarchés. Les industries de Défense sont également dans le viseur des manifestants puisque l’un des morts d’ordre du 10 septembre est de faire “la guerre à la guerre“. En région Ile-de-France, outre un blocage du périphérique, les autoroutes franciliennes figurent en première ligne des cibles des manifestants sur les boucles Telegram du mouvement. Sont aussi cités, des sabotages de radars automatiques, de distributeurs de billets. Afin de créer un “confinement de la machine économique“, le collectif soumet quelques pistes : “retirer une partie de son salaire ou de ses économies de la banque, retirer un maximum d’espèces“. Des “actions coup de poing“ privilégiées par le mouvement, par rapport à des formes plus classiques- mobilisation de voie publique ou manifestations traditionnelles, peu prisées des contestataires, comme le révèle la note des renseignements.

10 septembre : un appel à boycotter la carte bancaire, pour quoi faire ?

Médias 🇫🇷 (@mediasfr.skyfleet.blue) 2025-09-02T17:55:50.435Z

Des grèves annoncées

Les transports pourraient être particulièrement affectés. La journée du 10 septembre s’annonce difficile dans les transports franciliens. Dans un communiqué, la CGT-RATP, FO-RATP, l’Unsa-RATP et la CFE-CGC RATP appelle à la mobilisation. Côté ferroviaire, SUD-Rail et la CGT Cheminots ont annoncé leur participation. Concernant l’aérien, Sud-Aérien appelle à des grèves et à des blocages. Principal syndicat représentatif chez les fonctionnaires, la CGT fonction publique appelle elle aussi à la grève et à “tout bloquer“ le 10 septembre.

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