Élection du pape : les coulisses du 26e conclave

Dix-sept jours après la mort du Pape François, quelque 133 cardinaux électeurs se réuniront, à huis clos à partir du 7 mai, pour désigner le 267e souverain pontif. Isolement total, secret absolu… Les coulisses d’un rite ancestral.

C’est à n’en pas douter l’un des moments les plus solennels pour les membres de l’Église catholique. Le conclave pour élire un successeur au pape François, décédé le 21 avril à l’âge de 88 ans, débutera à huis clos dans la chapelle Sixtine à compter du mercredi 7 mai.

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La Croix (@la-croix.com) 2025-04-30T18:19:51.499Z

Les tractations ont toutefois commencé. Dès le lendemain des funérailles du souverain pontif, les cardinaux électeurs se sont réunis tous les jours en congrégation générale avec les cardinaux plus âgés pour préparer “l’entrée en conclave“. Objectif : dresser le portrait robot du candidat et du successeur idéal et mettre sur table les défis qui attendent l’église.

Les cardinaux électeurs se retrouveront ce 7 mai, à 10 heures dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, afin de prendre part à la messe votive “Pro Eligendo Romano Pontifice“. Le conclave débutera officiellement dans l’après-midi à 16h30 avec un temps de prière auquel ils participeront dans la chapelle Pauline du Palais apostolique. Puis, en habit de chœur, ils iront en procession solennelle jusqu’à la chapelle Sixtine, au chant de la Litanie des saints, avant de prêter serment. Une fois les cardinaux tous entrés dans la Chapelle Sixtine, les portes se fermeront, le cardinal qui préside le conclave prononcera alors “extra omnes“ , “Dehors tous !“.

133 cardinaux électeurs

Seuls les cardinaux de moins de 80 ans participeront au vote, selon les règles définies par Jean-Paul II. Les 119 cardinaux vétérans, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent pas voter, jouent toutefois un rôle important dans l’élection du futur souverain pontife. Ils ont pour la plupart déjà vécu et participé à un conclave, ce qui leur donne une forme d’autorité face aux autres cardinaux qui n’ont jamais pris part à un événement de cette envergure. Sur les 135 cardinaux que compte le collège sacré, seuls 133 seront présents. Le 29 avril, la salle de presse du Saint-Siège a annoncé que deux cardinaux électeurs se sont désistés, sans préciser leur identité.

Parmi ces cardinaux électeurs, 108 ont été nommés par le pape François (80% du collège sacré), qui a donné ainsi plus de poids à l’Asie et à l’Afrique. Les cardinaux électeurs créés par Jean-Paul II ne sont plus que cinq, et ceux qui l’ont été par Benoît XVI, vingt-deux. Malgré un certain rééquilibrage Nord-Sud depuis 2013, la répartition géographique reste inégale au sein du collège des électeurs, qui compte désormais : 53 Européens (dont 17 Italiens), 23 Asiatiques, 23 cardinaux d’Amérique du Sud ou centrale, 18 Africains, 14 Américains du Nord (États-Unis et Canada) et quatre Océaniens. L’Europe qui compte le plus de cardinaux électeurs (51) et de non-électeurs (61), est aussi la région du monde qui compte le plus de favoris.

Le plus jeune cardinal électeur est le Mikola Bychok, 45 ans, le plus âgé l’espagnol Carlos Osoro Sierra, 79 ans. Pour la première fois, quinze nations dont les électeurs sont originaires seront représentées dans la chapelle Sixtine, dont Haïti, le Cap-Vert, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Soudan du Sud.

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Le déroulé

Une fois les cardinaux entrés dans la chapelle Sixtine, le 7 mai en milieu d’après-midi, pour le premier et unique vote de la journée, les choses iront vite, car ce dernier est en réalité comme une “primaire“. Il permet de voir sur qui se dirigent les premiers votes, souvent par lots d’une vingtaine de voix sur les trois ou quatre favoris. À partir du jour suivant, quatre votes sont possibles, deux par demi-journée et ainsi de suite jusqu’à l’élection.

Une majorité des deux tiers

Lors de chaque demi-journée (sauf le premier après-midi), un tirage au sort des scrutateurs est effectué. Puis chaque électeur vient déposer son bulletin dans l’urne posée sur l’autel de la chapelle Sixtine. Le scrutin est ensuite dépouillée : un premier scrutateur agite l’urne, un autre compte les bulletins, “en prenant ostensiblement, un à un, chaque bulletin dans l’urne et le déposant dans un vase vide“, précise Universi Dominici gregis. Puis les scrutateurs s’assoient à une table devant l’autel : le premier prend un bulletin, le déplie et le regarde avant de le passer au second qui regarde lui aussi le nom inscrit, avant que le troisième ne s’en saisisse et prononce à haute voix le nom de l’élu. Pour que l’élection du nouveau Souverain pontife soit valable, son nom doit faire l’objet d’au moins deux tiers des voix, comptées sur la base des électeurs présents et votants.

Après trois jours sans résultat, les scrutins sont suspendus pendant une journée au maximum afin de permettre une pause pour la prière, une libre discussion entre les électeurs et une brève exhortation spirituelle, donnée par le premier cardinal de l’ordre des diacres, le plus ancien des cardinaux-diacres à prendre part au conclave, le cardinal français Dominique Mamberti. Le vote reprendra ensuite selon la même forme, et après sept tours de scrutin, si l’élection n’a pas eu lieu, une nouvelle pause est organisée. Les cardinaux procèderont ensuite à une nouvelle série de sept scrutins, suivie, en cas d’échec, d’une nouvelle pause. Si les scrutins n’aboutissent toujours pas, une nouvelle journée est réservée à la prière, à la réflexion et au dialogue.Lors des scrutins suivants, seuls les deux noms ayant obtenu le plus grand nombre de voix au scrutin précédent deviennent éligibles. Le processus dure généralement entre 15 et 20 jours.

Une fumée noire ou blanche lors de chaque vote

Lors de chaque vote, les résultats des scrutins sont, comme le veut la tradition, rendus visibles par la couleur de la fumée qui s’échappe de la cheminée installée sur le toit de la chapelle Sixtine. La fumée noire signale que la majorité des deux tiers n’a pas été atteinte; la fumée blanche signale l’élection d’un nouveau Pape. La fumée provient de la combustion des bulletins de vote des cardinaux dans un poêle utilisé pour la première fois lors du conclave de 1939.

Les “papabiles“

Qui entre pape au conclave en sort cardinal“ dit un adage romain : la plus vieille élection du monde reste aussi la plus imprévisible. Une analyse granulaire des profils et des prises de positions des 135 cardinaux électeurs permet cependant de mettre à jour une tendance. Le successeur de François  pourrait ainsi se trouver parmi  19 cardinaux “papabiles“. Avec 15 % d’italiens au sein du Collège des cardinaux, le retour d’un pape italien après le pontificat de Jorge Mario Bergoglio est possible, mais pour l’heure, cette hypothèse semble peu probable. Au cours des dernières décennies, l’Église catholique s’est en effet clairement orientée vers la voie de l’internationalisation et cherche à se rapprocher des minorités.

Côté Français, un cardinal est particulièrement en vue :  Jean-Marc Aveline, 66 ans,  qui sans l’avoir cherché est entré dans le cercle fermé des papabiles. L’archevêque de Marseille est même reconnu par la presse italienne, qui est souvent un baromètre de tendance. Le quotidien national italien de gauche La Repubblica lui a consacré une pleine page intitulée “l’ascension d’Aveline, le cardinal marseillais du dialogue avec l’islam“.

Classé dans L'Agenda politique.

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