Participants, enjeux, défis : ce qu’il faut savoir sur la COP 30 à Belém

Les représentants de 191 pays se retrouvent du 10 au 22 novembre, à Belém, en Amazonie brésilienne, pour la 30e conférence des Parties (COP30). Un sommet “emblématique“, qui se tient à un moment crucial, alors que les objectifs climatiques mondiaux sont soumis à une pression considérable.

Une conférence sur le climat qui se tient en bordure d’Amazonie : on n’aurait pu imaginer lieu plus symbolique pour accueillir la trentième conférence des Nations Unies sur le climat. Dix ans après l’Accord de Paris, la COP30 qui se tient à Belém marque un tournant décisif. Ce trentième sommet aux objectifs multiples, doit être celui de la concrétisation des engagements pris. Un réel défi, alors même que la crise climatique s’aggrave. L’année 2024 ayant été confirmée comme l’année la plus chaude jamais enregistrée, dépassant pour la première fois le seuil de 1,5 degré.

Quels participants ?

Cette édition 2025 devrait enregistrer la plus faible participation de décideurs mondiaux depuis 2019. Des représentants de 143 pays, dont 57 chefs d’Etat et de gouvernement, ont en effet confirmé leur présence à la conférence. Le président du Conseil européen António Costa et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sont arrivés à Belém et sont intervenus lors de la session de jeudi. Parmi les autres dirigeants de l’UE présents, figurent le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer et prince William, qui représentera le roi Charles III. Sont également notamment annoncés,  les présidents colombien, libérien, chilien, sud-africain et norvégien.

Le président américain Donald Trump ne fera pas le déplacement et les Etats-Unis, qui sortiront sortiront officiellement de l’Accord de Paris en janvier 2026, ne prévoient pas d’envoyer de délégation. Ce qui n’a rien de surprenant au vu de des récentes déclarations du locataire de la Maison Blanche, selon lesquelles le changement climatique serait “la plus grande arnaque.

La Chine a annoncé que son vice-Premier ministre Ding Xuexiang représenterait le président Xi Jinping. Enfin, le président autrichien a déjà fait savoir qu’il ne viendrait pas, en raison des coûts élevés.

Une mise en oeuvre concrète de l’accord de Paris

“COP de la vérité“,COP de la mise en œuvre“ … Cette trentième conférence des parties est censée ouvrir un nouveau chapitre : celui de l’action. L’objectif : annoncer du concret dans plusieurs domaines (adaptation, finance, réductions d’émissions…) tout en tentant de dresser le bilan de la multitude d’engagements pris au fil des précédentes COP.  “Cette COP pourrait bien être l’une des plus importantes de la dernière décennie en matière de climat“, a déclaré Ruth Do Coutto, directrice adjointe de la Division des changements climatiques du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). “Mais il ne fait aucun doute que nous sommes confrontés à de sérieux obstacles“, a t-elle ajouté. L’un des objectifs les plus ambitieux de l’accord de Paris, la limitation du réchauffement de la planète à 1,5 °C, est en voie d’être dépassé, et 2025 s’annonce comme l’une des années les plus chaudes de l’histoire. Les Etats-Unis, deuxième émetteur mondial de CO2, sont sur le point de se retirer de l’accord de Paris, tandis que, un peu partout dans le monde, la priorité donnée aux enjeux sur ce sujet recule.

Dix ans après l’accord de Paris, le monde se réunit au Brésil pour une «COP de l’action»www.lefigaro.fr/sciences/dix…

(@3lue.bsky.social) 2025-11-10T07:03:27.404Z

Passant de la planification à la mise en œuvre, cette COP 30 doit être celle de la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Alors que la quantité de CO2 dans l’atmosphère a connu sa plus forte augmentation annuelle entre  2023 2024, l’accent est désormais mis sur la transformation des engagements pris, en actions tangibles, afin d’accélérer la transition énergétique. En amont de cette grand-messe climatique, les pays conviés étaient invitées à soumettre leurs CDN pour 2035 d’ici février de cette année. Ces CDN sont les plans climats que les États doivent actualiser tous les 5 ans, détaillant leurs objectifs et les moyens mis en œuvre pour atteindre ceux de l’Accord de Paris.

95 % des gouvernements ont toutefois manqué cette échéance. Elles ont ensuite été encouragées à les déposer ces plans avant fin septembre, mais seulement 60 Parties, couvrant 63 % des émissions mondiales, y sont parvenues dans les délais. Ceux déjà soumis, une petite centaine sur les 200 attendus, laissent entendre qu’ “il y aurait une inflexion de la courbe estimée à environ 10 % à l’horizon 2035, par rapport à leur niveau de 2019. C’est une bonne nouvelle, mais ces chiffres restent insuffisants pour respecter l’accord de Paris“, relève Françoise Vimeux, climatologue et directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Le rapport du PNUE sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière d’émissions pour 2025 , publié à la veille de la COP30, montre ainsi que les engagements actuels placent le monde sur une trajectoire de réchauffement de 2,3 à 2,5 °C d’ici la fin du siècle.

Pour la première fois néanmoins, plusieurs grandes économies, dont la Chine, premier émetteur mondial, ainsi que le Nigeria, ont néanmoins annoncé des objectifs de réduction des émissions à l’échelle de l’économie couvrant tous les gaz à effet de serre et tous les secteurs. D’autres pays ont détaillé des objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables, des plans visant à réduire les émissions de méthane, des stratégies de protection des forêts et des mesures visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles.

Un défi essentiel pour l’Union Européenne

L’enjeu de cette COP30 est essentiel pour l’Union Européenne (UE). Mercredi 5 novembre, les ministres européens de l’environnement ont arraché un compromis sur les objectifs climatiques de l’UE pour 2035 et 2040, au prix d’une série de concessions. Après de vingt heures de négociations, les Vingt-Sept ont trouvé un accord pour réduire leurs émissions de CO2 de 66,25 % à 72,5 % d’ici à 2035 (par rapport à 1990). Ils ont aussi décidé d’une baisse de 90 % de leurs émissions nettes d’ici à 2040 (toujours par rapport à 1990), afin d’atteindre la neutralité climatique en 2050, comme ils s’y sont engagés en inscrivant l’Accord de Paris dans leur loi.

Les pays de l’UE trouvent un accord à l’arraché sur leurs objectifs climatiques, au prix de nombreuses concessions#lemondefr #encontinu

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De nouvelles sources de financement, pour une justice climatique

Malgré l’urgence climatique et les impacts disproportionnés subis par les pays en développement, les engagements en matière de financement climatique pris lors de la COP 29 (2024) ont largement déçu. Lors de cette conférence, à Bakou, en Azerbaïdjan, une avancée majeure avait été réalisée avec l’adoption d’un accord visant à tripler le montant des financements climat versés aux pays en développement, pour le porter à 300 milliards de dollars par an, d’ici 2035. L’accord constitue une avancée certaine, mais la somme finale est bien inférieure aux 1.300 milliards de dollars jugés nécessaires par les experts du climat pour que ces pays puissent s’adapter à la crise. La COP 30 va devoir désormais définir les contours de ces nouvelles sources de financement, en veillant à structurer les mécanismes garantissant leur mise en œuvre effective et à ce que les financements répondent aux principes de justice climatique, c’est-à-dire qu’ils soient prévisibles, suffisants, accessibles à long terme, et qu’ils n’alourdissent pas la dette des pays du Sud.

Une protection des forêts tropicales

Organisée aux portes de l’Amazonie, la COP 30 offre une opportunité unique de rappeler l’importance de préserver les forêts, et de mettre fin à la déforestation. C’est d’ailleurs ce qui est prévu d’ici 2030 dans l’Accord de Paris. Lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement en prélude à la COP30, le président brésilien Lula a lancé le 6 novembre dernier, la “Facilité de financement des forêts tropicales“ (TFFF), un fonds inédit destiné à préserver ces forêts, Ce fonds “sera un des principaux résultats concrets“ de la conférence, a déclaré Luiz Inácio Lula da Silva lors du lancement officiel. La conférence de Belém doit également garantir le consentement libre et éclairé des communautés locales, tout en reconnaissant leur droit fondamental à disposer de leurs terres. 

 

 

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