Emmanuel Macron et son épouse, Brigitte Macron, sont attendus au Royaume-Uni du 8 au 10 juillet. Une visite d’État très politique, dont le point d’orgue sera un discours du président français au Parlement britannique. Tour d’horizon des enjeux et du programme.
Deux ans après la visite en France du souverain britannique, Emmanuel Macron et son épouse Brigitte Macron se rendront du 8 au 10 juillet en visite d’État au Royaume-Uni, à l’invitation du roi Charles III et de la reine Camilla. Cette visite “témoignera de la profondeur des liens qui unissent nos deux pays et nos deux peuples“, a déclaré la présidence française dans un communiqué.
State visit by 🇫🇷 President @EmmanuelMacron and Mrs Brigitte Macron to the United Kingdom. 🇫🇷🤝🇬🇧 pic.twitter.com/lVEMZOJiUf
— French Embassy UK🇫🇷🇪🇺 (@FranceintheUK) May 13, 2025
Cette première visite d’Etat d’un chef d’Etat européen au Royaume-Uni depuis le Brexit, sera ponctuée par un discours du président français et donnera aussi lieu à un sommet franco-britannique, a annoncé vendredi 4 juillet, le palais de Buckingham. Le monarque et le président français entretiennent une relation étroite et de longue date. Le roi n’est pas étranger à l’envoi d’un signal politique bien planifié et on peut s’attendre à ce qu’il salue les progrès des deux pays vers la réinitialisation des relations post-Brexit, leur soutien continu à l’Ukraine et leurs objectifs communs en matière de changement climatique.
French President Emmanuel Macron — who arrives in the UK for a state visit today — will be given a lavish royal welcome to make a clear point: UK-French relations are back on track.https://t.co/uHjQHoMfJJ
— POLITICOEurope (@POLITICOEurope) July 8, 2025
Une visite très politique
Reçu en grande pompe à Versailles en septembre 2023, le roi Charles III avait enjoint Français et Britanniques à “revigorer leur amitié“, ternie par la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Depuis lors, les relations entre la France et le Royaume-Uni se sont considérablement réchauffées, à la faveur de l’arrivée en juillet 2024 du travailliste Keir Starmer au “10 Downing Street“. Londres est notamment devenue ces derniers mois un allié privilégié de Paris dans le soutien à l’Ukraine, dans sa guerre contre la Russie. Emmanuel Macron et Keir Starmer ont pris la tête d’une “coalition des volontaires“ alliés de Kiev pour tenter de ramener les Européens dans le jeu diplomatique et contourner le rapprochement amorcé par Donald Trump avec la Russie. Le président français et le Premier ministre britannique présideront dans ce cadre, jeudi en visioconférence, depuis la base de Northwood, près de Londres, une réunion des pays “volontaires“ pour un renforcement des capacités de défense de l’Ukraine face à la Russie.
Des annonces sur la Défense
Paris et Londres entendent renforcer leur coopération en matière de défense, gravée dans le marbre par les accords de Lancaster House en 2010, qui doivent désormais répondre au retour de la guerre à très grande échelle en Europe. Les accords vont être “adaptés à cette nouvelle réalité stratégique profondément changée“, a indiqué l’Elysée“, sans dévoiler les annonces à venir. Les travaux qui présideront à ces annonces porteront “à la fois sur le volet nucléaire, le volet opérationnel et le volet capacitaire“, a précisé un conseiller présidentiel, les deux pays coopérant déjà sur la fabrication de missiles.
La question de l’immigration illégale au coeur des discussions
La question de l’immigration illégale, reste un point de tension majeur entre les deux pays. Il devrait être largement évoqué lors du sommet franco-britannique qui conclura la visite d’État au Royaume-Uni, du président Macron. Malgré les accords de coopération, près de 20 000 migrants ont en effet traversé la Manche depuis le début de l’année. Un chiffre en hausse de 48 % par rapport à 2024 et de 75 % par rapport à 2023. “La question du contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne a une dimension essentielle dans la coopération entre la France et l’Angleterre“, reconnaît-on à l’Elysée.
Les "small boats "de migrants traversant la Manche pour atteindre le Royaume-Uni se multiplient. Depuis le début de l’année, plus de 20 000 hommes, femmes et enfants ont réussi à rejoindre le Royaume-Uni, soit 7 000 de plus qu’à la même époque en 2024 https://t.co/iWt0SRA1tg pic.twitter.com/y6kveLRwou
— Florence Labbé (@flolabbe) July 7, 2025
En février dernier, les ministres de l’intérieur français et anglais, Bruno Retailleau et Yvette Cooper, ont d’ailleurs prolongé jusqu’en 2027 au lieu de 2026 le traité de Sandhurst qui prévoit notamment que le Royaume-Uni finance une partie des actions menée par la France pour empêcher les départs de migrants “Il faut aussi traiter les enjeux structurels liés aux facteurs d’attraction du Royaume-Uni“, met en avant l’Élysée Mais Londres a aussi des revendications. Notamment pour que Paris modifie la doctrine d’intervention des forces de l’ordre, afin qu’elles puissent intervenir jusqu’à 300 mètres des côtes pour intercepter les taxi-boats, et plus seulement sur la plage pour contrôler les migrants.
🇫🇷🇬🇧 Emmanuel Macron entame mardi une visite d’Etat de trois jours au Royaume-Uni. Au cours du sommet franco-britannique programmé ensuite, les dirigeants reviendront sur la question de l’immigration illégale, sujet de tensions persistantes entre les deux pays… pic.twitter.com/nGHuphOE2K
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) July 6, 2025
Le programme de la visite
Emmanuel Macron et son épouse, Brigitte Macron, sont attendus au Royaume-Uni pour une visite d'État du 8 au 10 juillet. La première visite d'Etat d'un chef d'Etat de l'UE au Royaume-Uni depuis le Brexit. Le programme des trois jours https://t.co/sz2DWHBzDN pic.twitter.com/CvoQKBLJkL
— L'Echiquier social (@EchiquierSocial) July 6, 2025
Mardi 8 juillet : Windsor et un discours devant le parlement
Le couple présidentiel français sera accueilli accueilli à l’aérodrome du Royal Air Force Northolt par les héritiers de la Couronne, le prince William et son épouse Kate. Ils se rendront ensemble au château de Windsor, à l’ouest de la capitale britannique, où ils retrouveront le roi Charles III et la reine Camilla, avec une parade militaire sur Datchet Road. Une cérémonie est prévue dans la cour du château, avec l’inspection des troupes royales par le président et le roi. Après un déjeuner suivie d’une visite de l’exposition spéciale d’objets relatifs à la France provenant de la collection royale, la journée se poursuivra avec une cérémonie sur la tombe du Soldat inconnu, à l’abbaye de Westminster. Emmanuel Macron et son épouse visiteront ensuite le Palais de Westminster à Londres, où le président français “s’adressera aux parlementaires dans la Galerie royale“ et rencontrera des députés et des Lords, a indiqué le palais de Buckingham dans un communiqué. Sera ensuite donné un banquet d’État, où le roi et le président prononceront un discours.
Mercredi 9 juillet : hommage à Élisabeth II et rencontre du couple Starmer
Le deuxième jour débutera par une visite privée de la chapelle Saint-Georges, du château de Windsor, où les Macron se recueilleront et déposeront des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022. Le chef de l’État français se rendra ensuite à Londres, où il visitera l’Imperial College et une exposition “sur l’intelligence artificielle et les innovateurs en technologies émergentes“, précise l’Élysée dans un communiqué. Il y rencontrera des universitaires et des chercheurs. L’après-midi du mercredi 9 juillet sera consacrée à la rencontre entre le couple Macron et le Premier ministre britannique et son épouse, Sir Keir Starmer et Lady Victoria Starmer, qui les recevront lors d’un déjeuner au 10, Downing Street.
Jeudi 10 juillet : sommet franco-britannique
Le lendemain, le président français s’entretiendra de nouveau avec le chef du gouvernement lors du 37e sommet franco-britannique, qui se tiendra0 à Downing Street, la résidence du Premier ministre britannique. Au-delà de la symbolique, Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer “vont vouloir annoncer des choses concrètes“, estime François-Joseph Schichan, consultant et ancien diplomate, citant des “progrès“ sur la défense, l’énergie ou l’immigration. Sur ce dernier point, les deux dirigeants se sont engagés, lors d’un entretien mercredi à Downing Street, à réaliser des “progrès concrets“, évoquant la piste d’une “nouvelle mesure dissuasive“. Il s’agirait d’une expérimentation d’un échange de migrants, qui reposerait sur le “principe d’un pour un“: la France reprendrait un migrant arrivé illégalement au Royaume-Uni et le Royaume-Uni s’engagerait à accueillir un demandeur d’asile se trouvant sur le sol français dont la requête lui semble légitime. Les négociations en cours n’avaient toutefois pas encore atterri dans la soirée de mercredi, selon un conseiller du gouvernement français.
En matière de défense, la France et le Royaume-Uni se disent en revanche prêts à “coordonner“ leurs dissuasions nucléaires et à protéger l’Europe de toute “menace extrême“, une évolution majeure de leur doctrine, dans le contexte de dégradation de la sécurité européenne, ont annoncé mercredi 9 juillet les deux pays. Dans ce cadre, Paris et Londres vont acter un rapprochement d’ampleur en matière de dissuasion nucléaire, en signant une déclaration stipulant que leurs moyens respectifs pourront “être coordonnés“, ont indiqué le ministère britannique de la Défense et l’Elysée.
La France et le Royaume-Uni prêts à « coordonner » leur dissuasion nucléaire et à protéger l’Europe
Jeudi 10 juillet : une visio avec la “coalition des volontaires“
Les deux dirigeants vont présider ce jeudi depuis Northwood une réunion en visioconférence de cette coalition, avec notamment le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le chancelier allemand Friedrich Merz.Cette force, qui a vocation à être déployée en Ukraine une fois un cessez-le-feu en place, mobilisera davantage de troupes – jusqu’à un corps d’armée, soit 40.000 militaires – et pourra s’élargir à d’autres partenaires que la France et le Royaume-Uni, selon l’Elysée. Selon l’Elysée, des représentants américains devraient également y assister, alors que Donald Trump a durci le ton contre la Russie, qu’il menace de nouvelles sanctions tout en promettant du matériel militaire supplémentaire aux Ukrainiens.