Emmanuel Macron en visite d’État en Chine

Emmanuel Macron se rend du 3 au 5 décembre en visite d’État en Chine, à Pékin puis Chengdu, dans le Sichuan. À cette occasion seront abordés les grands enjeux du partenariat stratégique entre Paris et Pékin. 

Deux ans et demi après une précédente visite en avril 2023, Emmanuel Macron est de retour dans la puissance asiatique, “conformément à sa volonté de maintien d’un dialogue constant et exigeant avec la Chine“, a précisé l’Élysée. Le président français rencontrera lors de ce déplacement, son homologue chinois, Xi Jinping, qui l’accueillera dans la capitale, Pékin, avant de rejoindre, dans un second temps, la grande ville de Chengdu, dans la province du Sichuan, au centre du pays.

Le chef de l’État est accompagné  lors de ce déplacement, de six ministres (Affaires étrangères, Économie, Agriculture, Environnement, Enseignement supérieur, Culture) et de 35 patrons de grands groupes (Airbus, EDF, Danone), dont le PDG de CMA CGM, Rodolphe Saadé, et celui  de Mistral AI Arthur Mensch, ou d’entreprises plus familiales, du luxe à l’agroalimentaire. Emmanuel Macron “portera un agenda de coopération et d’équilibre en matière économique et commerciale, une ambition qui sera au cœur de la présidence française du G7 en 2026“, a indiqué l’Élysée. “À cette occasion seront abordés les grands enjeux du partenariat stratégique entre la France et la Chine, mais aussi plusieurs grands dossiers internationaux et domaines de coopération pour résoudre les défis mondiaux de notre temps“, selon les services de la présidence française.

La relation Chine-Europe sur la table 

La relation entre la Chine et l’Europe, marquée par un déficit commercial massif (357,1 milliards de dollars) en défaveur de l’UE, sera au coeur des discussions. “Il est nécessaire que la Chine consomme plus et exporte moins (…) et que les Européens épargnent moins et produisent plus“, insiste un conseiller du président. L’Union européenne dénonce pour sa part, une “concurrence déloyale“ de la Chine, des voitures électriques à l’acier. Elle accuse aussi le géant asiatique d’exercer une forme de “racket“ dans la fourniture de terres rares dont Pékin domine la production mondiale. Il faut “recréer les conditions d’une concurrence équitable pour tous et d’une coopération économique bénéfique pour chacun“ a affirmé ce week-end le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, dans un entretien à la Tribune Dimanche, pointant à défaut, des “conséquences industrielles“ potentiellement “dévastatrices et irréversibles“ en Europe. Dans un parfait jeu de miroirs, le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi a dit de son côté espérer du président français qu’il encourage un “développement sain des relations entre la Chine et de l’UE“.

Ces discussions sur les relations commerciales s’annoncent toutefois tendues, alors que L’Union européenne dévoile aujourd’hui une nouvelle stratégie pour diversifier ses ressources en terres rares et réduire sa dépendance à l’Empire du Milieu.Le président français va aussi inviter Pékin à investir plus massivement en Europe. “Après 30 ans de mondialisation qui ont largement permis à la Chine de croître et d’innover (…) les Chinois ont aujourd’hui des technologies particulièrement avancées qui peuvent être partagées avec leurs partenaires de confiance, notamment européens“, fait valoir l’Élysée. Emmanuel Macron, qui accueillera le sommet du G7 à Evian en 2026, espère ainsi travailler avec la Chine pour une “croissance solide, durable, au profit de tous“.  “Ce sera cette fois encore une visite très riche en matière bilatérale, ambitieuse sur le plan européen“, assure la présidence française, même si la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ne sera pas du voyage.

Le G7 en ligne de mire

Dans le contexte actuel de tensions internationales, il serait illusoire d’espérer une grande flexibilité de la part de Pékin. “A court terme, il n’y a pas grand-chose à obtenir“, confirmait il y a quelques jours un diplomate européen. Emmanuel Macron pourrait toutefois jouer la carte de sa présidence du G7 (à partir du 1er janvier). Il entend notamment consacrer son mandat aux déséquilibres mondiaux, dont la Chine, en situation de surproduction et sous-consommation, est un des acteurs. Il est peu probable, comme on a pu le lire, que Xi sera invité au sommet à Evian en juin, à en croire deux diplomates européens, mais le président français cherchera à impliquer Pékin dans les discussions.

Obtenir l’appui de la Chine dans le dossier ukrainien

Comme lors de son dernier voyage à Pékin, en avril 2023, où il avait appelé Xi Jinping à “ramener la Russie à la raison“, Emmanuel Macron va solliciter son appui pour “influencer et orienter le plus vite possible Moscou vers un cessez-le-feu“. Sur l’Ukraine, “dans ce moment où des négociations intenses ont lieu sur la sortie de crise, nous voulons que la Chine puisse convaincre, influencer la Russie et l’orienter vers un cessez-le-feu le plus vite possible et la consolidation de ce cessez-le-feu“, a relevé un conseiller du président Macron. Après l’escalade des tensions entre Tokyo et Pékin sur Taïwan, la France appelle également Pékin à la “retenue“, à l’“apaisement“ et au “respect du statu quo“ sur le statut de l’île.

Le programme

Jardins de Qianlong, mercredi

Dès leur arrivée, le couple présidentiel se rendra dans les jardins de Qianlong, du nom du sixième empereur de la dynastie Qing, au sein de la cité interdite.

Cérémonie d’accueil au Grand palais du peuple, jeudi

Le couple Macron sera reçu jeudi 4 décembre, par Xi Jinping et son épouse au Grand Palais du peuple, sur le côté ouest de la place Tiananmen, avec une cérémonie d’accueil officielle, suivi d’un déjeuner d’État. Tandis que les présidents multiplieront les entretiens politiques et économiques, les premières dames, Brigitte Macron et Peng Liyuan, visiteront ensemble le temple du Ciel. Sont également annoncés des signatures de contrats, et la participation des deux dirigeants à un forum économique en présence de nombreux chefs d’entreprise.

Sichuan et pandas, vendredi

Vendredi 5 décembre, Emmanuel Macron se rendra à Chengdu, capitale de la province du Sichuan,  en compagnie de son homologue Xi Jinping. Un déplacement “tout à fait exceptionnel dans le protocole chinois“, précise l’Élysée. Les deux présidents accompagnés de leurs épouses visiteront le site de Dujiangyan, classé par l’Unesco, et considéré comme le plus vieux système d’irrigation au monde. Alors qu’Emmanuel Macron échangera avec des étudiants puis avec des joueurs de tennis de table chinois et français, dont les frères Lebrun, son épouse, Brigitte, visitera le centre de recherche et d’élevage des pandas géants, devenus des ambassadeurs de la Chine à travers le monde. Chengdu, dans le centre de la Chine, accueille un centre de conservation où a été rapatrié cette semaine l’unique couple de pandas géants jusque-là hébergé en France, au zoo de Beauval dans le Loir-et-Cher. L’ambassade de Chine en France a promis à la France “de nouveaux pandas géants“ qui “arriveront dans le futur“.

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