Signature d’un traité de coopération avec la Pologne

Emmanuel Macron est attendu à Nancy ce vendredi 9 mai, pour signer avec la Pologne un vaste traité de coopération, sur le modèle des traités franco-italien et franco-espagnol déjà signés par le président français. Une reconnaissance de la place centrale prise par la Pologne au sein de l’Union européenne.

Deux jours après avoir reçu le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, Emmanuel Macron doit signer ce vendredi à Nancy un traité bilatéral avec la Pologne pour renforcer l’axe Paris-Berlin-Varsovie. En marge du sommet européen à Paris, le 28 mars dernier, le Premier ministre polonais Donald Tusk avait qualifié cet accord de décisif, notamment pour le renforcement de la sécurité de la Pologne et de l’Europe face aux défis croissants.

Ce projet est discuté depuis des mois entre les deux pays, la seule certitude ayant toujours été sa signature à Nancy, ville où résidait au XVIIIe siècle Stanislas Leczinski,  roi de Pologne puis duc de Lorraine et de Bar (1737-1766). Le traité est historique pour la première raison qu’il est conclu avec un pays non-frontalier de la France, à la différence des trois précédents : l’Allemagne (traité de l’Élysée en 1963 puis d’Aix-la-Chapelle en 2019), l’Italie (traité du Quirinal en 2021) et l’Espagne (traité de Barcelone en 2023). Et historique surtout pour son contenu. Car il porte, annonçait Emmanuel Macron à Varsovie en décembre dernier, sur “les domaines stratégiques, de la défense à l’énergie, en passant par le nucléaire, la coopération scientifique, linguistique, culturelle“.

Acter la relation étroite entre Paris et Varsovie

La France comme la Pologne représente un partenaire de choix et les échanges entre les deux pays s’inscrivent dans une dynamique croissante, permise en partie par l’arrivée de Donald Tusk au pouvoir. “L’arrivée au pouvoir du gouvernement Tusk a été très bien accueillie en France et a permis des progrès significatifs dans les relations franco-polonaises“, a ainsi déclaré l’ambassadeur de France en Pologne, Étienne de Poncins, dans une interview accordée à PAP (Polska Agencja Prasowa). “Donald Tusk affirme ainsi sa volonté de renouer avec l’Europe“ après 8 ans de présidence du PiS. Un rapprochement facilité en effet par le retour au pouvoir, en décembre dernier, du Premier ministre Donald Tusk , libéral et pro-européen, après huit années de gouvernement nationaliste et eurosceptique. Ce traité alliant à la fois une valeur symbolique et des ambitions stratégiques offrira la possibilité de renforcer les liens entre la France et la Pologne. Étienne de Poncins souligne cette dynamique croissante: “Actuellement, Paris et Varsovie se redécouvrent, et en France, on parle d’un moment polonais en Europe. Il est désormais nécessaire de traduire cela dans des documents concrets, notamment le projet de traité de Nancy“, explique le diplomate.

Un traité à la hauteur des enjeux stratégiques 

Quel que soit le gouvernement au pouvoir à Varsovie, la Pologne a pris une place géopolitique sans précédent en Europe depuis l’invasion de l’Ukraine. Elle est devenue l’un des piliers de l’Otan face à l’impérialisme russe et se targue d’aligner bientôt la première armée d’Europe en effectifs. Le traité avec la Pologne “va permettre dans les domaines stratégiques, de la défense à l’énergie, en passant par le nucléaire, la coopération scientifique, linguistique, culturelle, de sceller des liens encore plus forts entre nos deux pays“ a déclaré Emmanuel Macron lors de sa visite à Varsovie en décembre 2024.

En Pologne, le traité de coopération que s’apprêtent à signer Paris et Varsovie crée le débatPar Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) et @elise_vincent @lemonde.fr Publié aujourd’hui à 11h00www.lemonde.fr/internationa…

Association des Journalistes de Défense – AJD (@ajdpresse.bsky.social) 2025-04-23T16:00:24.694Z

Selon l’ambassadeur de France en Pologne, les relations franco-polonaises sont facilitées aujourd’hui par une meilleure compréhension des enjeux à la fois de l’Union européenne et de la guerre en Ukraine : d’une part, la France a reconnu la justesse des actions de la Pologne quand à la menace russe, et d’autre part la Pologne a donné raison à Paris qui prône, depuis de nombreuses années, une plus grande autonomie européenne dans les domaines de la défense et de l’énergie. La Pologne, qui préside actuellement le Conseil de l’UE, plaide par ailleurs pour une augmentation des dépenses de défense au sein du bloc. Varsovie consacre déjà 4,1 % de son PIB à la défense et prévoit de porter ce chiffre à 4,7 % cette année.

Ces constats permettent aux deux pays de renforcer le pilier de défense européen au sein de l’OTAN et de construire une véritable souveraineté de l’Union européenne dans le domaine de la sécurité. Pour la Pologne, historiquement très “atlantiste“ et dont la doctrine sécuritaire repose quasi exclusivement sur l’assistance militaire américaine et son « parapluie nucléaire », il pourrait s’agir d’un changement majeur de la perception des enjeux de défense.

Défense et nucléaire

La France espère également renforcer à travers ce traité, les coopérations industrielles avec la Pologne dans le domaine de la défense. Un temps exécrables, après l’annulation par Varsovie d’un contrat d’hélicoptères avec Airbus, d’une valeur de plus de 3 milliards d’euros, en 2016, les relations entre Paris et Varsovie ont là aussi évolué. Donald Tusk paraît prêt à diversifier ses partenariats dans la défense, pour rééquilibrer une très forte dépendance vis-à-vis des Etats-Unis, “La Pologne est certes très atlantiste, mais elle est sensible à la notion de souveraineté européenne poussée par la France“, veut-on croire à Paris. Autre sujet sur la table pour Paris, le nucléaire civil. Varsovie veut se doter de plusieurs centrales pour réduire sa consommation de charbon. EDF y travaille depuis des années et fonde des espoirs en Pologne, après avoir été écarté en République tchèque cet été au profit du coréen KHNP.

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