Ursula von der Leyen soumise à une motion de défiance

Ursula von der Leyen, va devoir faire face ce jeudi 10 juillet, à un vote de confiance du Parlement européen. Un scrutin à ce stade symbolique, mais qui souligne la colère grandissante à Bruxelles à l’égard de la cheffe de l’exécutif européen, après une série de décisions controversées.

“C’est la première fois en plus de dix ans que l’ est confronté à une telle démarche“, se remémore Politico. La présidente de la commission européenne va devoir faire face cette semaine à un vote de défiance du Parlement européen.

Dès ce lundi durant la à Strasbourg, Ursula von der Leyen se verra “contrainte de participer à un débat sur son leadership avec les législateurs“ suivi d’une discussion au cours de laquelle les chefs de groupes politiques exprimeront leurs points de vue. Les députés européens procéderont au vote trois jours plus tard, le jeudi 10 juillet.

Des chances très faibles d’aboutir 

A l’initiative de ce vote de défiance, le député roumain d’extrême droite Gheorghe Piperea, membre du groupe ECR, qui a déposé une motion de censure, après avoir recueilli suffisamment de signatures la semaine dernière. Cette motion a t-elle des chances d’aboutir ? À ce stade, le vote est principalement symbolique – la majorité des groupes politiques ont en effet déjà indiqué qu’ils voteraient contre. Bien que certains membres du Parti populaire européen (PPE) de von der Leyen et du groupe ECR aient retiré leur soutien à la motion après la pression de leurs propres rangs, celle-ci a tout de même recueilli les 72 signatures nécessaires à son adoption. Un seuil bas et dans tous les cas insuffisant, comparé à la majorité des deux tiers des votes exprimés dans le Parlement (720 sièges) qui serait nécessaire pour que la défiance soit réellement votée.

Si toutefois cette motion était adoptée – une hypothèse considéré comme hautement improbable – la défiance du parlement entraînerait la démission de l’ensemble de la Commission et déclencherait le processus complexe de nomination de 27 nouveaux commissaires européens issus des pays membres. Si Ursula von der Leyen a de grandes chances de survivre au vote, “celui-ci pourrait toutefois la contraindre à faire davantage de compromis, tant avec la gauche qu’avec la droite, pour s’assurer leur soutien“, comme le relève le Financial Times.

Que vont voter les différents groupes ?

La majorité des huit groupes politiques du Parlement européen ne soutiendra pas la motion de censure déposée contre la Commission européenne d’Ursula von der Leyen. Certains ont déjà clairement défini leur position avant le vote, tandis que d’autres sont restés plus ambigus. La force politique de la présidente, le Parti populaire européen (PPE),  la soutient pleinement. « Nous voterons unanimement contre“, a déclaré Manfred Weber, président du groupe. Même position du groupe Renouveau européen et Verts/ALE, qui a également affirmé qu’ils ne voterait pas la censure. Le groupe Renew Europe a lui aussi clairement indiqué qu’il s’opposait à la motion de censure. “La motion elle-même montre les mauvaises intentions des signataires : un mélange d’allégations sur les SMS de Pfizer, les dépenses de la facilité de récupération, les plans de défense et la supposée ingérence dans les élections“, peut-on lire dans une déclaration du groupe.

Ursula von der Leyen a dû toutefois se démener pour arracher un accord budgétaire de dernière minute avec le groupe Socialistes et démocrates (S&D), qui menaçait de s’abstenir. Les Conservateurs et Réformistes européens (ECR) ont quant à eux une position bancale. Certains eurodéputés ayant activement promu le vote de confiance, tandis que d’autres s’apprêtent à défendre la Commission. Les Roumains du parti ultranationaliste AUR et les Polonais de Droit et Justice (PiS) figurent parmi les signataires de la motion de censure. Comme l’a confirmé Jordan Bardella mardi pour le premier, Les Patriotes pour l’Europe (PfE) et l’Europe des nations souveraines (ESN), les deux groupes de droite les plus radicaux du Parlement, voteront en faveur de la motion, demandant à la Commission de démissionner.

Une colère grandissante à l’égard de Bruxelles

On l’a dit, à ce stade le vote de cette motion est hautement symbolique. Mais, il souligne la colère grandissante à l’égard à Bruxelles après une série de décisions controversées et de scandales. Pour Gheorghe Piperea, l’exécutif d’Ursula von der Leyen s’est rendu coupable de manque de transparence et de mauvaise gestion, particulièrement dans le cadre de la pandémie de coronavirus. Le député roumain revient entre autres sur les fameux SMS échangés entre Ursula von der Leyen et le patron de l’entreprise pharmaceutique Pfizer, que la Commission a toujours refusé de dévoiler, malgré une demande en bonne et due forme du New York Times. Des échanges qui portaient sur les discussions relatives à l’acheminement des vaccins vers l’Europe au plus fort de la pandémie de coronavirus. Gheorghe Piperea accuse également la d’ingérences“ dans l’élection présidentielle en Roumanie.

Les députés européens progressistes ont pour leur part ouvert un nouveau front la semaine dernière lorsque la Commission a déclaré son intention de retirer une loi interdisant le “greenwashing“, quelques jours avant que le Parlement et les États membres ne parviennent à un accord final sur le sujet. Lui reprochant de bloquer le processus législatif de l’Union Européenne, les socialistes et les libéraux ont accusé la présidente de la commission, de se ranger du côté des forces d’extrême droite – qui exigent que l’UE abandonne toutes ses politiques vertes – et d’ignorer la volonté de leurs groupes qui l’ont élue.

 

 

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