81ème congrès du PS : le match Faure- Mayer-Rossignol

Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol s’affrontent ce jeudi 5 juin pour prendre la tête du Parti socialiste, avec en arbitre les électeurs du troisième homme. Le chef de file des députés PS, Boris Vallaud, pourrait être une des clés du second tour.

Moins de dix jours après le 1er tour,  les militants du Parti Socialiste (PS) sont de nouveau appelés aux urnes ce jeudi 5 juin, pour choisir, entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, le futur premier secrétaire du PS. Arrivé en tête du 1er tour, le premier secrétaire sortant, a convaincu 42,2 % des votants, devant son challenger, le maire de Rouen, dont le texte d’orientation (TO) a réuni 40,31% des votants.

Le chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud, a créé la surprise le 27 mai en réunissant 17,41 % des voix au premier tour du Congrès du PS. Mais, son score n’est pas suffisant pour lui permettre d’être qualifié pour le second tour. Une situation qui le place dans le rôle de faiseur de roi pour le vote du 5 juin, qui devra départager les deux finalistes. Et d’ailleurs, les mains tendues ne se sont pas fait attendre, chacun se revendiquant d’une certaine proximité avec le député des Landes. “J’appelle Boris et celles et ceux qui l’ont accompagné à nous rejoindre pour former cette nouvelle direction, faire en sorte que nous puissions améliorer tout ce qui doit l’être“, a ainsi déclaré Olivier Faure lors d’un entretien à l’AFP.

A noter que le vote par les 40.000 militants socialistes, à jour de leur cotisation, se déroulera selon les mêmes modalités que celui sur les trois textes d’orientation (TO), le 27 mai : bulletin secret, en section, sans procuration possible. Les résultats seront annoncés le 6 juin, par Corinne Narassiguin, Secrétaire nationale à la coordination du Parti Socialiste.

Un choix personnel pour Faure, mais une liberté individuelle de vote

Devenu l’homme providentiel de ce deuxième tour, le député des Landes, dans un entretien au Monde, a indiqué dimanche qu’il voterait “pour Olivier Faure“, avec qui il partage “la ligne d’union“ et après avoir obtenu “des engagements fermes“. “Celui qui est arrivé en tête a la légitimité et surtout la responsabilité de rassembler“, justifie-t-il. Mais attention, “ce n’est ni un chèque en blanc, ni une ardoise magique“, prévient celui qui promet également que son courant UNIR restera “exigeant, vigilant autant que constructif“. Chez les pro-Faure, la fin de ce faux suspense a été accueillie avec humilité. “Ne crions pas victoire avant la fin du match. Il faut jouer de la première à la dernière minute avec la même intensité“, prescrit le bras droit du premier secrétaire, Pierre Jouvet.

Boris Vallaud : « Je voterai pour Olivier Faure, mais ce n’est ni un chèque en blanc ni une ardoise magique »

Le Monde (@lemonde.fr) 2025-06-01T16:11:11.660645+00:00

 

Un choix personnel qui ne doit pas être considéré comme une consigne de vote pour les troupes du troisième homme, qui choisiront librement de voter pour le premier secrétaire sortant ou le maire de Rouen, le 5 juin. Alors que les socialistes étaient suspendus à la décision de Boris Vallaud depuis deux jours, les soutiens de M. Vallaud ont en effet choisi de ne pas choisir. Les membres de son texte d’orientation (la nouvelle appellation des motions socialistes) ont ainsi décidé de ne pas donner de consigne de vote collective en faveur d’Olivier Faure ou de Nicolas Mayer-Rossignol. “Dans les prochains jours, des responsables de notre texte d’orientation prendront des positions individuelles. Elles se feront dans le respect de chacun et de notre collectif“, peut-on lire dans un communiqué envoyé vendredi soir.

Un camp plus divisé

Si le troisième homme du premier tour du congrès du PS a choisi de soutenir le premier secrétaire sortant, ce n’est pas forcément la position de son courant. Dans l’entourage du député des Landes, les intentions de vote se déportent autant vers Faure que son challenger, Nicolas Mayer-Rossignol (NMR) . C’est le cas de ses deux bras droits : son directeur de campagne, le sénateur Alexandre Ouizille, appuiera Olivier Faure, tandis que son porte-parole, l’élu du Lot, Rémi Branco, donnera sa voix à “NMR“. Beaucoup des soutiens de Boris Vallaud sont “dans l’incompréhension“, affirme Nicolas Mayer-Rossignol, “car la logique de Boris, c’était le changement“. “Qui peut croire que la direction actuelle va faire ce qu’elle n’a pas fait depuis sept ans ?“, interroge-t-il, prédisant un résultat  “serré“.

Boris Vallaud soutient Olivier Faure mais rien n’est jamais simple au pays socialiste. Vallaud choisit un candidat ; son courant n’en fait pas autant. Dans son entourage, on se déporte autant vers Faure que son adversaire Mayer-Rossignol. Dans la newsletter Chez Pol aujourd'hui :

Libération (@liberation.fr) 2025-06-02T11:11:56.865Z

“NMR“ combatif

Dans l’entourage de Nicolas Mayer-Rossignol, pas question de rendre les armes.  Pour rattraper son retard, le deuxième homme table sur un regain de participation dans son fief de Seine-Maritime, mais aussi à Paris et en Occitanie. “Nous n’avons pas fait le plein de voix au premier tour. Si on bouge la participation de 2 %, ça rebat les cartes“, veut croire le stratège David Assouline. Dans un courrier révélé par l’AFP, lundi 2 juin, “NMR“ a demandé à son concurrent de clarifier sa position pour la présidentielle de 2027. Il y évoque la “crainte“ de “beaucoup de militants“ que ce congrès “soit préempté“ pour faire de ce vote  “la validation de facto d’une ambition présidentielle personnelle“.

Le maire de Rouen estime qu’il reste “une ambiguïté“ du côté du premier secrétaire sortant. “Je te demande, au nom des nombreux camarades qui s’interrogent et s’inquiètent, d’être clair à ton tour et de nous dire si tu souhaites, ou non, être candidat à l’élection présidentielle“, écrit-il. Nicolas Mayer-Rossignol affirme n’avoir pour sa part “pas d’autre ambition“ que d’être “un premier secrétaire de mission“, avec pour objectif de “remettre le parti au travail“.  Dans une lettre, “NMR“ enjoint par ailleurs son concurrent pour prendre la tête du Parti socialiste, d’accepter un débat télévisé.

Le report de voix : une des clés du scrutin

En donnant sa voix à Olivier Faure, Boris Vallaud a-t-il plié le match ? Rien n’est moins sur. Outre un sursaut de mobilisation, l’autre clé du scrutin du 5 juin tient, pour beaucoup, aux reports de voix dans l’électorat de Boris Vallaud. En quelques semaines, le député des Landes a engrangé un score de 17,41 % en fédérant des cadres d’horizons très divers, sans doute charmés par sa promesse de redonner de la vigueur intellectuelle au PS. Difficile, en conséquence, d’évaluer le nombre de déçus d’Olivier Faure qui choisiront de rentrer à la maison et ceux qui prendront le parti adverse, par fidélité à Nicolas Mayer-Rossignol depuis le congrès de Marseille (2023) ou par dégagisme.  “La Nièvre, le Jura, la Moselle, la Dordogne, le Gers, l’Allier, l’Ardèche… tout le Vallaud rural, à l’exception des Landes, va se reporter sur Nicolas Mayer-Rossignol“, assure ainsi le député PS de l’Eure Philippe Brun.

 

 

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