“Clap de fin“ du remaniement

Le “clap de fin“ du charivari gouvernemental est désormais proche. Près d’un mois après la nomination du numéro un, l’exécutif devrait procéder dans les heures à venir, à une nouvelle vague de nominations venant renforcer l’équipe resserrée de 14 personnalités en exercice depuis le 11 janvier. Ce que l’on sait des annonces à venir.

A priori, ce serait pour aujourd’hui. Plus de trois semaines après la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre, le dénouement serait proche comme l’a assuré mardi  sur TF1 Prisca Thévenot : “Je pense qu’on n’a jamais été aussi proche du dénouement, jamais “, a déclaré la porte-parole du gouvernement, sans plus de précisions. Les noms des ministres délégués et secrétaires d’État qui viendront compléter le gouvernement Attal, pourraient être enfin dévoilés dans la journée. L’exécutif prépare la nomination d’au maximum 15 ministres délégués et secrétaires d’État qui compléteront la liste des 14 ministres de plein exercice, dévoilée le 11 février. Avec une volonté : ne pas dépasser un gouvernement de plus de 30 personnes.

Quels postes maintenus ?

À Bercy, les quatre sortants Jean-Noël Barrot (Numérique), Olivia Grégoire (PME), Thomas Cazenave (Budget) et Roland Lescure (Industrie), sont confiants dans leur maintien, selon des sources ministérielles, alors que leur ministre de tutelle Bruno Le Maire plaide pour “la stabilité“. De l’avis de tous, Roland Lescure serait le seul certain, sauf ultime rebondissement, de conserver son portefeuille de l’Industrie, voire d’y adjoindre l’Energie. Agnès Pannier-Runacher dont l’entourage a très vite fait savoir qu’elle pourrait hériter du portefeuille de la Santé n’emporterait pas vraiment l’adhésion de Catherine Vautrin, appelée à être sa tutelle dans cette hypothèse.

L’ex-secrétaire d’Etat à la Biodiversité Sarah El Haïry serait elle aussi assurée de rester, mais souhaite changer de portefeuille. Même chose pour le ministre délégué en charge du Numérique, Jean-Noël Barrot, dont on disait hier au Modem qu’il pourrait élargir son champ de compétence si l’un des quatre ministres délégués de Bercy venait à être éloigné. Rapidement évoqué pour reprendre le poste du ministre délégué aux transports, Clément Beaune, le député Jean-Marc Zulesi était encore considéré hier comme l’option la plus solide Le Modem Bruno Millienne serait toutefois également sur les rangs.

Gabriel Attal comme Gérald Darmanin seraient en revanche favorables à l’exfiltration de Philippe Vigier, entré au gouvernement en juillet dernier comme ministre délégué en charge des Outre-Mer. De l’aveu d’un membre du parti, Vigier, “à cause de ses fidélités successives“ ne trouverait pas nécessairement en François Bayrou le plus ardent défenseur. Se pose aussi la question de l’avenir d’Hervé Berville, ex-secrétaire d’Etat à la Mer, autrefois rattaché à Matignon, maintenant que Christophe Béchu a récupéré le portefeuille.

Enfin, selon les bruits de couloir, Patricia Mirallès (Anciens combattants et Mémoire) pourrait dormir tranquille … A l’instar de Stanislas Guerini, qui attendrait sereinement son ministère de plein exercice. Stéphane Séjourné pousserait pour que le député Pieyre-Alexandre Anglade le rejoigne aux Affaires européennes …

Quel sort pour Amélie Oudéa-Castéra ?

Restera, restera pas ? Le maintien de la ministre de l’Éducation et des Sports Amélie Oudéa-Castéra à son poste interroge au sommet de l’État. Confrontée à de régulières polémiques depuis sa nomination le 11 janvier,  elle “a la confiance d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal“, a assuré dimanche la ministre chargée des Relations avec le Parlement, Marie Lebec. Un maintien, donc, mais quel périmètre donner à l’ancienne sportive ? Selon les dernières évolutions, tout tendrait ce mercredi matin à ce que l’intéressée ne conserve que les Sports et les Jeux olympiques et paralympiques. “Maintenant, tout le monde a l’air d’accord pour la remettre aux Sports et aux JO“, souffle un interlocuteur du président.

Bayrou au centre du jeu

Selon les confidences d’un visiteur du Palais, François Bayrou, lui même, pourrait être un successeur possible d’Amélie Oudéa-Castéra. Le Haut commissaire au Plan, désormais blanchi dans l’affaire des assistants parlementaires du Modem, est déjà passé par le ministère de l’Education nationale, et ferait aux yeux de certains un remplaçant tout trouvé. L’option permettrait en outre au président de la République (PR) de soigner un allié frustré par la composition gouvernementale actuelle que Bayrou juge notamment trop à droite. Seulement voilà, l’option ne convaincrait pas totalement Emmanuel Macron et Gabriel Attal : “le couple exécutif se tâte“, cherchant “le meilleur profil pour agir“.

Invité du 20 heures de France 2, lundi soir, le maire de Pau n’a pas du tout, tenter d’infirmer l’hypothèse de son arrivée à l’Education nationale. “Je n’écarte jamais rien, a répondu le président du Modem à la journaliste Anne-Sophie Lapix. “Vous savez à quel point j’y crois, à quel point je donnerais“ au service de l’Education“, a-t-il poursuivi, glissant au passage avoir “l’impression d’influer sur l’action [politique], peut-être pas assez“, depuis son Haut-commissariat au Plan.

“Il y a beaucoup de manière de servir, et je n’en ai jamais éliminé aucune“ a surenchéri l’intéressé ce matin sur BFMTV. Ce choix est celui du Premier ministre et du président de la République (…). “Je ne sais pas (…) Je ne me suis jamais dérobé à aucune demande de service pour notre pays“, a t-il affirmé.

Mais la relaxe lundi du maire de Pau est venue complexifier le Meccano. Rien n’était tranché mardi soir. Si le nom du béarnais circule beaucoup depuis lundi pour remplacer Amélie Oudéa-Castéra, la surprise à ce poste pourrait venir d’ailleurs, selon une source proche de l’exécutif, qui voit une autre personnalité émerger à l’Education nationale. “Pour l’Éducation, le président a une autre idée en tête“ glisse t-il mystérieusement.

Face à ce blocage, le leader centriste a annoncé, lors du bureau exécutif du MoDem, qu’il rencontrera le premier ministre, ce mercredi. Dans l’entourage de François Bayrou un autre projet est évoqué : un grand ministère portant sur la Réforme de l’État et la Simplification. Dans son scénario rêvé, celui qui est actuellement haut-commissaire au Plan obtiendrait un portefeuille d’ampleur, sans sacrifier pour autant l’un des quatre MoDem de l’équipe sortante. Un scénario toutefois compliqué, alors que l’Élysée souhaite resserrer le gouvernement à une trentaine de membres et que Horizons, le parti d’Édouard Philippe, tient lui aussi à sa part du gâteau.

Quelles couleurs politiques ?

L’arrivée de nouvelles prises en provenance de LR

Ravi de son “coup d’audace“, selon le mot du chef de file des sénateurs macronistes, l’ancien socialiste François Patriat, Emmanuel Macron entend continuer, à l’occasion de cette deuxième vague de nominations, de nommer de nouvelles figures issues du parti Les Républicains. Les prochaines prises de guerre ne seront sans doute pas aussi médiatiques que celle de la maire du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati, mais reste un objectif du président de la République selon l’Elysée. L’ancien député LR Thierry Solère, chargé de négocier le ralliement de personnalités de droite, aurait été missionné pour sonder les sénateurs LR susceptibles d’entrer au gouvernement.

La sénatrice LR des Hauts-de-Seine, Christine Lavarde, aurait ainsi été approchée par l’ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat, Patrick Sztroda. Le nom du LR François-Noël Buffet, jugé très “darmano-compatible“ dans sa propre famille politique, est également cité depuis des jours pour un éventuel ministère délégué à l’Immigration. Le nom de la sénatrice LR des Alpes-Maritime Dominique Estrosi-Sassonne est lui aussi évoqué. De même qu’aurait été approchée la présidente de la région Pays de la Loire Christelle Morançais — une ex des Républicains.

Des exigences au Modem

François Bayrou, qui estime par ailleurs le MoDem mal servi, et espère comme Édouard Philippe un rééquilibrage lors de cette seconde vague de nominations. “Bayrou veut au moins ce qu’il avait auparavant“, soit quatre membres du gouvernement, rapporte l’un de ses proches. “Il est dans un pacte implicite avec Édouard Philippe. Tous deux considèrent qu’ils sont des alliés historiques qui doivent être traités.“ Parmi les déjà nommés, seul le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau le représente. Sur les 15 places restantes, combien des siens parviendra-t-il à imposer ? Comme on l’a dit, l’ex-secrétaire d’Etat à la Biodiversité Sarah El Haïry serait assurée de rester, de même que le ministre délégué en charge du Numérique, Jean-Noël Barrot.

Après une première lame furieusement droitière et sarkozyste, la seconde partie du remaniement pourrait-elle opérer un “rééquilibrage“ à gauche ? L’aile gauche de la majorité souhaite également “compenser“ l’arrivée des Sarkozystes, Rachida Dati et Catherine Vautrin, avec la possible nomination de Sacha Houlié aux Sports.

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