En quoi les variants du Covid changent-ils la donne ?

A la veille d’un possible reconfinement, la propagation en France de nouveaux variants du Covid-19 change la donne. Alors qu’elles continuent de se propager sur le territoire, ces mutations du virus pourraient entraîner « l’équivalent d’une deuxième pandémie ». A tout le moins elles devraient modifier les stratégies mises en place par l’exécutif. Etat des lieux.

Jusqu’ici, l’incidence des variants sur l’épidémie en France ne semblait pas peser trop lourdement sur sa propagation. Au 21 janvier au soir, le ministère des Solidarités et de la Santé ne mentionnait qu’un “plateau haut légèrement montant, à 19 000-19 500 cas positifs par jour en moyenne“. Reste que la situation sanitaire en France, est aujourd’hui de plus en plus préoccupante.  “C’est un moment inquiétant“, reconnaissait, lundi, la présidente du collège de la Haute autorité de santé, Dominique Le Guludec, sur France Inter. “Plus ce variant anglais arrivera sur une circulation du virus élevée, pires seront les conséquences », a t-elle alerté.

Invité dimanche 24 janvier de BFMTV, le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy a lui aussi averti que l’arrivée de plusieurs nouveaux variants ces dernières semaines a, comme dans d’autres pays, modifié la progression du Covid-19 en France. “Les mutants et variants changent complètement la donne depuis trois semaines. Ils apparaissent de façon multiple, ont des facteurs de transmission plus élevés, et accélèrent la transmission“, a t-il indiqué. Et d’affirmer : “Alors qu’on est dans une situation apparemment relativement stable, si nous continuons sans rien faire de plus, nous allons nous retrouver dans une situation extrêmement difficile, comme les autres pays (européens), dès la mi-mars“. 

Quel développement sur le territoire français ?

Depuis sa détection au Royaume-Uni à l’automne, le variant anglais, considéré comme beaucoup plus contagieux, est scruté de près par les autorités sanitaires. Comment quantifier la menace pour la France de la mutation britannique ? Une modélisation de l’Inserm publiée samedi 16 janvier, apporte quelques éléments de réponse. Elle indique que ce variant venue d’outre-Manche pourrait supplanter la souche actuelle entre fin février et mi-mars, provoquant quelque 25 000 hospitalisations hebdomadaires entre mi-février et début avril, en l’absence d’interventions.

Variant anglais :  2,5% sur le territoire, et jusqu’à 10% en Ile-de-France

2,5% des cas de Covid-19 diagnostiqués en France. C’est le pourcentage constaté sur le territoire français après une “enquête flash“ menée au plan national sur plus de 10.000 PCR positives, les 7 et 8 janvier. Jean-François Delfraissy n’a pas caché le danger que représentait ce variant, le 24 janvier, estimant qu’il pourrait représenter 7 % à 9 % des cas positifs en région parisienne. Force est de constater que le variant anglais du Covid est désormais bien installé à Paris et en Ile-de-France.

Selon les derniers chiffres, la mutation britannique représenterait désormais près de 10% des cas positifs en région francilienne. “Aujourd’hui notre estimation est autour de 10 %. Ca monte vite“, a expliqué le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, interrogé sur France Inter. Un chiffre corroboré par l’Assistance publique hôpitaux de Paris , selon laquelle le variant anglais représente 9,4% des cas de Covid-19 détectés en Ile-de-France.  Ce qui augure d’une prochaine hausse “très significative“ du nombre de malades.

1% de variant sud-africain

Prédominant en Afrique du Sud, où il a émergé en octobre dernier, le variant 501Y a depuis été identifié dans 31 pays, dont la France. Pour l’instant, 10 cas ont été détectés dans l’Hexagone, selon Santé Publique France. Pour le président du conseil scientifique, certaines données suggèrent que l’on serait peut-être “autour de 1% »“ pour cette autre mutation. Quant aux autres variants (brésilien, californien) sur lesquels peut de détails ont filtré, la France ne connaît à ce jour aucun cas lié à ces mutations.

Des mutations qui changent la donne

Le couvre-feu ne suffit plus

En France, tous les signaux sont désormais au rouge. Le développement et la propagation du variant anglais vont donc être un élément déterminant dans la stratégie déployée dans les prochaines semaines, les prochains jours.

Le couvre-feu “a permis d’éviter que nous connaissions la même vague épidémique que nos voisins« , mais « cet effet s’estompe » et ne suffit plus à faire reculer le virus, a déclaré ce jeudi le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors d’une conférence de presse. “Ce que nous voulons éviter, c’est une épidémie dans l’épidémie« , a t-il indiqué, expliquant : “Malgré tous nos efforts, les variants circulent activement en France.“ “Au début du mois, les variants touchaient 500 français par jour, contre plus de 2 000 patients par jour actuellement.

Evoquant la progression des variants en France, le porte-parole du gouvernement, a indiqué dans la matinée que “la situation sanitaire préoccupante“, rendait nécessaire de nouvelles mesures. Reprenant la notion de  “confinement très serré“ abordée mercredi à l’issue du conseil des ministres, Gabriel Attal a indiqué ce jeudi au micro de France Inter. Il s’agit d’“un confinement qui a des effets suffisamment rapides et efficaces pour freiner davantage la circulation du virus.

Des stratégies insuffisantes ?

L’apparition de ces nouveaux variants pourrait également modifier les stratégies mises en place en France. Est-ce que ces mutations sont sensibles aux vaccins ? “On a un élément de réponse pour le variant anglais, il semble, avec des données préliminaires, qu’il soit sensible aux deux vaccins ARN Messager », a indiqué Jean François Delfraissy.  il apparaît en revanche que les mutations sud-africaines et brésiliennes pourraient opposer une résistance plus forte aux immunisations. Deux études – toujours en prépublication, suggèrent en effet que l’efficacité de la réponse immunitaire acquise grâce aux vaccins diminue face aux deux autres variants.

Pfizer et BioNTech, s’appuyant sur une étude de chercheurs de l’université du Texas, jugent néanmoins leur vaccin efficace, à la fois contre les variants britannique et sud-africain.

Nous voilà, en quelque sorte, revenus à la situation dans laquelle nous étions en mars dernier : un nouveau virus, une “Covid 2.0“, face à laquelle il va falloir définir une nouvelle stratégie. Car ce que que nous avions imaginé jusque-là,  ne tient plus, ou plus totalement.

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