Bruxelles : réunion extraordinaire du Conseil de l’énergie

Quand :
09/09/2022 Jour entier
2022-09-09T00:00:00+02:00
2022-09-10T00:00:00+02:00
Où :
Bruxelles
Bruxelles
Belgique

La République tchèque qui préside pour six mois le Conseil Européen a annoncé le 29 août une réunion d’urgence des ministres de l’Énergie de l’UE ce lundi 9 septembre. “Je convoque une réunion extraordinaire du Conseil de l’Energie. Nous nous réunirons à Bruxelles le 9 septembre. Nous devons réparer le marché de l’énergie“, a annoncé sur Twitter le ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce, Jozef Sikela.

Cette décision intervient alors que l’Union Européenne s’efforce de réduire sa dépendance à l’égard des approvisionnements en pétrole et en gaz russes à la suite de l’attaque de Moscou contre l’Ukraine. La réduction des approvisionnements et l’inquiétude quant à l’avenir ont provoqué une hausse vertigineuse des prix de l’énergie en Europe. Vendredi 26 août 2022, le prix de l’électricité en France a battu un record sur le marché à terme, dépassant les 1 000 € le mégawattheure (MWh), contre environ 85 €/MWh l’an dernier à la même période. A la même période, le géant russe Gazprom a par ailleurs annoncé  qu’il allait suspendre entièrement ses livraisons de gaz au groupe français Engie à partir du jeudi 1er septembre.

Une réforme structurelle du marché de l’électricité

Face à cette situation, la Commission européenne a planché cet été sur des propositions concrètes pour réformer la fixation des prix de l’électricité. “La flambée des prix de l’électricité montre désormais et pour différentes raisons les limites de la conception actuelle de notre marché de l’électricité. Il a été développé dans des circonstances complètement différentes et à des fins totalement différentes. Il n’est plus du tout adapté aux objectifs et c’est pourquoi à la Commission nous travaillons sur une intervention urgente et sur une réforme structurelle du marché de l’électricité“, avait annoncé le 29 août dernier sa présidente, Ursula Von Der Leyen. Cette réforme, réclamée de longue date par la France mais qui divisait les Vingt-Sept, sera au coeur de la réunion des ministres de l’Energie de l’UE, ce jeudi 9 septembre.

L’annonce de Me Von der Leyen a surpris, car toucher à la façon dont on fixe les prix de l’énergie dans l’Union était jusqu’à très récemment tabou. Le système en place est en effet effet jugé très complexe à réformer sans fragiliser tout l’édifice qui évite aux Européens chaque hiver un éventuel blackout. En couplant le prix de l’électricité sur celui du gaz, ce système a aussi grandement favorisé l’innovation et les énergies renouvelables. C’est ce que défendaient encore récemment la dizaine de pays au premier rang desquels il y avait l’Allemagne, encore très opposée au printemps dernier à toute réforme de ce type.

L’explosion des prix du gaz et de l’électricité fait bouger les lignes

L’explosion des prix de l’électricité et du gaz sont toutefois en train de faire bouger les lignes. Réformer ce marché “empêchera Vladimir Poutine de dicter à l’Europe les prix de l’électricité avec ses manœuvres en matière d’approvisionnement en gaz“, défendent les Tchèques qui rejoignent ainsi les positions française, belge, espagnole et portugaise. Les 27 débattront aussi de l’opportunité de plafonner les prix de gaz, ce que réclament avec force les autorités belges : “Il faut bloquer le prix du gaz sur ce marché qui ne fonctionne plus !“  propose leur premier ministre Alexander De croo.

Bruxelles présente ses pistes

Sous pression, Ursula Von der Leyen, a présenté mercredi 7 septembre un catalogue de cinq mesures pour alléger les factures énergétiques des Européens.  “Il faut que nous agissions le plus vite possible“ a affirmé la présidente de la Commission, alors que certains estiment que Bruxelles a été trop lente à mettre un plan en place.

La Commission envisage ainsi de plafonner à 200 euros par mégawattheure le prix de l’électricité produite par des entreprises non gazières (parcs éoliens, centrales nucléaires et au charbon).

Bruxelles a également proposé mercredi de plafonner les revenus des entreprises produisant de l’électricité avec le nucléaire et les renouvelables, et de réclamer une “contribution de solidarité“ aux groupes gaziers et pétroliers. Certains producteurs d’électricité, qui mobilisent des centrales nucléaires, l’éolien, le solaire ou les barrages hydroélectriques, “réalisent des revenus massifs qui ne reflètent pas leurs coûts de production“, qui sont “faibles“, a déploré Mme von der Leyen qui a appelé à redistribuer ces “bénéfices inattendus“, pour aider les ménages et entreprises “vulnérables“.

La Commission va également proposer un plafonnement du prix du gaz russe afin de surmonter la crise énergétique et à combattre la “manipulation“ des marchés énergétiques par la Russie, a déclaré sa présidente. “Nous devons réduire les revenus de la Russie que Poutine utilise pour financer cette guerre atroce contre l’Ukraine“, a souligné Ursula Von der Leyen. Toutes ces propositions seront au coeur des discussions ce vendredi, des ministres européens de l’Energie, qui lors du Conseil, devront les adopter et éventuellement les amender.

Macron et Scholz montent au créneau

À la suite de sa visioconférence avec le chancelier allemand, Olaf Scholz, le Président Emmanuel Macron s’est exprimé, ce lundi sur la situation énergétique en Europe et en France. “Le prix de l’électricité sur le marché européen doit être formé de manière plus cohérente“, a affirmé le chef de l’État,  dénonçant des “prix déconnectés de la réalité des coûts de production« .

A l’instar de son homologue allemand, il a défendu un prélèvement sur les “bénéfices indus“ des producteurs d’énergie, liés à la flambée des cours de l’électricité. Dans le droit fil des annonces de la Commission européenne, le locataire de l’Élysée a défendu lundi le principe d’un “mécanisme de contribution européenne“. C’est-à-dire, un prélèvement sur les opérateurs énergétiques “dont les coûts de production sont très inférieurs aux prix de vente sur le marché.“

Défendant une position commune avec l’Allemagne, Emmanuel Macron s’est également dit favorable à ce que les Vingt-Sept puissent acheter leur gaz en commun, ce qui permettrait selon lui de “payer moins cher“. La France soutiendra aussi le principe d’un prix plafond sur le gaz russe, remis à l’ordre du jour par les annonces de la Commission européenne.

 

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