Élisabeth Borne en Algérie

Quand :
09/10/2022 – 10/10/2022 Jour entier
2022-10-09T00:00:00+01:00
2022-10-11T00:00:00+01:00
Où :
Alger
Alger
Algérie

Un peu plus d’un mois après la visite d’Emmanuel Macron en Algérie qui avait scellé la réconciliation entre les deux capitales, c’est au tour d’Elisabeth Borne de s’envoler pour la ville blanche ce dimanche. Un premier voyage officiel de deux jours. “C’est un moment très important dans la relation bilatérale“ explique-t-on à Matignon, où l’on veut oublier “les turbulences“ passées. Signe de l’importance accordée à ce déplacement, la cheffe du gouvernement sera accompagnée de pas moins de 16 ministres, 4 patrons de PME, de dirigeants de Sanofi et d’une délégation de Business France.

La visite présidentielle avait donné lieu à la signature de la “Déclaration d’Alger pour un Partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie“. Le déplacement de Me Borne va illustrer diverses thématiques préalablement fixées par cette déclaration : histoire et mémoire, mobilité, partenariats économiques, coopération scientifique ou jeunesse.

Prolonger la déclaration d’Alger

La visite de la Première ministre a pour objectif de montrer qu’au-delà des belles intentions affichées fin août par le président français, il y a des traductions concrètes. L’idée est de formaliser “une feuille de route“ nourrissant “un calendrier dense de rencontres bilatérales à tous les niveaux et à échéances régulières“. “Il nous faut rétablir une relation fluide et apaisée“ résume une source diplomatique.

Un “conseil des ministres franco-algérien“

Lundi, la Première ministre française s’entretiendra avec son homologue algérien et rencontrera probablement le chef de l’État algérien, Abdelmadjid Tebboune. Mais elle participera surtout à la 5e session du Comité intergouvernemental de Haut Niveau (CIHN), raison principale de ce déplacement. Ce format de coopération, sorte de conseil des ministres franco-algériens prévu pour valoriser la coopération entre les deux pays existe depuis 2012. Mais entre les tensions diplomatiques et l’épidémie de COVID, le CIHN n’a pas été convoqué depuis décembre 2017.

Cette instance doit être l’outil qui mettra en musique le “partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie“, signé par les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron en août dernier. A Matignon, on se félicite donc de sa tenue. “C’est vraiment une impulsion nouvelle donnée à notre relation pour la tourner vers l’avenir, vers des projets concrets“, vantent les services de la Première ministre. “La jeunesse des deux pays“ sera au menu de ce CIHN, “qui permettra également d’avancer sur les questions économiques et la transition écologique“, ajoutent-ils.

Le dossier mémoriel

Elisabeth Borne évoquera enfin le dossier mémoriel, l’un des axes forts de la déclaration d’Alger. Fin août, MM. Tebboune et Macron avaient annoncé la constitution d’une commission mixte d’historiens français et algériens vouée à travailler sur des archives – à les ouvrir davantage. Élisabeth Borne, qui déposera une gerbe au Mémorial du Martyr dès son arrivée avant de se rendre au cimetière européen Saint-Eugène, ne devrait toutefois pas faire de nouvelles annonces sur le sujet. La composition de cette commission n’est en effet pas encore actée.

Renforcer la coopération économique

Au-delà du renforcement des liens politiques entre la France et l’Algérie, la visite de la Première ministre vise à mettre l’accent sur les partenariats entre les deux pays. Les rencontres bilatérales de dimanche doivent aboutir à des annonces dans les six domaines évoqués dans le texte paraphé cet été, en particulier pour ce qui relève de la jeunesse et la coopération économique, les deux priorités mises en avant par les conseillers d’Élisabeth Borne.

La Première ministre participera avec Bruno Le Maire à un forum économique, lundi, réunissant des chefs d’entreprises invités dans sa délégation. Principalement des représentants de petites et moyennes entreprises, même si le groupe pharmaceutique Sanofi sera aussi représenté. Plusieurs accords sur la coopération économique, l’éducation ou la transition énergétique devraient être signés entre la France et l’Algérie à cette occasion. Des accords sur lesquels Matignon est resté jusqu’à présent, discret.

Les livraisons de gaz algérien, pas à l’ordre du jour

Officiellement, comme en août dernier, la question des livraisons de gaz algérien à l’Europe en général et à la France en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine, ne sera pas officiellement évoquée. Matignon s’emploie à ne plus  mettre le sujet au cœur des discussions. Notamment pour ne pas accréditer l’idée que le rapprochement entre les deux capitales serait conjoncturel. La France n’achète aujourd’hui qu’entre 8 % et 9 % de son gaz à l’Algérie, une part modeste qui autorise une marge de progression certaine.“La France est moins dépendante du gaz que nos voisins européens donc ce n’est pas à l’ordre du jour de ce déplacement“ souffle-t-on néanmoins au sommet de l’État.

Dénouer la question des visas

Autre sujet d’actualité, la question très sensible de la délivrance des visas sera évoquée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin qui sera à Alger aux côtés de la Première ministre. Paris impose toujours des restrictions à l’Algérie dans l’objectif d’obtenir plus de laissez-passer consulaires.  A l’automne 2021, la France avait réduit de 50% le nombre de visas octroyés à l’Algérie pour forcer les autorités algériennes à délivrer des laissez-passer consulaires et permettre ainsi l’expulsion de ressortissants en situation irrégulière dans l’Hexagone. Une décision qui avait un peu plus tendu les relations entre les deux pays.

Depuis, de l’eau a coulé entre les deux rives de la Méditerranée. Fin août, lors de la visite d’Emmanuel Macron, la France avait assoupli sa position dans le cadre d’une immigration choisie (artistes, sportifs, acteurs économiques…), l’Algérie s’engageant elle à mieux lutter contre l’immigration clandestine.  Si l’on concède, Place Beauvau, que des “progrès ont été accomplis par les Algériens“ en matière de délivrance de laissez-passer consulaires aux fins de retour au pays de migrants irréguliers, les “discussions n’ont pas encore abouti“, précise-t-on à Matignon.

 

 

 

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