Elisabeth Borne face aux patrons

Quand :
29/08/2022 Jour entier
2022-08-29T00:00:00+02:00
2022-08-30T00:00:00+02:00
Où :
Hippodrome de Lonchamp
2 Rte des Tribunes
75016 Paris
France

La Première ministre, Elisabeth Borne fait sa rentrée auprès des patrons.  La locataire de Matignon s’exprimera cet après-midi, à 14h40, lors de l’événement annuel du Medef, la “REF22”, pour Rencontre des Entrepreneurs de France. Plus  de 10 000 chefs d’entreprise sont attendus lundi et mardi dans le cadre de l’hippodrome de Longchamp pour débattre, notamment, du destin économique de l’Europe. Au programme de ces deux jours, plus de 150 intervenants, 30 débats et keynotes programmés dans un cadre exceptionnel.

En parallèle de son intervention, la cheffe du gouvernement a entamé hier son marathon média post-pause estivale par une interview au Parisien, avant un passage par les écrans de Quotidien demain soir puis devant les micros de France Inter jeudi matin. Le tout minutieusement intercalé autour du séminaire gouvernemental de rentrée, mercredi, qui doit structurer les grands chantiers à venir.

Le discours de la Première ministre sera “l’un des moments forts de la rentrée“ selon les services de Matignon, alors que “les Français ont conscience de l’enjeu climatique“ et que le président de la République a annoncé cette semaine “la fin de l’abondance“, préparant la population à des temps difficiles.

Il s’articulera autour de deux piliers. D’un côté, la transition écologique et énergétique, après un été enflammé entre sécheresse et feux de forêts. De l’autre, l’objectif du plein emploi. En toile de fond de cette intervention, la guerre en Ukraine et son lot d’incertitudes en matière d’approvisionnement en matières premières, notamment gazières. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky s’exprimera d’ailleurs, en visio à la mi-journée, en préambule de la réunion patronale.

Un appel à la mobilisation générale des entreprises

Après l’appel à la sobriété lancé par Emmanuel Macron aux Français dans son interview du 14 juillet, le discours tenu par Elisabeth Borne, devrait permettre de préciser un peu plus la réponse que le gouvernement entend apporter à la crise climatique et énergétique sur laquelle le chef de l’État s’est exprimé à plusieurs reprises depuis le début de l’été. La Première ministre va ainsi lancer aux patrons français, un “appel à la mobilisation générale“,  en insistant sur la “responsabilité collective“, face aux risques de pénuries de gaz cet hiver. Dans le détail, la PM devrait indiquer aux entreprises le sens qu’elle donne au mot “sobriété“ et ce qu’elle attend d’elles.

Selon le quotidien Les Echos, elle devrait demander aux entreprises de réduire leur consommation énergétique de 10 % dans les prochaines semaines. Les mesures de rationnement ne seraient nécessaires qu’en cas d’efforts insuffisants des entreprises et de coupure du gaz par la Russie.

Les entreprises ont évidemment un rôle à jouer“, assure pour sa part le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux dans une interview au Figaro publiée ce lundi. “Le plan de sobriété sur lequel on discute porte principalement sur deux sujets : la température dans les bureaux (…) et les mobilités du quotidien, en poussant les solutions de transport alternatif à la voiture individuelle“, explique-t-il. Mais, “il nous faudra plus globalement aussi repenser notre modèle de production pour le rendre plus sobre“.

De possibles mesures de rationnement

Si les entreprises respectent “le deal“ et que leur consommation baisse d’environ 10%, “on a la possibilité de s’en sortir uniquement avec ces mesures de sobriété“, résument les services de Matignon. En revanche, “si tout le monde ne s’y met pas et si les Russes coupent le gaz, on devra être plus contraignant“. Comprendre : si les deux conditions ci-dessus sont réunies, des mesures de rationnement pourraient être mises en œuvre pour passer l’hiver. Face aux patrons, il est “possible“ que la Première ministre “prononce le mot rationnement“, indiquait un conseiller hier soir.

Ce scénario du pire, même s’il n’est pas privilégié, est en effet une option en discussion entre l’Etat et les entreprises depuis cet été. Afin d’éviter un “plan de délestage“, c’est-à-dire des coupures momentanées sur une partie du réseau. D’autres dispositifs contraignants sont à l’étude : prévenir les entreprises “un mois ou deux à l’avance“ qu’il leur faudra freiner leur consommation d’énergie, avançait hier Matignon, qui évoquait également un système d’achat et de vente de “droits à consommer“ entre entreprises… Mais à ce stade, ce scénario catastrophe est encore dans les cartons.

Guerre en Ukraine et nucléaire

Les conséquences de la guerre en Ukraine sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe et la nécessité de renforcer la souveraineté européenne seront également au cœur des deux jours de débats. “Il est important qu’on s’interroge sur notre souveraineté“, a déclaré à l’AFP Patrick Martin, le président délégué du Medef. A ce titre, Elisabeth Borne devrait insister sur la nécessité de redémarrer les réacteurs nucléaires, alors que près de la moitié du parc français (32 réacteurs sur 56) est aujourd’hui à l’arrêt, pour raisons de maintenance, faisant tomber la production française à 50% de ses capacités. Petite éclaircie au milieu des cumulus, si les prix de l’électricité continuent de s’envoler, l’exécutif amortira les hausses après la fin du bouclier tarifaire en décembre, grâce à des “dispositions spécifiques“ pour “les plus fragiles“, a affirmé hier la Première ministre au Parisien.

Taxation des superprofits

Ceux qui se demandent si la cheffe du gouvernement évoquera la taxation des superprofits face aux patrons risquent en tout cas d’être fort déçus. Si la Première ministre a dit “ne pas fermer la porte” à une telle taxe pour financer la transition écologique, son discours du jour n’en fait pas mention à ce stade, selon son entourage. À l’inverse de celui de Geoffroy Roux de Bézieux, qui s’exprimera juste avant elle et qui ne manquera pas, selon l’un de ses conseillers de revenir sur le sujet… Son interview est à lire ce matin dans Le Figaro.

« Le plus grand super profiteur, c’est l’État : les recettes fiscales du 1er semestre 2022 ont augmenté de 27 milliards d’euros, grâce aux super-profits des entreprises », a indiqué ce matin à ce sujet le Patron des patrons interrogé sur France Inter.

Suivre l’évènement en direct

Posted in .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *