France
Après un premier mouvement de grève en décembre, puis un autre en janvier, les médecins libéraux entendent mettre la pression sur le gouvernement. Ce mardi 14 février 2023 s’annonce noir chez les généralistes, appelés par leurs syndicats à cesser le travail. Au bord de la rupture avec l’Assurance maladie et inquiets d’une possible adoption d’une proposition de loi examinée au Sénat, les blouses blanches sortent le grand jeu : fermeture des cabinets, grève de SOS Médecins et manifestation à Paris.
“Mardi, c’est un fait unique dans l’histoire, vous aurez tous les syndicats de médecins“, a insisté dimanche sur Europe 1 Agnès Giannotti, présidente du syndicat MG France, première organisation chez les généralistes. “C’est bien qu’il se passe des choses qui mettent en colère l’ensemble d’une profession, ça ne s’est jamais vu“, a-t-elle ajouté. Revendiquant également “l’indispensable revalorisation de la visite à domicile“, SOS Médecins s’est joint à la mobilisation, appelant ses adhérents à cesser le travail pendant 24 heures à partir de mardi matin.
1,50 euros d’augmentation
Après plusieurs mois de tractations et à deux semaines du terme des négociations avec l’assurance maladie, suspendues mi-janvier, la proposition d’une hausse d’à peine 1,50 euro de la consultation de base – de 25 à 26,50 euros, a été vécue comme une provocation par ces praticiens.
LE FIGARO 🔵 Médecins: la Sécu propose 1,50 euro de plus par consultation 👉 https://t.co/Ehiy4dgCdz pic.twitter.com/kTT1sEG7s9
— SHANGO | News 🗞 (@ShangoNews) February 3, 2023
Loin, très loin des 50 euros exigés par le collectif Médecins pour demain, à l’origine de précédentes fermetures de cabinet début décembre et pendant les Fêtes, avec le soutien de syndicats contestataires (UFML, FMF). Même les grandes organisations (MG France, CSMF), dont la signature sera incontournable, n’attendent pas moins de 30 euros de hausse.
Des contreparties exigées
Cette fronde aura t-elle des effets ? Rien n’est moins sur. “Nous irons plus loin la semaine prochaine“ promet déjà le directeur de l’Assurance maladie, Thomas Fantôme, dans un entretien au Quotidien du Médecin. Mais ce ne sera pas sans contreparties. Un “engagement territoriaL“ est demandé, pour que les praticiens prennent plus de patients et assurent plus de gardes les soirs et week-end.
Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam : « La semaine prochaine, nous irons plus loin sur les niveaux de la nomenclature car c'est le bon moment » https://t.co/dS7lwkJmif
— Le Quotidien du Médecin (@leQdM) February 10, 2023
Le ministre de la Santé, François Braun, n’en démord pas: “Mon objectif, c’est de répondre aux besoins de santé de la population“, affirme-t-il, disant entendre “la colère“ des praticiens, “mais aussi celle des Français qui n’arrivent pas à trouver un médecin.“ C’est justement parce que l’offre ne répond pas à la demande que le Parlement envisage d’ouvrir “l’accès direct“, sans prescription médicale préalable, à certains paramédicaux.
Une proposition de loi à l’initiative de la députée Renaissance Stéphanie Rist, soutenue par l’exécutif, a achevé de mettre le feu aux poudres. Après avoir franchi l’étape de l’Assemblée, elle sera débattue mardi après-midi au Sénat. Elle propose que les malades, à l’avenir, puissent consulter directement certains infirmiers sans passer par un médecin, et que ces infirmiers, dits “en pratique avancée“ (IPA), soient autorisés à prescrire quelques types de soins et médicaments. Les kinésithérapeutes et orthophonistes seraient aussi concernés par ce statut d’IPA, créé en 2016.
Une médecine à deux vitesses pour les syndicats
Inquiets d’une possible adoption du texte, les syndicats joueront ce mardi leur va-tout dans les rues de la capitale, entre la place Vauban, voisine du ministère, et celle du Panthéon, toute proche de la chambre haute. Même l’Ordre des médecins a annoncé sa participation au cortège, pour dénoncer les “risques de désorganisation des soins“ et “de perte de chance pour les patients“ que porte selon lui ce projet de “médecine à deux vitesses“. Les organisateurs se donnent les moyens de faire basculer le rapport de force. Ainsi, la CSMF prévient que “des cars partent de toute la France: Laval, Strasbourg, Metz, Châteauroux, Vierzon, Orléans, Lille, Arras..“ et invite ses adhérents à “réserver (leurs) places“.
[Communiqué de presse ] commun de l'Ordre des médecins, des syndicats des médecins libéraux et hospitaliers sur le système de santé et l’accès aux soins.https://t.co/kLO94jSIqc pic.twitter.com/WVOD8Yo2wB
— Ordre des Médecins (@ordre_medecins) January 5, 2023
Une manifestation unitaire
L’appel à manifester a été lancée par les six syndicats représentatifs de la profession (MG France, CSMF, FMF, SML, UFML, Avenir Spé), rejoints par divers collectifs (Médecins pour demain, Jeunes médecins, Reajgir) et par l’Ordre des médecins. Si le mouvement pouvait semblait au départ concerner uniquement la médecine de ville, les syndicats libéraux ont reçu un renfort inattendu vendredi, puisque deux syndicats hospitaliers, Action praticiens hôpital (APH) et l’association des médecins urgentistes de France (Amuf), ont également appelé à manifester ce mardi contre la loi Rist.
Manifestation du 14 février : les médecins hospitaliers rejoignent le mouvement https://t.co/pyF2fJzqkb #manifestation #grève #médecins pic.twitter.com/TQKQiGouY5
— JIM.fr (@jimweb) February 13, 2023
Sur les réseaux sociaux, l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) a également indiqué qu’elle serait bien dans les rangs, ce mardi 14 février, à Paris. “Les représentant(e)s de chaque syndicat et association locale ont voté à l’unanimité le soutien à la mobilisation et en ce sens un préavis de grève a été déposé auprès des autorités compétentes pour que les internes puissent rejoindre les médecins libéraux“, précise-t-elle.
Une cortège entre le ministère de la Santé et le Sénat
Rendez-vous est donné à 12h30 ce mardi, Place Vauban (7ème arr.), pour un départ du cortège à 13 heures, en direction de la place du Panthéon (5ème arr.).
Mardi 14 février 2023 : Manifestation unitaire, avec la participation de l’ordre des médecins, des six syndicats représentatifs, des syndicats des jeunes médecins et des collectifs de médecins non syndiqués
Détails pratiques
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