Police : appel à un grand rassemblement devant l’Assemblée nationale

Quand :
19/05/2021 Jour entier
2021-05-19T00:00:00+02:00
2021-05-20T00:00:00+02:00
Où :
Assemblée nationale
126 Rue de l'Université
75007 Paris
France

14 syndicats de police, dont l’UNSA et le syndicat alliance, appellent ce mercredi 19 mai à un grand rassemblement statique entre 13 heures et 15 heures aux abords de l’Assemblée nationale. Leur communiqué commun a été publié après leur rencontre le 10 mai avec le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Justice — ainsi que l’annonce, par Jean Castex de mesures de durcissement des sanctions pénales dans les cas d’agression contre des forces de l’ordre.  La déclaration faisait elle-même suite au meurtre d’Eric Masson, à Avignon, dans le cadre d’une opération anti-drogue. Dix jours plus tôt, une policière avait été poignardée à mort par un terroriste à Rambouillet dans les Yvelines.

19 communique Alliance

Les syndicats réclament des peines minimales

 S’ils “prennent acte“ de la “création d’un observatoire de la réponse pénale“, les policiers ne sont pas satisfaits des annonces et réclament en particulier des “peines minimales“ pour les agresseurs de représentants des forces de l’ordre. Ce que le gouvernement exclut. Le sujet, qui n’est pas nouveau, avait déjà été imposé par Unsa et Alliance au menu des discussions du Beauvau de la sécurité, qu’anime Gérald Darmanin depuis février dernier.

 Pour Fabien Vanhemelryck, Secrétaire général du syndicat Alliance, les peines minimales (ou peines planchers) sont “la seule solution pour arrêter l’impunité et l’insécurité“.“Le nœud gordien, ce n’est pas l’augmentation du quantum de la peine, mais l’application des peines existantes, notamment pour tout ce qui est en bas du spectre, c’est-à-dire les agressions du quotidien“, estime aussi Patrice Ribeiro, Secrétaire général de Synergie Officiers. “C’est là où le sentiment d’impunité se crée et se nourrit“, selon le syndicaliste.

De nombreuses personnalités politiques attendues

La présence de Darmanin et sans doute de Dupont-Moretti

Ce regroupement sera notamment marqué par la présence du ministre de l’Intérieur et peut-être de celle, pas exclue, du garde des sceaux Eric Dupond-Moretti. Gérald Darmanin a défrayé la chronique lundi, en déclarant depuis l’Eure où il était en déplacement sur le thème du renforcement des effectifs policiers, qu’il se rendrait mercredi à la manifestation des forces de police pour leur “dire son soutien“, lui qui juge leur “colère légitime“ et qui est, a-t-il rappelé, “le premier d’entre eux“. Place Beauvau, on soulignait hier qu’il ne s’agit que d’un “témoignage de soutien“ qui ne signifie pas “pour autant“ que le ministre “cautionne toutes les revendications“.

L’on n’excluait pas hier après-midi l’idée qu’Eric Dupond-Moretti vienne lui aussi saluer les manifestants pour leur exprimer son “soutien personnel“. Le ministère indique que sa venue sera conditionnée par son emploi du temps. Le Garde des Sceaux doit en effet être plutôt dans l’hémicycle que devant, puisque son projet de loi sur la confiance dans l’institution judiciaire est débattu cette semaine. Sur le fond, il maintient sa position, soulignait son conseiller : “Tout ce qui est peines automatiques, c’est toujours non, nous sommes dans un état de droit. Ce qui ne veut pas dire oui à l’impunité…

L’absence des Insoumis

Seront également présents des représentants de presque toutes les forces politiques (du PCF au RN). Sans surprise, les Insoumis se sont démarqués des autres mouvements de gauche hier en annonçant formellement qu’ils ne viendraient pas. “Nous ne participerons pas parce que nous ne partageons pas les revendications sur la base desquelles les organisations policières appellent à manifester, à savoir une sévérité pénale accrue contre les agresseurs de forces de l’ordre“, ont-ils indiqué dans un communiqué paru à l’issue de leur réunion de groupe à l’Assemblée. “Je n’ai ni doute, ni état d’âme, nous n’avons rien à y faire“, a ajouté hier soir le patron des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, quelques heures après l’annonce.

Le député LFI Adrien Quatennens est monté au créneau dans la soirée sur BFMTV pour défendre la position de son groupe : “Le code pénal prévoit déjà qu’en cas de meurtre sur une personne dépositaire de l’autorité publique, la peine encourue est la réclusion criminelle à perpétuité. Quelle est l’étape d’après, que veut-on de plus ?” Une intervention qui lui a valu une réponse salée sur la même chaîne de son collègue LaREM Jean-Michel Fauvergue, qui a dénoncé une “dialectique ambigüe“ de LFI “qui provoque et qui dit à mots couverts que la plupart des policiers sont anti-démocratiques”.

Les Verts laissent le choix à leurs troupes

Plus partagés, les cadres d’EELV ont décidé de laisser le choix à leurs troupes. Dans un communiqué  le parti a regretté “le fait que la marche citoyenne se tienne devant l’Assemblée nationale, avec la présence de l’exécutif de surcroît, au risque d’une mise sous pression du pouvoir législatif et au mépris de la séparation des pouvoirs“. La formation dénonce des “tentatives de récupération politicienne“, tout en affirmant son “attachement à la police républicaine et à ses missions“.

Les Socialistes ont, quant à eux, assumé plus clairement leur présence. “Ils nous protègent, nous devons les protéger“, a même clamé le premier secrétaire Olivier Faure à propos des policiers lors des questions au gouvernement hier, sans oublier pour autant d’évoquer la “présence incongrue“ du ministre de l’Intérieur.

Même certitude apparente pour le secrétaire général du PCF et candidat à la présidentielle, Fabien Roussel, qui a de son côté lancé sa campagne la semaine dernière sur le thème de la sécurité, ce qui lui vaut des critiques acerbes de son homologue de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.

Le porte-parole du PCF Ian Brossat fait plus qu’assumer auprès de Playbook : “Si on ne s’intéresse pas aux problèmes qui taraudent les catégories populaires, il ne faut pas s’étonner que les catégories populaires ne s’intéressent pas à nous.” La prise de position de Roussel n’est, à ses yeux, que logique : “Le Parti communiste n’a jamais été un parti libertaire, c’est le moins qu’on puisse dire. On n’a jamais été laxiste. Et nos maires sont les premiers à se battre pour le retour d’un commissariat par ici, l’augmentation des effectifs policiers par là…“Si on n’est pas clair sur ce sujet, on n’est pas entendu sur le reste. C’est le minimum de pouvoir rentrer chez soi en sécurité“, conclut-il.

Quel programme ?

 Plusieurs séquences devraient avoir lieu, à commencer par une minute de silence pour rendre hommage aux policiers tués ces dernières années. Des prises de paroles de quatre principaux syndicats suivront: Grégory Joron, d’Unité-SGP Police, Fabien Vanhemelryck, d’Alliance-Police Nationale, Olivier Varlet, de l’Unsa Police, et Christophe Rouget, du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure, se succéderont au micro vers 13h30. Ils auront chacun droit à cinq minutes maximum pour s’exprimer et faire valoir leurs revendications, soit une vingtaine de minutes de discours environ.

l n’y aura a priori ni carré VIP ni zone réservée aux représentants politiques. Aucune prise de parole politique n’est également prévue. Une performance musicale du rappeur Kaotik 747, connu pour ses paroles en soutien aux policiers, aura également lieu. Quatre vidéos seront également diffusés afin de sensibiliser l’opinion publique à la réalité du métier de policier. Des témoignages de proches de policiers morts dans l’exercice de leurs fonctions mais aussi sur les violences que les forces de l’ordre subissent au quotidien seront notamment partagés sur les écrans géants.

 

 

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