Nouvelle Calédonie : Macron convoque un sommet pour sortir l’archipel de l’impasse

Un an après les violentes émeutes qui ont secoué l’archipel en mai 2024, Emmanuel Macron invite l’ensemble des acteurs de Nouvelle-Calédonie à un sommet, à partir du 2 juillet. Sous la présidence du chef de l’État, les échanges porteront sur les  “sujets institutionnels“ mais aussi sur “les enjeux économiques et sociétaux“. 

Après l’échec du conclave de Deva en mai 2025, c’est une invitation formelle à reprendre les discussions, qui est parvenue aux responsables politiques calédoniens. Selon une lettre dont l’AFP a obtenu une copie mardi 24 juin, Emmanuel Macron a invité “l’ensemble des acteurs du territoire“ à un “sommet consacré à la Nouvelle-Calédonie“ sous sa présidence à partir du 2 juillet et pour “le temps nécessaire“ face à l’impasse actuelle.

Ce sommet, organisé sous la présidence du chef de l’État, sera mené sous la houlette du ministre des Outre-mer, Manuel Valls. Il associera les élus calédoniens, les responsables des partis locaux, et les représentants des forces économiques et sociales de l’archipel, a-t-on précisé de source proche du dossier.

Nouvelle-Calédonie : un « sommet » convoqué par le président Macron le 2 juillet

Le Monde (@lemonde.fr) 2025-06-24T14:44:11.763340+00:00

Le programme complet du sommet n’a pas été dévoilé. Ce que l’on sait, c’est qu’il s’ouvrira par un discours d’Emmanuel Macron et de Manuel Valls. Après une rencontre solennelle rassemblant formations politiques, acteurs économiques et représentants de la société civile en fin de journée le 2 juin, les négociations sur le futur statut du territoire reprendront les jours suivants, dans un lieu, qui pourrait vraisemblablement être un grand hôtel parisien. Les enjeux économiques et la filière du nickel seront également abordés en présence de représentants et des chambres consulaires, également conviés à Paris.

Des discussions à durée indéterminée

Au-delà des sujets institutionnels, qui sont majeurs, je souhaite que nos échanges puissent également porter sur “les enjeux économiques et sociétaux“, précise le chef de l’Etat dans sa lettre d’invitation, assurant : les discussions “dureront le temps nécessaire à ce que les sujets lourds que nous aurons à aborder puissent l’être avec tout le sérieux qu’ils méritent“.

Pour dénouer une situation figée

La Nouvelle-Calédonie a été secouée à partir de la mi-mai 2024 par des émeutes qui ont fait 14 morts et des milliards d’euros de dégâts, sur fond de crise institutionnelle, économique et sociale aiguë. Selon le chef de l’État, dans ces conditions, “la tension était trop forte pour permettre un dialogue apaisé entre toutes les composantes de la société calédonienne“ et examiner la situation créée par les trois référendums qui ont successivement acté le maintien dans la République française. Depuis le dernier référendum d’autodétermination de 2021, boycotté par les indépendantistes, la situation politique est figée dans l’archipel. Manuel Valls a ainsi mené en vain début mai des négociations en Nouvelle-Calédonie entre indépendantistes et non-indépendantistes.

“Le ministre d’État a réussi à renouer les fils du dialogue, ce qui est un acquis en tant que tel“, mais cela n’a “pas permis de parvenir à un accord sur l’avenir institutionnel du territoire“, rappelle le président de la République dans sa lettre d’invitation. Après cet échec, Emmanuel Macron avait fait savoir qu’il inviterait les parties prenantes à Paris “à partir de la mi-juin“. Et, le 10 juin dernier à Nice, lors d’un sommet Pacifique-France, le chef de l’État avait dit vouloir un “projet nouveau“ pour la Nouvelle-Calédonie, tout en promettant de ne pas refaire les “erreurs“ liées aux référendums, pas “adaptés“ à ses yeux aux cultures locales.

Le projet de “Deva“ comme base de travail

Un projet de “souveraineté avec la France“ a été présenté fin avril par Manuel Valls aux six délégations politiques calédoniennes engagées, avant d’être déposé sous la forme d’un document écrit, le 5 mai. Ce projet accorderait une Constitution propre à la Nouvelle-Calédonie inscrite dans la Constitution française. Le territoire deviendrait un Etat souverain disposant d’un siège à l’ONU, avec une double nationalité. Il disposerait de ses compétences régaliennes mais les déléguerait à la France dans le cadre d’un “pacte d’union, de protection et d’interdépendance“, impossible à modifier sans l’accord des deux parties.

Du côté des politiques calédoniens, on s’interroge sur la pertinence de ce sommet à Paris, relevant le temps court, presque “précipité“, de la date d’invitation. Quoi qu’il en soit, l’Union calédonienne-FLNKS, présidée par Emmanuel Tjibaou, compte s’appuyer sur “le projet porté par l’Etat“, proposé par le ministre des Outre-mer au conclave de Deva, considérant cette dernière, comme une “base de travail pour le consensus recherché“. 

Le leader indépendantiste Kanak, Christian Tein a pour sa part donné le ton d’emblée : “Les discussions à venir doivent converger vers l’indépendance pleine et entière“ déclare t-il. Pour l’ex prisonnier, “la transition vers l’indépendance“ doit se faire rapidement “afin de minimiser le risque de remise en question des décisions, en raison d’éventuels changements au sein de l’État français“, notamment la présidentielle de 2027. Pour Philippe Dunoyer, membre du parti Calédonie ensemble, ce sommet est “l’ultime chance de parvenir à un accord“. Il faut absolument dégager des lignes de force sur un accord pour retrouver un peu de sérénité et de perspectives. Il y a deux enjeux : celui institutionnel, avec une réunion de la dernière chance et celui du redressement de l’économie et des finances publiques“, déclare t-il.

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