Macron sonde les partis politiques dans un format inédit

C’est aujourd’hui l’acte 1 de “l’initiative politique d’ampleur“ annoncée par Emmanuel Macron pendant l’été. Le chef de l’État, en quête de consensus, réunit ce mercredi dans un format inédit l’ensemble des chefs de partis. Ce qu’il faut savoir sur cette réunion.

 

Après une veillée d’armes à l’Élysée où le président réunissait mardi soir les cadres de la majorité présidentielle, c’est aujourd’hui le “D day“.  Emmanuel Macron va réunir ce mercredi 30 août, à partir de 15 heures, les chefs de partis pour donner corps à son “initiative politique d’ampleur“, dévoilée au cours de l’été. C’est accompagné de la Première ministre, Élisabeth Borne, que le chef de l’État  accueillera les présidents des deux assemblées, Yaël Braun-Pivet, Gérald Larcher et les leaders des groupes politiques, à l’école de la Légion d’honneur de Saint-Denis. Une rencontre à l’ombre de la nécropole des rois de France, en terrain neutre, loin de l’Élysée.

Un format inédit

Sous le nom de code IPA, la réunion au sommet débutera à 15 heures et se tiendra à huis clos. Pas de téléphone, pas de conseiller, pas de caméra ni de journalistes et des heures d’échanges et de débats. Voilà ce qui attend les onze chefs de partis conviés. “Une discussion franche“ lors d’une “rencontre inédite et loyale“, garantit l’Élysée, Les participants sont invités à deux tables rondes sur la situation internationale et les réformes institutionnelles, suivies d’un dîner autour de toutes les questions posées par les récentes émeutes urbaines, école, autorité, intégration, inégalités, selon l’Elysée.

Tous les partis représentés

Tous les chefs des partis représentés au Parlement ont accepté l’invitation, y compris le Rassemblement National (RN) et La France Insoumise (LFI) qui, jusqu’à peu, n’étaient pas considérés par le chef de l’Etat comme faisant partie de “l’arc républicain“. Si Jordan Bardella, à qui Emmanuel Macron a passé un coup de fil jeudi pour préparer la réunion la réunion, arrivera avec une liste de propositions, les partis de la Nupes iront à reculons. Dans un communiqué commun au vitriol publié mardi, les leaders des quatre partis de la Nupes (LFI, EELV, PS, PCF) ont annoncé qu’ils se rendront à la réunion de travail organisée par Emmanuel Macron, mais qu’ils ils ne participeront pas au dîner qui suivra. “Nous ne voulons pas participer à nouveau à une mise en scène médiatique“, indiquent-ils.

Quels thèmes seront abordés ?

Ces thèmes ont été fixés par Emmanuel Macron dans sa lettre envoyée aux chefs des différents partis, dans laquelle le président souligne que l’objectif est de bâtir “ensemble“ des textes législatifs et d’ouvrir la voie, “le cas échéant “ à des référendums. Sont annoncés au programme de la réunion : “la situation internationale et ses conséquences pour la France“, “l’efficacité de l’action publique“ y compris de nouvelles pistes de décentralisation et de réformes institutionnelles, et “la cohésion de la nation“.

Si le pouvoir d’achat des Français, la hausse des salaires et la baisse des prix de l’énergie constitue un dénominateur commun, chaque groupe d’opposition entend bien profiter de la réunion, pour “pousser en avant“ ses propres priorités. Dans sa besace, la Nupes veut absolument parler retraites et changement climatique, alors que la droite préférerait accorder du temps au contrôle de l’immigration. Sur ce sujet, Les Républicains et le Rassemblement National proposent chacun un référendum constitutionnel.

À droite, l’immigration

Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron, le président du RN, Jordan Bardella,  demandait “l’organisation, le 9 juin 2024, jour des élections européennes, d’un référendum sur notre politique d’immigration, contenant toutes les mesures pour en reprendre le contrôle“.  Sur le champ constitutionnel, la tenue d’un tel scrutin sur la question ne se tient pas, estimait Emmanuel Macron en mai dernier, alors qu’il présentait, avec Gérald Darmanin et Olivier Dussopt, le projet de loi immigration. Outre l’immigration, le Rassemblement national souhaite évoquer le pouvoir d’achat et réclamer un “moratoire sur toute augmentation d’impôts et de taxes“ d’ici à la fin du quinquennat ou encore “la défiscalisation des hausses de salaires jusqu’à 10%.“

A gauche, un référendum sur les retraites

La Nupes, qui s’est résolue à participer aux discussions, mais a choisi de boycotter le repas du soir, a placé ses priorités, dans la rentrée scolaire, inquiète “des difficultés de recrutement dans l’Éducation nationale, comme du poids que fait peser sur les familles l’augmentation de plus de 11% du prix des fournitures scolaires“ ainsi que dans le prix de l’énergie.“ Nous souhaitons donc que ces sujets d’urgence soient traités en priorité pour soulager les difficultés de nos concitoyens“, ont annoncé les partenaires de gauche dans un communiqué rédigé ce mardi.  Mais l’alliance de gauche entend avant tout jouer sur la corde sensible et remettre sur la table l’organisation d’un référendum sur les retraites, “seul projet qu’attendent les Françaises et les Français“, écrit-elle dans un communiqué.

Macron “indéchiffrable“

Du côté de l’exécutif, c’est bien sûr l’idée d’un référendum qui a occupé la majeure partie des conversations hier soir encore, où les les caciques de la majorité étaient conviés à la table du président pour une nouvelle séance de brainstorming. François Bayrou et Edouard Philippe faisant montre d’une “réserve assez sourde“, selon un participant. Toujours selon le même, Emmanuel Macron était lui “indéchiffrable“ sur ce qu’il va dire cet après-midi, refusant de dévoiler son jeu. Plus tôt dans la journée, lors d’une première réunion avec ses ministres, le président s’était déjà montré très mystérieux, se bornant à dresser ce constat : “On fait trop de choses pas assez visibles et pas assez de grandes choses très visibles“.

Mercredi, “chaque parti viendra avec son idée de référendum et le président fera sa cuisine“, simplifie l’un de ses conseillers. De fait, la gauche réclamera un référendum sur la retraite à 64 ans, la droite et l’extrême droite sur l’immigration. Il est exclu, cependant, que le chef de l’Etat remobilise les Français contre lui en leur donnant la parole sur les retraites, six mois après l’adoption au forceps de la réforme. De même, il est peu probable qu’il consulte les représentants des différentes formations sur l’immigration : le risque de fracturation du pays étant trop important.

Autour d’Emmanuel Macron, nombreux sont ceux qui plaident pourtant en faveur d’un référendum, avec une ou plusieurs questions. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a ainsi évoqué lundi un “préférendum“, “un concept qui nous permettrait de tester plusieurs sujets à la fois au cours d’un même vote“, a-t-il évoqué sur BFMTV.

 

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