Qui pour devenir le prochain maire de New York?

Qui succèdera à Bill de Blasio, l’actuel maire de New York ? La ville se prononcera ce mardi, sur le candidat qui a toutes les chances d’être élu en novembre prochain. Quinze candidats sont en lice, mais seule une poignée fait figure de favoris. Une course rendue complexe cette année du fait d’un mode de scrutin particulier. Explications.

Qui pour succéder à Bill de Blasio, l’actuel maire de New York qui, achevant son deuxième mandat ne peut pas se présenter à sa propre succession ? Officiellement, le nouveau maire de “Big Apple“ ne sera connu que dans la soirée du 2 novembre prochain. Mais dans les faits, tout se jouera lors de la primaire démocrate de ce mardi. Lors des derniers scrutins, la ville a en effet  voté par le passé, très largement démocrate.

Treize démocrates et deux républicains se présentent aux primaires ce 22 juin, selon le Conseil des élections de la ville de New York .

Parmi ces quinze candidats en lice, seule une poignée fait réellement figure de favoris selon un dernier sondage Ipsos

Les favoris

Eric Adams : 60 ans

Sur fond de violences policières et de criminalité en hausse, l’Afro-Américain et ancien capitaine à la retraite du département de police de New York, Eric Adams, est donné favori des sondages. Le président du district de Brooklyn est crédité de 28 % des intentions de vote. Connu du public local pour ses déclarations parfois enflammées, il se place en opposition avec l’actuel maire, Bill de Blasio, très souvent critiqué et au centre de différents scandales personnels.

M. Adams qui se présente comme le deuxième maire noir de la “grosse pomme“, est un col bleu new-yorkais avec des liens étroits avec la ville. Un incontournable de la scène politique new-yorkaise depuis des décennies , se faisant de nombreux amis et ennemis en cours de route. Il  fait valoir qu’il est le candidat le mieux équipé pour lutter contre une recrudescence des crimes violents.  Figurant parmi les principaux collecteurs de fonds de la course à la mairie de New York, il bénéficie de soutiens clés, notamment d’un certain nombre de grands syndicats et de dirigeants locaux.

Andrew Yang : 46 ans

Star éphémère de la primaire démocrate, Andrew Yang est sans doute le candidat le plus connu du grand public. Sa candidature ratée à l’investiture démocrate à la présidentielle de 2020 a attiré l’attention nationale sur le revenu de base universel et lui a conféré une reconnaissance instantanée de son nom et un pouvoir  politique dans la course à la mairie de New York. Cet ancien entrepreneur se singularise par ses idées audacieuses, quoique peu orthodoxes. Il n’a jamais travaillé dans le gouvernement de la ville de New York et se présente comme un outsider politique. Son plan est de donner environ 2 000 $ par an aux résidents les plus pauvres de la ville.

Fermant un temps la marche des favoris, il est crédité à la veille de la primaire, de 20% des voix. Mais l’empressement apparent de M. Yang à plaire, sa volonté de faire des déclarations politiques peu orthodoxes, parfois spontanées , son manque d’expérience de la politique de la ville de New York et ses lacunes dans les connaissances sur son fonctionnement, contribuent aux critiques et soulignent sa faiblesse potentielle en tant que candidat à la mairie.

Kathryn Garcia : 51 ans

Une première femme à la tête de New York ? Rien n’est exclu d’après les sondages. Cette Hispanique créditée de 17 % des intentions de vote, se présente comme une gestionnaire expérimentée qui peut diriger la ville pendant une crise. Un atout, lorsque l’on sait que New York, épicentre mondial de la pandémie il y a plus d’un an, porte encore les stigmates de la crise.

Commissaire au service d’assainissement de la ville depuis six ans, elle y a a supervisé l’énorme opération d’ordures ménagères de la ville. Experte respectée des opérations urbaines, elle concentre son action sur la lutte contre le changement climatique et l’aide aux petites entreprises. Dans le cadre de l’administration de Blasio, elle a également aidé à distribuer des millions de repas à des New-Yorkais affamés pendant la pandémie. Son expérience aura su convaincre une partie de l’électorat et des médias, à commencer par le New York Times. Le comité éditorial de l’influent quotidien américain a en effet décidé de la soutenir en soulignant notamment son optimisme pour l’avenir de la ville après la pandémie.

Maya Wiley : 57 ans

Ancienne conseillère juridique du maire Bill de Blasio, avec qui elle a pris ses distances, cette ancienne avocate des droits civiques est soutenue par l’aile gauche du parti démocrate. Elle se présente comme une progressiste et se concentre sur les questions de justice pénale. Créditée de 15% des intentions de vote, Maya Wiley veut réduire le budget du département de police et a proposé un plan “New Deal“ pour créer 100 000 emplois. Son principal point faible est de ne jamais avoir été élue, et d’être une novice dans le monde de la politique. La question est de savoir si les démocrates de New York voudront d’une candidate aussi marquée à gauche.

Diane Morales : 53 ans

Cette ancienne dirigeante d’une ONG propose un programme très progressiste. Diane Morales, 53 ans, a concentré sa campagne sur l’amélioration de la vie des New-Yorkais pauvres et de la classe ouvrière. Elle appelle à fournir à bon nombre de ces résidents un revenu minimum garanti, à financer les services sociaux en réduisant le budget de la police. Elle met  l’accent sur son “expérience vécue“ en tant que New-Yorkaise d’origine.

Scott Stringer : 61 ans

Vétéran du gouvernement municipal, Scott Stringer défend un programme progressiste pour résoudre des problèmes tels que le climat et le logement abordable. La campagne du contrôleur de la ville de New York met l’accent sur son expérience avec le gouvernement à l’échelle de la ville. En tant que contrôleur depuis 2013, Stringer est responsable des finances de Big Apple et a géré les cinq fonds de pension publics de la ville. Son programme comprend l’éducation de la petite enfance et la création d’un “chef de la santé“ pour se concentrer sur la santé publique.

Un vote complexe

Pour la première fois les électeurs new-yorkais pourront voter pour plusieurs candidats, en indiquant jusqu’à cinq noms. La ville a en effet commencé à utiliser le vote préférentiel pour les élections primaires cette année, et le premier test majeur a lieu ce 22 juin. Ce mode de scrutin ne sera pas utilisé lors des élections générales de la ville le 2 novembre.

Aux États-Unis, le vote préférentiel est le plus souvent utilisé par les villes pour les élections locales. Seul le Maine l’utilise au niveau de l’État, bien que l’Alaska le rejoindra bientôt.

Qu’est-ce que le vote préférentiel ?

Au lieu d’émettre un seul vote pour un seul candidat, les électeurs dans un système de choix par ordre de priorité sélectionnent un nombre défini de candidats par ordre de préférence. Lors de la primaire du maire de New York, ils seront autorisés à en choisir jusqu’à cinq. Concrètement, le bulletin de vote listera les candidats dans une colonne à gauche. Les électeurs marqueront leur premier choix dans la colonne à côté du nom du candidat. Il y aura quatre colonnes supplémentaires pour qu’ils classent leurs deuxième, troisième, quatrième et cinquième choix. Il n’est pas nécessaire de classer cinq candidats pour qu’un bulletin de vote compte.

Comment est déterminé le gagnant ?

Le vote préférentiel fonctionne en quelque sorte comme un vote par tours : si un seul candidat obtient plus de 50 % des votes de premier choix, au premier tour, il gagne et c’est la fin de la course. Si personne ne dépasse 50% des voix au premier tour, le candidat ayant obtenu le moins de voix de premier choix sera éliminé et les seconds choix des supporters seront redistribués aux candidats restants. Si un candidat n’a toujours pas la majorité, celui qui a le moins de voix restantes est éliminé et les deuxième ou troisième choix des partisans sont attribués aux candidats restants. Le processus d’élimination et de redistribution se poursuit jusqu’à ce qu’un candidat remporte la majorité.

Le plus grand défi pour la ville a sans doute été d’éduquer les électeurs sur ce nouveau système de vote avant les primaires. En avril, le maire Bill de Blasio a annoncé que la ville dépenserait 15 millions de dollars pour l’éducation des électeurs, y compris des publicités sur plusieurs plateformes, des documents imprimés dans plus de 18 langues et une sensibilisation directe des électeurs.

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