Réforme des retraites : ouverture de la conférence de financement

Quand :
30/01/2020 Jour entier
2020-01-30T00:00:00+01:00
2020-01-31T00:00:00+01:00
Où :
Palais d'Iena
9 Avenue d'Iéna
75116 Paris
France

La conférence de financement des retraites, qui doit réunir les partenaires sociaux afin de trouver avant fin avril les moyens de garantir l’équilibre financier du système universel d »ici 2027, est lancée par le Premier ministre, le jeudi 30 janvier, au Conseil économique, social et environnemental. « J’ai bon espoir qu’elle permette de déboucher sur quelque chose d’intelligent et de responsable », a expliqué Edouard Philippe dans un entretien à « La Croix », se refusant à lancer des pistes autres que celles de l’âge pivot : « parce que si je commence à évoquer tel ou tel instrument, je réduis à néant l’intérêt de cette conférence », a indiqué le chef du gouvernement.

« Une martingale avant fin avril »

Dans cet entretien accordé au quotidien catholique, le Premier ministre a défendu le « bon compromis » trouvé avec les syndicats réformistes : « J’ai bougé en retirant l’âge pivot. Les organisations syndicales, dont la CFDT, ont bougé de leur côté », en admettant le principe d’un retour à l’équilibre », a indiqué le locataire de Matignon. Le gouvernement a en effet consenti mardi 7 janvier une ouverture sur les modalités financières de la réforme des retraites, en reprenant la proposition de la CFDT d’une “conférence de financement”. Une initiative saluée par les syndicats réformistes qui exigent toutefois le retrait de “l’âge pivot” du projet de loi.

Cette conférence des financeurs qui sera présidée par l’ancien directeur général de l’Agirc-Arrco, Jean-Jacques Marette, est censée « trouver la martingale » avant fin avril, afin que les propositions des partenaires sociaux puissent être prises en compte avant le vote du projet de loi de réforme des retraites en seconde lecture », écrit Edouard Philippe dans une lettre au Président de la République du 11 janvier 2020. Un délai jugé « ambitieux » par le numéro 1 de la CFDT, Laurent Berger, pour qui « il va falloir passer aux travaux pratiques » et qui en appelle « à tous ceux qui seront autour de la table pour garantir l’équilibre à long terme du système de retraite« . Faute d’accord d’ici cette date butoir, le gouvernement reprendra la main et prendra par ordonnance les mesures nécessaires pour atteindre cet équilibre en 2027.

Une proposition loin de faire l’unanimité

Édouard Philippe a proposé que cette conférence « réunisse tous les partenaires sociaux qui participeront à la gouvernance  du futur  système universel  » de retraite. La proposition qui semble désigner a minima les cinq organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) et les trois fédérations patronales (Medef, CPME, U2P) représentatives au niveau national, est toutefois loin de faire l’unanimité.

Laurent Berger s’est personnellement réjoui de cette décision du gouvernement [retrait de l’âge pivot], assurant qu’il s’agit « d’une victoire pour la CFDT. » « Nous avons obtenu le retrait de l’âge pivot, une victoire pour la CFDT ! Nous allons maintenant poursuivre notre action pour un système de retraite plus juste et solidaire!« , a-t-il écrit dans un communiqué. «  » Il faut mettre les chiffres sur la table. Il n’y aura pas pour la CFDT de situation acceptable si on revient à celle qui a été présentée en décembre avec ce fameux âge pivot« . Même volonté de dialogue à la CFTC, dont le secrétaire général, Cyril Chabanier s’est dit prêt à « entrer dans le processus de dialogue« .

Pour autant,  à la CFDT on  pointe un paquet d’imprécisions du gouvernement. Pour Laurent Berger à l’initiative de cette conférence, ce rendez-vous devrait impérativement débuter par une discussion de l’étude d’impact. « On demandait des chiffres depuis des mois et des mois. Là, on en a et ils sont très contestables, a indiqué le secrétaire général de la CFTC, regrettant le biais de l’étude d’impact qui se base sur un âge d’équilibre à 65 ans. Sur la conférence de financement, on veut d’abord mettre à plat la question de l’équilibre à court terme et moyen terme du système. On veut savoir quelles sont les intentions des uns et des autres, a déclaré lundi sur France inter » le numéro 1 de la CFDT, invitant chacun à assumer sa part de responsabilité : les entreprises, l’État […]. Ce texte ne parle pas de situations réelles, concrètes, et les gens sont paumés, a-t-il encore dit, martelant que la conférence de financement doit commencer par une étude très claire, avec des experts indépendants, des projections financières dévoilées dans cette étude d’impact.

L’épouvantail de l’âge pivot doit être retiré”, a insisté le secrétaire général de l’autre syndicat réformiste, l’Unsa, Laurent Escure, espérant que que les premiers signes de souplesse vont se confirmer.  Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, a quant à lui regretté une “opération un peu cousue de fil blanc”. “Nous n’avons pas d’étude d’impact sur la réforme des retraites, c’est obligatoire, c’est écrit dans la Constitution”, a-t-il souligné.  La CGT et Force ouvrière, continuent pour leur part de réclamer le retrait pur et simple du projet. 

Qui autour de la table ?

Alors que la conférence doit débuter demain jeudi, la CFDT, seul grand syndicat à soutenir un système universel de retraites, a posé mercredi, de nouvelles conditions à sa participation à la conférence. « Il faut d’abord qu’on réponde aux exigences de justice sociale, c’est une condition sine qua non pour avancer dans la conférence de financement », a affirmé Laurent Berger lors d’une conférence de presse. »Nous discuterons (financement) après avoir eu des assurances en terme de pénibilité, retraite progressive, minimum contributif et transitions pour les agents publics », a ajouté le secrétaire général de la CFDT.

Jeudi matin, avant l’annonce de la date de la conférence, Philippe Martinez ,le secrétaire général de la CGT, laissait planer un doute quant à sa présence au groupe de travail collégial. « Imaginez que l’on vous propose d’aller à une réunion, mais qu’on vous dise que vous ne pouvez pas parler de ça, ni de ça et ni de ça aussi », a t-il indiqué. Le leader de la CGT a finalement confirmé mardi la présence de la CGT à la conférence. « On participe, tous les endroits où on peut dire comment améliorer notre système actuel, on y est (…). On va expliquer comment améliorer notre système actuel », a indiqué Philippe Martinez au micro de Franceinfo.

Bien que perplexe vis-à-vis de la conférence, Force Ouvrière a également confirmé sa participation « FO participera bien à la conférence pour y porter ses positions et analyses » a confirmé au Figaro Philippe Lama, secrétaire confédéral. Depuis le cortège de la manifestation parisienne, mercredi, son patron Yves Veyrier a affirmé que Force Ouvrière « ne laissera pas détourner l’attention par la conférence de financement« . Le secrétaire générale de FO a martelé son opposition au système de retraite universelle par point, ajoutant qu’il ne voulait « pas de l’âge pivot, ni maintenant, ni plus tard« .

Côté patronal enfin, l’accueil est également pour le moins réservé. Le Medef a posé deux conditions à sa participation à la conférence : qu’elle livre ses conclusions avant la fin des débats au Parlement et que le gouvernement mette “tous les coûts sur la table”, toutes les dépenses notamment”.

Une voie étroite

Cette conférence doit aboutir à des alternatives à l’âge pivot pour la future réforme des retraites. Reste que la voie vers un compromis est étroite. La lettre d’Edouard Philippe adressée le 11 janvier aux syndicats fixe les règles : « Ni baisse des pensions, pour préserver le pouvoir d’achat des retraités, ni hausse du coût du travail, pour garantir la compétitivité de notre économie. »

Une phrase qui a fait bondir Philippe Martinez, avant même que la CGT ne se prononce : « Qu’est-ce qu’on va aller faire dans une conférence où on ne va pas discuter de tout? », a déclaré le leader de la CFT. Force Ouvrière de son côté compte y participer. « Je ne vais pas laisser le gouvernement et les employeurs décider du sort des salariés sans aller dire ce que j’en pense », a déclaré son secrétaire général,  Yves Veyrier. « Je refuserai de m’en tenir au cadre donné par le gouvernement, qui nous interdit de négocier sur le coût du travail, ce qui me paraît très grave du point de vue de la conception du dialogue social », a t-il ajouté. Et de conclure : « l’étude d’impact montre que le gouvernement ne maîtrise pas le sujet, assène des formules fausses. Nous avons l’intention d’aller réfuter les faux arguments. On va aller se bagarrer partout où on peut.« 

 

 

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