Emmanuel Macron prendra une nouvelle fois la parole ce mercredi soir sur France 2 et TF1. Alors que le regain de l’épidémie de Covid-19 de ces dernières semaines fait craindre de nouvelles restrictions, les annonces de l’exécutif sont très attendues. Du couvre-feu aux reconfinements partiels, en passant par la “bulle sociale », plusieurs options anti-Covid sont sur la table. Mais l’une d’entre elles tient la corde.
Au lendemain d’un nouveau conseil de défense sanitaire, Emmanuel Macron accordera une nouvelle interview à TF1 et France 2, ce mercredi 14 octobre. Le président de la République prendra la parole en direct de l’Elysée à partir de 19h55. Il répondra aux questions d’Anne-Sophie Lapix (France 2) et de Gilles Bouleau (TF1). L’entretien qui sera diffusé en direct sur France 2, TF1, franceinfo, LCI, et TV5 Monde “portera notamment sur la situation sanitaire et économique du pays, alors que la France fait face à une recrudescence de l’épidémie“ de Covid-19, ont précisé les deux chaînes.
Après celles du 12 mars, 16 mars, 13 avril, et 14 juin, ce sera la quatrième “adresse aux Français« , selon la terminologie de l’Elysée. Au cours de ces allocutions solennelles, le chef de l’Etat a notamment annoncé le confinement et le déconfinement.
Une situation sanitaire critique
La France enregistrait 12.993 contaminations ce mardi, 117 nouveaux décès et 94 entrées en réanimation. Un chiffre de nouvelles contaminations quotidiennes loin des records de la semaine dernière, mais en hausse par rapport à ceux de lundi. Le bilan de l’épidémie s’établit désormais à 32.942 morts en France. Le nombre de patients hospitalisés en réanimation pour une infection Covid-19 s’élève à 1.642 et refranchit le seuil de 1.600 pour la première fois depuis le 25 mai dernier.
La situation est particulièrement critique en Ile-de-France, où 17 % des personnes testées pour le Covid sont positives. “Un chiffre qu’on n’avait jamais atteint“, a souligné lundi sur RMC/BFMTV le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) Aurélien Rousseau.
Aurélien Rousseau (directeur de l'ARS d'Île-de-France): "17% des tests reviennent positifs, c'est un chiffre qu'on avait jamais atteint" pic.twitter.com/yfQThM5irO
— BFMTV (@BFMTV) October 12, 2020
Avec “474 malades, on a passé les 42 % d’occupation“ des lits de réanimation par des patients Covid en Ile-de-France, a-t-il indiqué. Il y a “plus de 1.480 personnes dans les lits d’hospitalisation conventionnelle, 672 dans les soins de suite et de réadaptation et presque une centaine dans les lits de psychiatrie“, a-t-il ajouté. Selon selon le directeur de l’ARS, “jusqu’à 300 personnes par jour pourraient arriver dans les hôpitaux dans les prochains jours.“
Covid en Île-de-France: selon le directeur de l'ARS Aurélien Rousseau, "Jusqu'à 300 personnes par jour pourraient arriver dans les hôpitaux dans les prochains jours" pic.twitter.com/nyXhKh8YjN
— BFMTV (@BFMTV) October 12, 2020
“Rien n’est exclu“
L’exécutif examinera lors du Conseil de défense hebdomadaire “les données épidémiologiques pour voir s’il y a lieu d’aller plus loin“ a fait savoir lundi, Jean Castex, sur franceinfo. “Nous prenons des mesures en fonction de la situation épidémique“. “Si dans une période de quinze jours, nous voyons que les indicateurs sanitaires se dégradent beaucoup, que les lits de réanimation se remplissent plus encore que prévu, nous pourrons effectivement prendre des mesures supplémentaires“, a indiqué le Premier ministre.
“Le reconfinement général doit être par tous moyens évité, c’est possible si nous nous y mettons tous. “Mais des reconfinements locaux peuvent être possible. “Rien ne doit être exclu“, a jugé Jean Castex qui demande aux Français de limiter le nombre de personnes qu’ils reçoivent chez eux.
?️ Covid-19 : "Pour faire face à cette 2e vague, il ne peut plus y avoir de relâchement", martèle Jean Castex alors que 9 métropoles sont en alerte maximale. "Rien ne doit être exclu" mais un confinement généralisé "doit être évité"
Suivez le direct ?https://t.co/RJtz1zO9Xc pic.twitter.com/XRZ4oOyER0
— franceinfo (@franceinfo) October 12, 2020
Une position qui rejoint celle du président du conseil scientifique, le professeur Jean-François Delfraissy, qui a fait savoir vendredi qu’il n’excluait pas d’aller plus loin, évoquant la possibilité d’un reconfinement local.
L’hypothèse d’un couvre-feu à Paris et en IDF
Une des mesures envisagées pour contenir la progression de l’épidémie, serait la mise en place d’un couvre-feu dans les zones les plus à risques, en particulier à Paris et en Ile-de-France. Selon des informations de l’hebdomadaire Le Point, la mise en place d’un couvre-feu « fait partie du panel » d’options que l’exécutif pourrait prendre dans la capitale. Une hypothèse d’autant plus crédible que le gouvernement l’a déjà organisée en Guyane depuis plusieurs semaines, et qu’elle “a fait ses preuves“, selon une source gouvernementale. Trois scénari seraient à l’étude : à partir de 20 heures, 22 heures ou 23 heures, comme à Berlin ou Francfort, en Allemagne, depuis ce week-end.
Covid-19 : un couvre-feu à l'étude pour Paris et l'Île-de-France https://t.co/ZgdDYhZQux
— Le Point (@LePoint) October 12, 2020
Cette option permettrait de contourner la grande difficulté à laquelle se heurte le gouvernement : l’impossibilité de légiférer sur les réunions dans le cercle privé, sources importantes de contaminations. La mesure est certes radicale, mais elle pourrait avoir des effets positifs sur la trajectoire de l’épidémie, a assuré lundi sur LCI le Pr Christian Bréchot, virologue et président du Global Virus Network. “Nous sommes dans une situation dangereuse“ affirme-t-il. “Pour contenir une maladie infectieuse, il faut que les gens diminuent les contacts entre eux“, poursuit-il. “C’est triste à dire puisque cela a des conséquences négatives“ mais « “lus il y a de personnes autour de vous en milieu intérieur, plus vous augmentez le risque d’être en face“ d’un super-propagateur.
Un couvre-feu à Paris ? "Une mesure terrible" mais qui "réduit les contacts", assure le Pr Christian Bréchot dans le 20H de @DariusRochebin sur @LCI https://t.co/304bBOGoH3
— Idèr Nabili (@IderNabili) October 12, 2020
“Rien n’est à exclure“
Interrogé mardi matin sur LCI sur l’éventualité d’un couvre-feu, Marlène Schiappa, a indiqué : “Je crois que tout est envisageable et rien n’est à exclure.“ Constatant que les restrictions actuelles ne suffisent pas, la ministre déléguée en charge de la Citoyenneté, a précisé : “Il y a d’autres mesures qui sont sur la table et qui sont envisagées très localement.“
Les autres options
Un reconfinement
L’option d’un reconfinement total semble totalement écartée par le gouvernement. Le conseil scientifique dans son avis du 22 septembre se positionne toutefois en faveur d’un “confinement localisé.“ La mesure, comme le couvre-feu a l’intérêt d’être efficace “dans le contrôle de la circulation du virus“, mais “dans les phases précoces de l’épidémie, ce type de décision est difficile à prendre“, rappelait alors l’instance qui indiquait dans son dernier avis : “Le conseil scientifique a identifié l’intérêt d’un confinement territorial, que les métropoles doivent se tenir prêtes à mettre en œuvre en cas de nécessité“.
La « bulle sociale »
Il s’agit d’une autre option envisagée par les membres du conseil scientifique. Le concept est simple : chaque foyer doit choisir un nombre limité de personnes avec lesquelles il aura un contact rapproché. La mesure qui a été mise en place en Belgique avec une jauge limitée à 4 personnes maximum, reste pour autant controversée.
(France TV Info): #Covid-19 : le concept, son efficacité, les critiques… Voici ce qu'il faut savoir sur "la bulle sociale" : Il s'agit de l'une des mesures envisagées par les membres du Conseil scientifique pour limiter la.. https://t.co/pdJLhfyppy pic.twitter.com/CS0wRRMTHC
— Titrespresse.com (@titrespresse) September 11, 2020
La mise à l’écart des publics fragiles
Là encore l’option a été évoquée par le conseil scientifique. L’idée est d’introduire“des mesures différenciées en fonction de risques très inégaux“, afin de de protéger les populations vulnérables, principalement les personnes âgées. Le rapport émettait ainsi l’hypothèse de mettre en place une “restriction volontaire ou imposée de leur activité sociale au cours des prochains mois“. En clair, cela revient plus ou moins à ne confiner que les personnes à risque. Tout en permettant au reste de la population d’éviter de nouvelles restrictions et donc des conséquences économiques et sociales importantes.