Emmanuel Macron réélu : et maintenant, quel calendrier ?

Reconduit à la tête du pays dimanche, Emmanuel Macron doit désormais se projeter sur les cinq années à venir. Au programme de ce nouveau mandat, une première séquence institutionnelle, une seconde plus politique avec le lancement des grands chantiers du nouveau quinquennat et dans l’intervalle les élections législatives  au mois de juin. Investiture, remaniement, élections … Les principaux rendez-vous des prochaines semaines.

Le son de la fête de dimanche soir sur le Champ-de-Mars (Paris) encore présent dans les esprits de ses militants et les drapeaux à peine rangés dans les cartons, il est déjà l’heure pour le président réélu de se projeter vers la suite. Après quelques heures de repos dans la résidence présidentielle de La Lanterne, pour y prendre “du recul“, Emmanuel Macron doit désormais se tourner vers le début de son second mandat. A la clé, de nombreuses questions à régler.

Une investiture entre le 27 avril et le 13 mai

Le président réélu va devoir dans un premier temps, participer à la cérémonie d’investiture, qui marquera le début du nouveau quinquennat. Pour l’heure, aucune information n’a filtré sur la date de cette cérémonie. Mais, celle ci aura lieu entre la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel, mercredi 27 avril, et la fin officielle du premier mandat de l’actuel président, le 13 mai.

Selon un rite bien ancré, la cérémonie se déroulera dans la salle des fêtes de l’Élysée. Emmanuel Macron y pénètrera en compagnie des présidents des deux Assemblées, Richard Ferrand pour l’Assemblée nationale et Gérard Larcher pour le Sénat, ainsi que de l’actuel premier ministre, Jean Castex. Le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, lira la décision de proclamation des résultats de l’élection, avant que le chef de l’État n’en signe le procès-verbal et s’exprime à son tour. Le grand chancelier de la Légion d’honneur lui présentera ensuite le grand collier de l’Ordre. Une revue de la garde républicaine pourrait avoir lieu dans les jardins du palais de l’Élysée et éventuellement, 21 coups de canon pourraient être tirés depuis les Invalides, ce qui signera la fin de la cérémonie.

Dans la foulée, comme il y a cinq ans, M. Macron devrait se rendre au chevet de soldats blessés en opération. Invité sur le plateau de TF1 le 6 avril dernier, le président réélu avait déclaré à ce titre : “La première chose que je ferai en tant que président, sera d’aller auprès des soldats blessés dans un de nos hôpitaux militaires. Je l’avais fait il y a 5 ans, et je pense que c’est un geste de devoir et de soutien à celles et ceux qui se battent pour notre liberté.

Un nouveau Premier ministre et un nouveau gouvernement début mai ?

Viendra ensuite le temps de nommer un nouveau Premier ministre. L’actuel locataire de Matignon avait laissé entendre qu’il présenterait la démission de son gouvernement “dans les jours qui suivent“  la réélection du chef de l’Etat, “comme le veut la tradition“.  Emmanuel Macron a toutefois précisé qu’il voulait une “semaine de transition“ après son élection, pour gérer les affaires courantes.

Selon France Info, le Conseil des ministres décalé du mercredi 27 au jeudi 28 avril, pourrait bien être l’ultime Conseil du gouvernement actuel.  Jean Castex pourrait présenter la démission de son gouvernement au président de la République à la fin de cette semaine, lequel procéderait alors à un remaniement ministériel avant même les législatives. Le remplaçant de M. Castex devrait être nommé dans la foulée. Selon Le Monde, le choix du nouveau premier ministre pourrait être rendu public à compter du lundi 2 mai.

Deux favoris en lice

Emmanuel Macron l’a dit lui-même le 24 avril. Ce remaniement à venir, sera le gage d’un nouveau souffle. “Cette ère nouvelle ne sera pas la continuité du quinquennat qui s’achève, mais l’invention collective d’une méthode refondée pour cinq années de mieux au service de notre pays, de notre jeunesse, a promis le chef de l’État au soir de la victoire.

Alors qui ? Pour incarner ce changement. Deux noms évoqués avec insistance font figure de favoris. Le premier, est celui de l’actuelle ministre du Travail, Elisabeth Borne. Historiquement proche du Parti socialiste, ex-conseillère au ministère de l’Education nationale dans les années 1990 mais surtout directrice de cabinet de Ségolène Royal lorsque cette dernière était ministre de l’Ecologie (2014-2015), l’ancienne présidente de la RATP (2015-2017) a mené à bien la houleuse réforme de l’assurance chômage.

Elle coche plusieurs cases que rechercherait Emmanuel Macron : un profil plutôt à gauche, une fibre écologiste, une très bonne connaissance du dossier des retraites, sans oublier sa qualité de femme. Clément Beaune, secrétaire d’État chargée des Affaires Européennes l’a confirmé au micro de BFMTV : “Emmanuel Macron a le souhait bien sûr d’une nomination féminine à Matignon.“ Rappelons qu’en 2017, le chef de l’État, alors candidat, avait émis la volonté de nommer une femme au poste de Première Ministre. Puis avait fini par se rétracter.

Interrogée au lendemain de la victoire, au micro de RTL, l’intéressée a botté en touche, indiquant : “Ce n’est pas le sujet. Je pense que ce qui est important c’est d’entendre le message des Français, leurs inquiétudes sur le pouvoir d’achat, leurs attentes sur l’écologie et je n’ai pas de doute (sur le fait) qu’Emmanuel Macron trouvera l’équipe pour mener ce projet“.

Le nom de l’actuel ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie circule également avec insistance. Macroniste de la première heure et l’une des chevilles ouvrières de la victoire de 2017, il est également l’un des artisans de la campagne de 2022. Directeur adjoint du cabinet du chef de l’État lorsqu’il était ministre de l’Economie, il a décroché différents ministères depuis 2017. D’abord à la Cohésion des territoires, puis à la Ville et au Logement, et aujourd’hui à l’Agriculture, il s’est taillé une image de compétence, de discrétion et de loyauté.  Discret et chouchouté chez LaREM, il est présenté comme plutôt de gauche mais technocrate, tout en ayant l’oreille du président.

D’autres profils sont évoqués dans la presse, sans vraiment de sérieux. Christine Lagarde, Nathalie Kosciusko-Morizet,  Richard Ferrand, l’actuel président de l’Assemblée, ou encore les ministres Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, ou Olivier Dussopt, ont notamment été cités.

Une fois le Premier ministre désigné, le nouveau gouvernement pourrait être annoncé en deux temps : d’abord les ministres et ministres-délégués au cours du mois de mai, puis les secrétaires d’état, après les législatives, afin de tenir compte du résultat des urnes.

Un passage par Berlin après le 13 mai

Alors que la majorité des pays alliés se sont déclarés soulagés de voir qu’Emmanuel Macron soit réélu, le volet international devrait largement occuper ses prochains jours. Comme en 2017, le le premier déplacement à l’étranger du chef de l’État devrait avoir lieu à Berlin, en Allemagne après le 13 mai, pour rencontrer le chancelier allemand Olaf Scholz. Le président devrait également reprendre rapidement son activité diplomatique sur fond de guerre en Ukraine et de présidence française de l’Union européenne. Et quid d’un déplacement à Kiev ? Rien de prévu à ce stade.  “S’il y va, il faut que ça soit utile“, martèle une fois encore son entourage.

Cap sur les législatives les 12 et 19 juin

Viendra ensuite le temps des législatives, les dimanches 12 et 19 juin. La “maison commune“ de la majorité (LaREM et ses alliés) devrait progressivement investir des candidats avant le 20 mai, date limite pour déposer les candidatures. Elle mise sur de nouveaux ralliements à droite comme à gauche pour conserver son écrasante majorité. De son côté, la gauche se range progressivement derrière Jean-Luc Mélenchon et son “Union populaire“ pour tenter d’ imposer à Emmanuel Macron une cohabitation .

Malgré l’appel lancé par son président Eric Zemmour au soir du 24 avril, et le communiqué publié lundi par le parti, aucune alliance avec Reconquête ! et plus généralement d’autres partis n’est envisagée par le Rassemblement National. Le RN devrait désigner, d’ici à la fin de la semaine, autant de candidats que de circonscriptions, soit 577. Fragilisés par leur cuisante défaite à la présidentielle, Les Républicains (LR), eux aussi, ont réaffirmé mardi leur “indépendance“ face à Emmanuel Macron, que certains élus pourraient être tentés de rallier. “Il n’y a pas de double appartenance, il n’y en aura jamais“ et “on ne peut pas être Les Républicains et majorité présidentielle“, a martelé mardi le président du parti LR, Christian Jacob, à l’issue d’un conseil stratégique.

Les premiers chantiers au cours de l’été

Restera ensuite à lancer les premières réformes de ce second quinquennat Macron. Sur la méthode, le candidat avait promis, durant sa campagne, qu’il souhaitait “changer dès le lendemain de l’élection, en associant davantage [ses] compatriotes, dans la durée, en leur donnant une place comme véritables acteurs“.  Sur le fond, Emmanuel Macron a défini plusieurs “chantiers prioritaires“ qu’il souhaite lancer très vite. Le premier concernerait l’adoption “dès cet été, une loi exceptionnelle pour le pouvoir d’achat“, comme l’a promis le chef de l’État, le 13 avril, sur TF1. Au programme de cette loi, la réindexation des retraites sur l’inflation, l’augmentation de la “prime Macron“ de 1 000 à 6 000 euros maximum, ou encore la mise en place d’un “dividende salarié“. Autre dossier prioritaire, la transition écologique, comme l’a annoncé le président le 16 avril, lors de son meeting de Marseille.

Quant à la réforme la plus sensible, celle des retraites, afin de reculer l’âge du départ à 65 ans de manière progressive, il faudra attendre l’automne prochain pour son lancement dès l’automne prochain 

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