Gouvernement Barnier : la chasse aux “tops jobs“ est lancée

Le Premier ministre qui met la dernière main à sa future équipe ministérielle, a annoncé qu’elle sera rendue publique d’ici au 22 septembre. Le compte à rebours est lancé et avec lui la chasse aux postes régaliens. Rumeurs, suppositions, intox, ministres démissionnaires : que sait-on sur le casting de Michel Barnier ?

La composition du nouveau gouvernement devrait être annoncé dans la semaine, si l’on en croît la promesse de Michel Barnier, qui s’est engagé le 11 septembre, à rendre publique le casting de la nouvelle équipe gouvernementale, d’ici au 22 septembre. Mais très certainement, pas avant la fin de semaine. “On aura du mal à l’avoir avant dimanche“, a reconnu lundi le porte-parole des députés LR, Vincent Jeanbrun, en rappelant que la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) devait aussi « vérifier la probité de chacun des membres du gouvernement ».

Une nouvelle page

Ce sera un nouveau gouvernement et pas un remaniement ». “Ce sera une nouvelle page, une nouvelle étape“, a assuré Michel Barnier, qui entend bien mettre sa patte sur la nouvelle équipe. Mais le nouveau locataire de la rue de Varenne qui ne dispose pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale, va devoir veiller aux équilibres de sa supposée coalition parlementaire, réunissant le bloc macroniste (Renaissance, Horizons, MoDem), de la droite et de Liot. Il s’agit pour lui de renouveler une équipe très certainement élargie à la droite –lui-même promettant des “ruptures“–, tout en l’ouvrant à la gauche, sans braquer l’extrême droite.

 

Peu de choses ont filtré ce week-end des consultations menées par le premier ministre. Chargé des négociations avec Michel Barnier, Gabriel Attal reste muet. Tout juste, glisse-t-il à l’Opinion, au sujet du futur gouvernement : “Il faut que ça marche et pour que ça marche, il faut un gouvernement qui réunit le centre, la droite et la gauche républicaine.“ Si la présidence, officiellement, “laisse faire Barnier“, un proche d’Emmanuel Macron confirmait ce week-end que le chef de l’Etat était “toujours soucieux du sort des siens”, faisant passer le message qu’il n’est pas question que la future équipe ne tienne pas compte du “rapport de forces parlementaire”. Pour l’heure, un autre proche du président indiquait vendredi soir à Politico ? “On n’a rien“. Et samedi ? “Toujours rien…“, déclarait la même source. Réduits au rôle d’observateurs, les fidèles d’Emmanuel Macron se perdent en conjecture. Les LR ne confirment aucune avancée de leur côté. Il n’y a pas eu d’échange ce week-end entre Michel Barnier et Laurent Wauquiez, chef de file des députés LR.

La bataille fait rage pour intégrer la future équipe

Chez LR, la chasse aux tops jobs

Chez les Républicains, la bataille fait rage pour intégrer la future équipe. On assure que Laurent Wauquiez n’a rien exigé et qu’aucune “évidence“ ne s’impose pour personne. Force est pourtant de constater que que le député de Haute-Loire s’est décidé à jouer la carte gouvernement, quitte à abandonner un temps son nouveau rôle de chef de file du groupe La droite républicaine, à l’Assemblée. Officiellement, il n’est pas affirmatif : “Il n’exclut pas d’entrer au gouvernement, mais cela dépendra de la politique suivie et du périmètre ministériel qu’on lui proposera“, déclare son entourage.

Les LR se défendent aussi de définir des “périmètres réservés“, mais ils jugeraient “logique“ de se retrouver en charge des postes les plus régaliens. Bercy, Beauvau, la Chancellerie, tous sont dans le viseur des ténors des Républicains, rendus gourmands par l’arrivée d’un des leurs à Matignon. La bataille pour Beauvau est particulièrement acharnée, où deux noms reviennent sans cesse : ceux des deux présidents des groupes parlementaires DR-LR à l’Assemblée et au Sénat,Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau. Les deux intègreront-ils la nouvelle équipe gouvernementale ? Rien n’est moins sûr. Un cadre de Renaissance assurait ce week-end que “l’un et l’autre ne veulent pas être dans un gouvernement ensemble“ et jugeait plus probable qu’aucun d’eux n’y entre alors qu’ils auront fort à faire au Parlement. Bruno Retailleau, soutenu par Gérard Larcher ne demanderait d’ailleurs pas la Justice, mais plutôt l’Economie.

Au centre, on tente de freiner les ambitions des LR

Ce gouvernement devra également être composé de membres issus d’Horizons et du MoDem, alliés du président de la République. Le 11 septembre, Michel Barnier assurait à Edouard Philippe que des ministres de son parti Horizons seraient nommés. Au Modem, on a d’ailleurs ressenti ce dimanche le besoin de mettre les choses au clair, pour freiner les ambitions des LR. Deux vice-présidents du MoDem, Marc Fesneau dans La Tribune Dimanche et Jean-Noël Barrot dans Le JDD, ont averti : “Quand on n’a que 47 députés, on ne peut pas imposer sa politique“, a prévenu le premier dans à l’adresse des Républicains (LR).“Il faut un équilibre gouvernemental qui tienne compte de la réalité de l’Assemblée nationale“. “Or LR, avec ses 47 députés, est en train de se comporter de la même manière que le Nouveau Front populaire qui, cet été, estimait qu’il pouvait imposer sa politique même s’il ne disposait que de 193 voix“, a estimé Marc Fesneau. Et d’ajouter :“ Les Républicains doivent être, comme nous tous, lucides et responsables. Ils n’ont pas les moyens de la politique qu’ils appellent de leurs vœux. Si les Français avaient voulu avoir une politique de droite, ils auraient élu 289 députés LR. Force est de constater qu’ils ne l’ont pas fait“, a poursuivi le député de Loir-et-Cher.“

C’est le RPR des années 70-80 qui revient, quand le parti dominateur de la droite s’emparait des grands ministères, laissant les secrétaires d’Etat aux autres“, analyse un centriste. “Les LR fonctionnent à l’ancienne. Ils disent : on pèse ça, on veut ça“, regrette un ministre.

Peu de candidats à gauche

S’il souhaite construire un large gouvernement, Michel Barnier pourrait éprouver des difficultés à trouver des personnalités de gauche souhaitant le rejoindre. Le Premier ministre a en effet reçu une importante série de refus, notamment de membres du Nouveau Front populaire. Plusieurs socialistes ont également affirmé avoir décliné une telle proposition. Ainsi des maires du Mans (Sarthe) et de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), Stéphane Le Foll et Karim Bouamrane. Dans le “Grand Jury RTL-Le Figaro-Public Sénat-M6“ dimanche, François Hollande a estimé que “les conditions de nomination de Michel Barnier“ rendent “les choses impossibles“.

Le loto des pronostics de nomination

En vrac, le président des sénateurs LR, Bruno Retailleau, a été sondé pour la Justice, mais rechigne. Pour remplacer le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui pourrait s’installer au quai d’Orsay, le chef des Républicains à l’Assemblée, Laurent Wauquiez, est fréquemment cité, moyennant les réserves évoquées ci-dessus. A Bercy, un duo serait envisagé : la présidente LR d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, et le député Ensemble pour la République Eric Woerth. La députée LR du Doubs Annie Genevard, récemment élue vice-présidente de l’Assemblée nationale, s’est, elle, proposée à Michel Barnier pour le poste de ministre de l’Éducation nationale. Une fonction qui pourrait également être confiée à l’eurodéputé François-Xavier Bellamy. De son côté, le président LR du Sénat, Gérard Larcher, pousserait quelques sénateurs, comme Sophie Primas à l’Agriculture, ou encore Agnès Evren pour l’Écologie.

Les ministres démissionnaires

Le prochain gouvernement de Michel Barnier pourrait comporter des ministres déjà présents sous l’exécutif de Gabriel Attal. C’est le cas notamment du ministre des armées, Sébastien Lecornu, fidèle de la première heure d’Emmanuel Macron. Gérald Darmanin, dont le bilan des Jeux olympiques en tant que ministre de l’Intérieur, est probant, devrait intégrer la nouvelle équipe. En poste place Beauvau, le ministre viserait le Quai d’Orsay. Les ministres Catherine Vautrin (Travail, Santé et Solidarités) et Rachida Dati (Culture) pourraient elles aussi se maintenir, mais avec d’autres portefeuilles. Quant à La nomination surprise ce lundi du ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, à la Commission européenne (après la démission de Thierry Breton), elle tranche un dilemme puisqu’il souhaitait conserver son portefeuille.

 

 

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