“On n’en parle pas, mais…“

A force d’être repoussée, la déclaration de candidature d’Emmanuel Macron ressemble à un tour de “passe-passe“ : on la pense imminente, mais elle s’évapore lorsqu’on s’en approche. Et pourtant “le maître des horloges“ à qui le contexte international profite, ne pourra pas continuer à jouer éternellement contre la montre.

Si le conflit Ukraine-Russie accapare l’agenda du président de la République, il n’en finit pas non plus de bousculer les plans du futur candidat Macron. Hier soir, plusieurs rouages de la campagne  assuraient que les options sur un évènement au cours du week-end, n’étaient, à ce stade, plus d’actualité, en raison de la situation sur le front ukrainien. Comprendre : il n’y aura pas de meeting d’ici à dimanche, à Marseille ou ailleurs, des images de liesse étant inenvisageables au sixième jour d’un conflit dont personne ne peut prévoir l’issue. Un peu plus tôt dans la journée, l’équipe de campagne avait d’ailleurs fait savoir que le grand raout imaginé à Marseille, samedi 5 mars, n’aurait finalement pas lieu.

Une fenêtre étroite

Quand bien même le QG de la République En Marche (LaREM) travaille depuis des semaines sur différents scénari de candidature, encore faut-il que l’Elysée trouve la lucarne qui permette au chef de l’État d’entrer  dans l’arène. “Aujourd’hui, on sait quasiment heure par heure ce que fait le Président. Quand il n’a pas un coup de fil avec Poutine, il y a des imprévus, comme ce dîner (hier) soir avec Scholz et von der Leyen“ se désolait presque un membre du QG, au téléphone avec Playbook, signifiant par là que lorsque qu’une mince fenêtre se présenterait, il faudrait agir vite.

Hier, dans une anachronie qui fait le charme des campagnes présidentielles, les coulisses de la déclaration de candidature macronienne semblaient encore plus nébuleuses que la semaine passée : “On va l’apprendre au dernier moment, on aura quelques heures pour se retourner“, se préparait une petite main du parti. Un cadre de la majorité ayant de son côté fait une croix sur le peu de certitudes qu’il pouvait avoir avant que la guerre n’éclate : “Avec l’amélioration sur le front du COVID, on pensait avoir un candidat qui serait aussi président. C’est l’inverse, on aura un président en première ligne d’une crise internationale et aussi un candidat“.

On ne sait pas à quoi ressembleront les dernières semaines de la campagne, car tous les camps ont été contraints de changer de stratégie politique et d’annuler des rassemblements à cause de la guerre. Bien que personne ne s’en frotte officiellement les mains, force est de constater que le contexte profite au président sortant, drapé dans son statut de “père de la nation“. Car, si la guerre en Ukraine a bouleversé la campagne présidentielle française, elle a aussi à bien des égards, profité au président sortant.

Ses rivaux sont à la peine et marquent le pas dans les tous derniers rolling. Un sondage de Harris Interactive lui a donné 27% des voix et un autre de l’ Ifop l’a placé à 28%, environ 10 points de pourcentage devant Marine Le Pen d’extrême droite, actuellement en deuxième position pour le premier tour des élections.

Un agenda qui se resserre

Le président ne pourra toutefois pas jouer éternellement contre la montre, puisqu’il ne lui reste formellement que trois jours pour officialiser sa candidature. Le Conseil constitutionnel clôturera en effet vendredi à 18 heures le recueil des parrainages d’élus pour ceux qui souhaitent se présenter devant les Français, date à laquelle les candidats devront également avoir fait parvenir à l’institution une lettre confirmant leur candidature. Et pourtant,  “juridiquement, rien n’oblige un prétendant à se déclarer formellement candidat à l’Elysée. Politiquement, c’est une autre histoire“, comme l’explique L’Opinion.

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