Élections allemandes : les dés sont jetés, mais rien n’est joué

A l’issue des législatives allemandes de ce dimanche, les deux principaux partis, le SPD et la CDU/CSU, sont arrivés dans un mouchoir de poche. Difficile d’affirmer à ce stade quelle coalition va s’installer au pouvoir et qui succédera à Angela Merkel.  Les deux partis revendiquent la possibilité de diriger une coalition. Mais le soutien des Verts et des Libéraux leur sera nécessaire.

Les élections législatives allemandes qui se sont tenues ce dimanche ont dégagé un vainqueur, mais deux prétendants à la succession de la chancelière Angela Merkel. Selon les résultats préliminaires officiels publiés tôt lundi matin, les sociaux-démocrates du SPD et les chrétiens-démocrates de la CDU/CSU, arrivent dans un mouchoir de poche avec un léger avantage pour le SPD.

Le parti social-démocrate emmené par le ministre des Finances et vice-chancelier, Olaf Scholz, a remporté 25,7% des suffrages. Il devance d’une courte tête l’Union chrétienne-démocrate dirigé par Armin Laschet (24,1%). Les Verts, qui ont un temps rêvé de la chancellerie, en sont loin, malgré leur progression à 14,8%, tandis que le FDP (libéraux) est à 11,5%, l’AfD (extrême droite) à 10,3% et Die Linke (gauche radicale) à 4,9%.

Bien qu’il affiche une légère avance sur les conservateurs dirigés par Armin Laschet, le ministre des finances et vice-chancelier d’Angela Merkel, Olaf Scholz, en bonne position pour négocier le premier une coalition, n’est pas assuré de succéder à Angela Merkel. “Scholz bat Laschet mais il est encore loin d’être chancelier“, titre d’ailleurs ce lundi le quotidien allemand Bild.

Bien que proches, les résultats du SPD et de la CDU/CSU n’ont pas la même signification politique. Pour les premiers ces 25,7 % sont un vrai succès par rapport au scrutin de 2017, où ils n’avaient obtenu que 20,5 % des suffrages. Pour les seconds, en revanche, ces 24,1 % sont une véritable déroute. Les conservateurs accusent en effet une baisse de 9 points par rapport à 2017 et même de 17 points par rapport à 2013,

Les Verts et le FDP faiseurs de rois

Bien que le SPD ait remporté le vote électoral avec une marge de 1,6 % et que Olaf Scholz ait annoncé qu’il entamerait des pourparlers de coalition avec les Verts et le FDP, Armin Laschet a également assuré dimanche soir qu’il entamerait des négociations exploratoires avec les deux partis. “Nous ferons tout ce que nous pouvons pour construire un gouvernement dirigé par l’Union“, a indiqué le candidat des conservateurs, tout en prenant acte d’un “résultat qui n’a rien de satisfaisant“.

Laschet espère que le FDP qui a obtenu 11,5 % des voix  jouera une nouvelle fois le jeu de l’alliance, mais cette fois en faveur de la CDU-CSU. Reste que le soutien du FDP ne suffira pas. Pour la première fois depuis 1949, ce ne sont pas deux mais trois partis qui seront nécessaires à la formation d’une coalition gouvernementale.

Olaf Scholz et Armin Laschet se trouvent en effet dans la même situation : pour espérer diriger le prochain gouvernement, les deux hommes ont besoin des Verts et du FPD. Même si au terme d’une campagne décevante, les premiers décrochent 14,8% des suffrages et 11,4% pour les seconds, tous deux apparaissent dans le rôle de faiseurs de rois.

Se sachant indispensables à la constitution d’une majorité, les libéraux et les écologistes se sont fait un malin plaisir, dimanche soir, à afficher leur complicité. “Peut-être serait-il souhaitable que les partis qui ont fait campagne contre le statu quo de la grande coalition (CDU-CSU et SPD), autrement dit les Verts et le FDP, commencent à se parler afin de voir ce qu’ils pourraient construire ensemble“, a ainsi lancé Christian Lindner lors du débat télévisé qui a réuni les candidats des grands partis, dimanche soir.

Les principales coalitions possibles

Si les projections sont confirmées par les résultats des élections, la constitution d’une nouvelle coalition s’avérera probablement un processus ardu, car aucun des deux plus grands partis, SPD et CDU, ne peut se vanter d’un mandat clair. La seule question est : vont-ils s’unir au centre-droit ou au centre-gauche ? Pendant la campagne, le FDP a clairement indiqué qu’il préférerait rejoindre une coalition dirigée par les conservateurs, même si la CDU-CSU se classait deuxième, tandis que les Verts se sont dits favorables à une alliance avec les sociaux-démocrates. Tant le SPD que les conservateurs ont toutefois déclaré qu’ils ne voulaient pas renouveler leur coalition actuelle, qui gouverne l’Allemagne depuis huit ans.

En Allemagne, on désigne les différentes options de coalition par des couleurs qui reprennent celles des drapeaux de chaque parti : noir pour les conservateurs de la CDU-CSU, rouge pour les sociaux-démocrates du SPD, jaune pour les libéraux du FDP, vert pour les écologistes Die Grünen et rouge foncé pour la gauche radicale de Die Linke.

 

La coalition “feux de circulation“

Parmi les scénarios, la coalition tricolore ou dite “des feux de circulation“. Elle serait composée du SPD (rouge), de Die Grünen (vert) et du FDP (jaune). C’est le scénario privilégié par les électeurs, selon un récent sondage. Une telle alliance signerait le grand retour au pouvoir du FDP, absent depuis 2013.

La coalition jamaïcaine

Autre option : la coalition jamaïcaine. Elle serait composée de la CDU/CSU (noir), de Die Grünen (vert) et du FDP (jaune). En 2017, la CDU-CSU et le FDP n’étaient pas arrivés à se mettre d’accord, en dépit d’un ancrage commun à droite, après des semaines de tractations.

La coalition kenyane

Elle consisterait en une alliance de la CDU/CSU (noir), du SPD (rouge) et de Die Grünen (vert). Une telle coalition serait proche de la “GroKo“, la grande coalition au pouvoir depuis 2013,  avec les écologistes en plus.

La grande coalition

Elle serait composée du SPD (rouge) et de la CDU/CSU (noir). Mais une réédition de la grande coalition sous la direction du SPD est considérée comme hautement improbable, puisque les deux partis ont déclaré qu’ils ne voulaient pas partager le pouvoir entre eux cette fois.

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